Marcel Tessier racontre notre histoire
accompagne le gouverneur dans toutes ses missions et est présent lors de la fondation de Montréal en 1642. À son retour à Québec le 20 août, il doit se défendre avec ses compagnons contre 200 Iroquois qui les attaquent. En 1644, il est envoyé à Trois-Rivières comme commis en chef de la Compagnie des Cent-Associés. La colonie de Trois-Rivières avait été fondée en 1634 par le sieur de Laviolette et est alors devenue le poste d’échange des fourrures le plus important après Québec. Ce poste de traite, situé dans un endroit stratégique, donne à la Compagnie des Cent-Associés le premier choix sur toutes les fourrures apportées par les Amérindiens amis. Mais rapidement, ce lieu important devient un endroit convoité par les Iroquois, qui désirent prendre le contrôle des fourrures, jusque-là entre les mains des Hurons et des Algonquins. Cette guerre rejoint Trois-Rivières en 1644.
C’est durant ces temps agités que Pierre Boucher devient un héros. Il est nommé commandant du fort en 1651. Il s’emploie dès lors à renforcer les fortifications et invite tous les habitants à s’armer et à se défendre contre les ennemis. En 1652, le gouverneur Kerdobot-Duplessis est tué avec 19 hommes dans une embuscade. Boucher le remplace. En 1653, 600 Iroquois attaquent en force le poste de traite. Les assauts sont répétés. Après six mois de siège marqués d’une multitude de combats, Boucher défend le fort avec seulement 46 hommes et force l’ennemi à battre en retraite. Le gouverneur Jean de Lauson dira plus tard: «Si Trois-Rivières était tombée aux mains des Iroquois, Québec et toute la Nouvelle-France auraient été perdues. Cette colonie est si pauvre qu’on ne peut même pas payer ses officiers.» Lauson nomme Boucher gouverneur de Trois-Rivières et lui donne, en récompense de ses exploits, une terre située en bordure du lac Saint-Pierre, près de la rivière Yamachiche, une propriété que Boucher nomme Grobois. Un peu plus tard, il reçoit de la Compagnie des Cent-Associés, avec l’autorisation du gouverneur, une île de 45 acres à l’embouchure du Saint-Maurice ainsi que, des Jésuites, 400 acres situées à Cap-de-la-Madeleine. Il donnera à cette terre le nom de fief Sainte-Marie et y bâtira une petite chapelle en bois. Cinquante ans plus tard, cet édifice fera place à une belle église en pierre – l’actuel vieux sanctuaire de Notre-Dame-du-Cap.
En 1657, il est nommé membre du Conseil souverain et, en 1661, il est anobli par le roi de France. Il est le premier habitant du Canada à recevoir cet honneur. La même année, d’Avaugour remplace Lauson comme gouverneur. Inquiet de l’état de la colonie, il décide de déléguer Pierre Boucher, l’homme le plus prestigieux, pour aller en France entretenir le roi des malheurs de sa colonie. À l’automne 1661, Boucher débarque à La Rochelle. La France est en pleine Restauration – Louis XIV a 23 ans; Mazarin, son premier ministre, est mort; Fouquet, celui qui doit le remplacer, est arrêté et emprisonné pour ses crimes financiers et Colbert est appelé à redorer le blason de la France. Boucher est donc reçu par le roi. Celui-ci est surpris de ce qu’il entend au sujet de sa colonie. Il ordonne des mesures d’urgence. Deux vaisseaux sont accordés à Boucher pour le transport de 100 soldats et de tous les colons qu’il pourra recruter. Le roi promet aussi d’envoyer le plus tôt possible un contingent militaire et un commissaire royal pour étudier sur place ce qu’on doit faire pour assurer la survie de la colonie.
Le retour est difficile. Les volontaires sont peu nombreux et ils affrontent une mer déchaînée durant quatre mois. Trente hommes meurent de maladie ou d’empoisonnement. Le convoi arrive finalement à destination en août 1662. Le gouverneur donne à Boucher un autre fief sur les bords du lac Saint-Pierre. L’année suivante, il est nommé juge royal à Trois-Rivières. L’intervention de Boucher auprès du roi porte ses fruits. En 1665, Talon, Tracy et Courcelle, le nouveau gouverneur, débarquent en Nouvelle-France accompagnés du régiment de Carignan, composé de 1500 jeunes hommes entraînés.
Boucher a 45 ans. Il est marié à Jeanne Crevier, sa seconde épouse. Son premier mariage avait eu lieu à Québec le 8 avril 1649. Il avait épousé Marie Chrétien, une jeune Huronne élevée par les Ursulines qui était la sœur de Pachirini, un chef huron. Cette union n’avait
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