Marcel Tessier racontre notre histoire
de bâtir un avenir de façon plus lucide et l’aidera à prendre position face aux enjeux politiques qui l’attendent.»
Marcel Tessier
1 LES ÉTAPES DE NOTRE HISTOIRE
P our bien comprendre notre histoire, il est nécessaire de commencer par identifier ses étapes. C’est une façon simple d’éclairer notre route. Ainsi nous pourrons suivre plus aisément le cheminement de notre peuple, mieux situer les événements, et reconnaître à leur passage les hommes et les femmes qui défileront au long de ces pages. Les historiens s’accordent pour diviser l’histoire du Québec en trois parties.
Première partie: le Régime français (de 1534 à 1760)
En 1534, au nom du roi de France, Jacques Cartier plante à Gaspé une croix qui symbolise la prise de possession du territoire. La France vient donc coloniser ce coin du monde. Elle y envoie des explorateurs qui entrent en contact avec les Amérindiens. Les nouveaux arrivants découvrent des terres immenses, des cours d’eau poissonneux et, à perte de vue, des forêts pleines d’animaux dont la fourrure devient rapidement la richesse première de la petite colonie, et le restera pendant tout le Régime français. C’est durant cette période que le peuple canadien va naître.
Tous ces Français qui viennent s’établir ici vont en effet fonder une nation. Champlain (le fondateur de la Nouvelle-France), Paul Chomedey de Maisonneuve, Jeanne Mance, Marguerite Bourgeoys, Lambert Closse, les Le Moyne, Jean Talon, Frontenac, Cavelier de La Salle, Joliette, De La Vérendrye et bien d’autres établissent les coutumes, la culture d’une nouvelle nation dont la patrie, la Nouvelle-France, s’étend de l’Acadie, à l’est, et des Rocheuses, à l’ouest, jusqu’à la Louisiane, au sud du Mississippi.
Deuxième partie: le Régime anglais (de 1760 à 1867)
En Europe, la France et l’Angleterre sont des ennemies acharnées. Entre elles, c’est une guerre après l’autre. Bientôt leurs colonies d’Amérique (car l’Angleterre possède elle aussi des colonies sur ce continent) se joignent à elles: c’est la guerre de Sept Ans. Les Anglais, déjà maîtres de l’Acadie, de la baie d’Hudson et de Terre-Neuve depuis le traité d’Utrecht en 1713, vont s’emparer de tout le reste de la Nouvelle-France en 1760. À partir de ce jour, la colonie devient anglaise et le peuple canadien-français, qui est ici chez lui, devra se battre pour survivre. C’est l’époque des Murray, Carleton et M gr Briand. Les constitutions vont se multiplier: la Proclamation royale, l’Acte de Québec, l’Acte constitutionnel de 1791. Au XIX e siècle, viennent Papineau, La Fontaine et M gr Bourget. Les Patriotes se soulèvent, ce qui amène au pays le fameux Lord Durham, chargé d’étudier la situation et de trouver des solutions. L’essentiel de son rapport propose d’assimiler les Canadiens français, pour leur propre bien, dit-il; et pour faciliter la chose, il suggère l’union du Haut et du Bas-Canada, c’est-à-dire l’Ontario et le Québec, sous un seul gouvernement: ce sera l’Acte d’Union de 1840.
Troisième partie: la Confédération (de 1867 à nos jours)
En 1867, il y a six colonies indépendantes sur le territoire de l’Amérique du Nord britannique: le Canada-Uni (Québec et Ontario), le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve. Les provinces maritimes parlent de faire bloc, ce qui faciliterait leur évolution économique. Le Canada-Uni va participer à ces négociations et, après trois conférences, une à Charlottetown en septembre 1864, une à Québec en octobre 1864 et finalement une à Londres en décembre 1866, on concrétise le projet par l’adoption, en 1867, de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique.
Comme on le sait, l’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve n’accepteront pas d’entrer dans ce nouveau pays; elles ne le feront que plus tard. Le Canada devient un dominion, c’est-à-dire un État du Royaume-Uni, ce qui lui confère un statut supérieur à celui d’une simple colonie, mais inférieur à celui d’un pays totalement indépendant.
Tirée de la Bible, sa devise est A mari usque ad mare (d’un océan à l’autre). Toutefois, le Canada n’aura pas de drapeau ni d’hymne national, puisqu’il n’est pas tout à fait un pays. Cette partie de notre histoire, au cours de laquelle deux peuples vont accepter de former une confédération, est riche en
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