Marcel Tessier racontre notre histoire
duré qu’un an, sa femme étant morte en couches. À 30 ans, après un veuvage de 18 mois, il avait épousé Jeanne Crevier, 16 ans, qui était née à Rouen en 1636. Aînée de plusieurs enfants, Jeanne est la fille de Christophe Crevier et de Jeanne Enard, arrivés en Nouvelle-France en 1639, qui s’étaient installés à Cap-de-la-Madeleine. Crevier a très vite réalisé que, pour faire vivre sa famille, il devait faire le commerce des fourrures. Comme il devait faire de nombreux voyages à Québec et en France, sa fille Jeanne a été confiée aux Ursulines de Québec, qui devaient voir à son éducation. En 1650, Crevier achète une maison sur la Grande-Allée, à Québec, et c’est là que, le 12 juillet 1652, sa fille signe son contrat de mariage. L’union sera bénie le 19 juillet suivant. Deux ans plus tard, Crevier vend sa propriété et retourne à Trois-Rivières. Jeanne a deux sœurs et cinq frères. Comme le père, les fils et les gendres se lancent dans le commerce des fourrures. Après la mort de Crevier, en 1666, sa femme continue la traite et est accusée de vendre de l’alcool aux Amérindiens.
C’est pour cette raison que Pierre Boucher, ne voulant pas être obligé de juger cette cause, démissionne de son poste de gouverneur de Trois-Rivières. Il se retire dans sa seigneurie de Boucherville. Il écrit dans ses mémoires: «Je me retire dans une place en ce pays consacrée à Dieu où, avec d’honnêtes personnes, je pourrai vivre en paix.» Au dire de Frontenac, il met sur pied la plus belle seigneurie du pays. La seigneurie des îles Percées, bientôt appelée Boucherville, animée par un seigneur noble et bon, accueille bientôt un manoir, une église, un couvent des sœurs de la congrégation de Notre-Dame. En 1673, 35 censitaires l’habitent. Le 19 avril 1717, âgé de 94 ans et 8 mois, Boucher meurt entouré de sa famille. Il laisse à ses descendants Mes dernières volontés, un trésor spirituel. Le père Léon Pouliot dit de lui: «C’est le Canadien le plus respectable et le plus grand de son époque.» Il a vécu 82 ans en Nouvelle-France, sous 3 rois, 13 gouverneurs et 7 intendants. Faut-il rappeler qu’il est aussi l’arrière-grand-père de Marguerite d’Youville, la première sainte née au Canada? Reconnaissant le rôle important joué par Jeanne Crevier, son épouse, les gens de Boucherville lui ont élevé un monument en 1992. Cette grande dame, qui a donné naissance à 15 enfants – 9 garçons et 6 filles – dont 2 couples de jumeaux, a toujours soutenu son mari. Elle est décédée en 1727, à l’âge de 91 ans.
Saviez-vous que…
Richard Dillon, ancien valet de Lord Dorchester, gouverneur général du Canada, est le premier anglophone à ouvrir un café à Montréal: le Dillon’s Coffee House, à l’angle sud-ouest de la place d’Armes et de la rue Saint-Jacques. Aujourd’hui, cet emplacement est occupé par la Banque Nationale.
13 MONSEIGNEUR FRANÇOIS-XAVIER DE MONTMORENCY-LAVAL
L ’Église a joué un rôle primordial dans la vie de la Nouvelle-France. Sans elle, notre peuple n’aurait pas pu survivre et résister à toutes les tempêtes qui l’ont assiégée. Grâce à l’Église, la langue, la culture, l’éducation et l’âme même des habitants de ce pays, bref toutes les pièces maîtresses qui assurent la structure profonde d’une société, sont restées bien vivantes. Les chefs spirituels ont ainsi forgé notre histoire, mais hélas! nous les oublions souvent. Par exemple, le nom de Laval est peut-être familier à tous les Québécois, mais peu connaissent le géant qui l’a porté. Il s’agit pourtant du tout premier évêque de la Nouvelle-France.
François-Xavier de Montmorency-Laval descend de familles illustres et très anciennes de France: les Laval et les Montmorency. Son choix comme premier évêque de la Nouvelle-France est dû aux Jésuites, qui l’avaient eu comme élève au Collège royal de La Flèche. Il est ordonné prêtre en mai 1647. Il arrive à Québec en juin 1659, avec le titre de vicaire apostolique de la Nouvelle-France et évêque de Pétrie. Il est directement rattaché au Saint-Siège.
ÉTIQUETTE ET PRÉSÉANCE
Comme il n’y a encore jamais eu d’évêque au pays, l’annonce de la venue d’un chef spirituel sème la zizanie à propos de la préséance. Dans l’église, jusqu’ici, le gouverneur trône au milieu du chœur, où son prie-Dieu occupe la place d’honneur. Doit-il rester à cette
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