Marcel Tessier racontre notre histoire
grand dam de Trudeau.
LE RÉFÉRENDUM DE 1980
En novembre 1976, le Parti québécois prend le pouvoir en prônant la souveraineté-association. En mars 1980, la campagne référendaire débute. Le 14 mai 1980, au centre Paul-Sauvé de Montréal, le libéral fédéraliste Pierre Trudeau met solennellement en garde les Canadiens anglais: «Nous, députés du Québec, mettons notre tête sur le billot parce que nous recommandons aux Québécois de voter Non et nous disons à vous autres, des autres provinces, que nous n’acceptons pas que vous interprétiez un vote pour le Non comme l’indication que tout va bien et que tout peut demeurer comme avant.»
Le Non l’emporte. Le Parti québécois est réélu en avril 1981. Trudeau se lance dans une vaste offensive, avec l’intention d’agir seul s’il le faut, pour rapatrier de Londres la Constitution canadienne et y apporter les changements nécessaires. René Lévesque s’allie à un front commun de huit provinces qui s’opposent au rapatriement unilatéral. À l’automne 1981, la Cour suprême se prononce sur l’initiative de Trudeau: légale, mais illégitime.
LA NUIT DES LONGS COUTEAUX
Les premiers ministres des provinces établissent une stratégie dans le but de contrer le geste unilatéral de Pierre Trudeau. Lévesque renonce même à son droit de veto. Trudeau accepte de faire quelques concessions aux provinces de l’Ouest, qui n’ont alors plus intérêt à rester du côté du Québec, qu’elles laissent donc tomber. La première version du texte de l’entente est rédigée par Blakeney; puis Romanow, McMurty de l’Ontario et Jean Chrétien y ajoutent leur grain de sel. Le soir du 4 novembre 1981, la délégation du Québec retourne à son hôtel, à Hull. Dans la nuit, les neuf provinces anglophones s’entendent avec le gouvernement fédéral. Aucun des premiers ministres provinciaux n’a communiqué avec Lévesque pour l’inviter aux discussions. C’est ce qu’on a appelé la nuit des longs couteaux. Plus tard, le chef indépendantiste dira: «Le 5 novembre 1981, c’était un jour de rage et de honte. Nous étions trahis par des hommes qui n’avaient pas hésité à déchirer leur propre signature, en cachette, sans se donner au moins la peine de nous prévenir. Une fois de plus, le Québec est tout seul.»
Trudeau procédait ainsi à la plus importante modification de la Constitution depuis 1867. Il y ajoutait une Charte canadienne des droits et libertés, réduisant d’autant les pouvoirs de l’Assemblée nationale du Québec en matière de droits linguistiques dans le domaine de l’éducation, et établissait de nouvelles règles pour amender la Constitution. En effet, sept provinces, représentant 50% de la population, pouvaient désormais l’amender. Donc, le consentement du Québec ne se trouvait plus nécessaire. Cet ensemble de mesures communément désigné par l’expression «rapatriement de la Constitution» est voté par le Parlement de Londres. Les propositions convenues entre Trudeau et les neuf provinces anglophones du Canada sont officialisées.
BIBLIOGRAPHIE
BARBEAU, Raymond. Le Québec est-il une colonie?, Montréal, Les Éditions de l’Homme, 1962.
BÉDARD, DEMERS, FORTIN. Québec héritages et projets, Montréal, Éditions HRW ltée, 1984.
BÉLANGER, Réal. Wilfrid Laurier, quand la politique devient passion, Québec, Presses de l’Université Laval et Entreprises Radio-Canada, 1986.
BERGERON, Léandre. Petit manuel d’histoire du Québec, Montréal-Nord, VLB, 1979.
CACHAT, Gérard. À la recherche de mes racines, Outremont, Lidec inc., 1984.
CHALOULT, René. Mémoires politiques, Montréal, Éditions du Jour, 1969.
CHAMPAGNE, André. Le Québec contemporain, Montréal, Septentrion, Société Radio-Canada, 1995.
CHARBONNEAU, MARCHAND, SANSREGRET. Mon histoire, Montréal, Toronto, Guérin, 1985.
CHARPENTIER, DUROCHER, LAVILLE, LINTEAU. Nouvelle histoire du Québec et du Canada, Montréal, C.E.C., 1990.
CONWAY, John F. Des comptes à rendre, Montréal, VLB éditeur et John F. Conway, 1995.
COUILLARD DESPRÉS, Azarie. Louis Hébert, premier colon canadien et sa famille, Lille, Société Saint-Augustin, Desclée de Brouwer, 1913.
COURNOYER, Jean. La mémoire du Québec, Montréal, Éditions internationales Alain Stanké, 2001.
Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 et 2, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 1980.
DUHAMEL, Roger. Action nationale, mai-juin 1982.
FILTEAU, Gérard.
Weitere Kostenlose Bücher