Marcel Tessier racontre notre histoire
généralement cloîtrées. Pas question pour elles d’exercer leur mission à l’extérieur du couvent. Mais elles peuvent instruire des jeunes filles, réunies en congrégation, dans la religion et leur donner des leçons de pédagogie. Marguerite a toujours refusé d’entrer dans une congrégation, car elle ne voulait pas passer pour une sainte nitouche… Mais un jour, alors qu’elle participe à la procession du Rosaire, elle a comme une illumination. Sa vie est dès lors transformée… Rapidement, elle sollicite son entrée dans la société des Enfants de Marie. Sur le conseil de son confesseur, elle tente ensuite d’être acceptée chez les Carmélites, puis chez les Clarisses. On la refuse. La pauvre fille en ressent un immense chagrin.
UNE PLACE À MONTRÉAL
Sœur Louise de Chomedey, la sœur de Maisonneuve, dirige alors le couvent de Troyes. Ses religieuses, cloîtrées, rêvent d’établir une maison au Canada. Mais le fondateur de Montréal refuse leur offre: le moment n’est pas venu, dit-il, d’établir un cloître à Ville-Marie. Louise propose alors à son frère d’emmener avec lui Marguerite Bourgeoys, qui pourrait ouvrir une école et instruire les enfants. Et c’est ainsi que notre première maîtresse d’école arrive à Ville-Marie, le 16 novembre 1653. Voici un résumé – bien bref – des réalisations de Marguerite Bourgeoys en Nouvelle-France.
En attendant de pouvoir ouvrir une école, elle aide les malades et secourt les affligés. En 1657, elle organise une corvée pour la construction de la chapelle de Notre-Dame-de-Bon-Secours, la première église bâtie dans l’île de Montréal. Le 30 avril 1658, elle accueille ses premiers écoliers dans une étable. C’est la première école de Ville-Marie! Elle effectue trois voyages en France pour recruter de jeunes éducatrices qui l’aideront dans sa tâche. C’est aussi elle qui accueille les Filles du Roy dans la maison Saint-Gabriel, à Montréal. Elle fonde une école d’enseignement ménager, l’ouvroir de la Providence, à la Pointe Saint-Charles. Elle ouvre, à la Mission de la Montagne, une école destinée aux jeunes Amérindiens – sur le terrain de l’ancien Grand séminaire de Montréal. Ses religieuses vont ouvrir des écoles partout le long du Saint-Laurent. À l’âge de 70 ans, Marguerite se rend à pied de Montréal à Québec pour aller y fonder un hôpital! Après s’être battue contre M gr de Saint-Vallier, qui voulait annexer sa communauté, la Congrégation de Notre-Dame, à celle des Ursulines, elle réussit à le convaincre d’approuver les Règles de son Institut, ce qu’il fait le 25 juin 1698.
La «Marguerite du Canada», comme on l’a surnommée, meurt le 12 janvier 1700. Par la fondation de sa communauté, Marguerite Bourgeoys a innové d’une façon extraordinaire pour cette époque. Pour la première fois, en effet, une communauté de femmes est non cloîtrée. Ses filles prononcent des vœux, mais elles sont séculières, ce qui leur permet de partir, à cheval aussi bien qu’en canot ou à pied, enseigner le long des côtes du Saint-Laurent et de travailler pour survivre.
12 PIERRE BOUCHER
R arement dans notre histoire peut-on rencontrer un homme aussi extraordinaire que le gouverneur de Trois-Rivières et fondateur de Boucherville. Seigneur anobli par Louis XIV, ce grand colonisateur – tant par ses exploits que par sa descendance – a laissé sa marque dans l’histoire de ce pays.
Né en 1622 à Mortagne, en France, il est le fils de Gaspard Boucher, un paysan menuisier, et de Nicole Lemere. Pierre est l’aîné de huit enfants, dont trois meurent en bas âge. Outre Madeleine, ils sont tous baptisés à l’église Notre-Dame de Mortagne. En 1635, il arrive en Nouvelle-France. Il quitte la maison paternelle pour aller travailler comme «donné» chez les pères jésuites, à leur mission de Sainte-Marie, en Huronie. Durant quatre années, de 1637 à 1640, il vit avec les Amérindiens, apprend leur langue et leur façon de vivre. Les missionnaires prennent en main son éducation. Mais les Amérindiens de la mission, victimes d’une épidémie, accusent les nouveaux arrivés d’en être la cause. Les Français seront alors martyrisés, ce qui les obligera à quitter la mission.
De retour à Québec en 1641, Pierre devient soldat et interprète en chef du gouverneur Huault de Montmagny. Il est aussi agent de liaison entre les Français et les Amérindiens.
Il
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