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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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peaux d'oiseaux; les plumes de cormoran avaient toujours la riche senteur de l'huile employée pour adoucir les peaux.
    — Regardez-moi, avait envie de crier Chagak aux esprits de la grande montagne Aka qui veillaient sur leur village. Cette fille est une femme maintenant et certainement, pour son bonheur, vous allez ramener les chasseurs de la mer. Sûrement vous n'allez pas nous laisser devenir un village de femmes et d'enfants.
    Mais seuls les hommes pouvaient faire appel aux esprits. C'est pourquoi la jeune fille se contenta d'étendre les bras et retint les mots qui se pressaient sur ses lèvres.
    Un vent souffla de la mer, apportant une senteur de poisson et une fraîcheur qui poussa Chagak à rentrer ses longs cheveux sous le bord du haut col de son suk. Celui-ci dépassait ses genoux de sorte que lorsqu'elle se baissait, il était assez long pour toucher le sol et garder ses pieds nus au chaud. Elle remonta ses mains à l'intérieur des manches et scruta la ligne grise et blanche entre le ciel et la mer à l'endroit où les points noirs des ikyan 1 se distingueraient en premier.
    C'était l'été, mais, même en cette saison, le ciel était habituellement gris, l'air brumeux et lourd, empreint de cette buée s'élevant de la mer. Ce vent qui gardait les hivers chauds — avec la pluie aussi fréquente que la neige — rendait aussi les étés frais. Et il ne s'arrêtait jamais, jamais de souffler.
    Chagak ouvrit la bouche et laissa le vent gonfler ses joues. L'imaginait-elle ou y avait-il un goût de lion de mer dans cette bouffée de vent ? Elle ferma les yeux et avala. Oui, il avait un goût de lion de mer, pensa-t-elle, et pourquoi y aurait-il eu des lions de mer aussi près de l'île du Premier Homme? A nouveau elle remplit sa bouche de vent. Oui, oui, elle avait bien ce goût dans la bouche. Peut-être que les chasseurs revenaient avec les lions de mer qu'ils avaient attrapés au cours de leur chasse. Cependant Chagak n'appela pas sa mère. Pourquoi éveiller des espoirs quand ce n'était peut-être que le tour d'un esprit malin faisant goûter à Chagak ce qui n'était pas là?
    Elle surveilla l'horizon en gardant les yeux grands ouverts jusqu'à ce que le vent les remplisse de larmes. Elle essuya l'humidité de ses joues avec sa manche et au moment où la douceur des plumes de cormoran frôla sa peau elle aperçut le premier ikyak, une fine ligne noire sur la ligne blanche de la mer. Puis un autre et un autre encore.
    Chagak appela sa mère à travers l'ouverture carrée, à la fois entrée et trou pour la fumée, qui était creusée à travers le toit d'herbe et les chevrons en bois de l'ulaq.
    — Ils arrivent ! Ils arrivent !
    Au moment où sa mère surgissait de l'ulaq, d'autres femmes émergeaient de l'intérieur sombre d'autres ulas 2 . Elles clignaient des yeux et les abritaient de la lumière du jour.
    Ces femmes attendaient en silence mais Chagak entendit le doux murmure de sa mère qui comptait les embarcations. Dix ikyan étaient partis. Dix revenaient.
    L'une des femmes entonna un chant d'action de grâces à la mer et en l'honneur des chasseurs. De jeunes garçons et de vieux hommes se pres-saient de descendre des falaises et des ulas pour aller aider les chasseurs à tirer leurs ikyan à terre.
    Les femmes suivirent, en chantant toujours. Étant la plus jeune parmi ces femmes, Chagak se tint derrière le groupe mais qui devant les petites filles.
    Les lions de mer étaient attachés à l'arrière des deux premiers ikyan : les animaux étaient presque aussi longs que les embarcations.
    Parmi les chasseurs : Soleil Rouge, l'oncle de Chagak, et Traqueur de Phoques, l'un des plus jeunes chasseurs du village, mais qui déjà au cours de l'été avait rapporté six phoques et maintenant un lion de mer.
    Quand son ikyak fut dans les eaux peu profondes, Traqueur de Phoques sauta et commença à tirer l'animal à terre, avant de couper la ligne qui le retenait à l'embarcation.
    Chagak s'efforça de regarder les autres chasseurs afin que son chant fût autant pour son oncle que pour Traqueur de Phoques, mais il semblait que quelque chose la forçât à regarder le jeune homme et à deux reprises, tandis qu'il aidait à ramener l'animal sur la pente couverte de galets, le regard de Traqueur de Phoques rencontra celui de Chagak et chaque fois, bien qu'elle continuât à chanter, un frisson la secoua comme si le lion de mer n'avait été ramené qu'en son honneur.
    La mère de Traqueur de Phoques

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