Marcel Tessier racontre notre histoire
de 1835, il se séparera de Louis-Joseph Papineau, trop radical à ses yeux. En 1836, toujours comme son père, il sera nommé juge, par Lord Gosford. En remerciement?
ÉTIENNE PARENT
C’est en 1801, à la ferme paternelle de Beauport, près de Québec, qu’Étienne Parent voit le jour. Il fait ses études au collège de Nicolet et au Séminaire de Québec, puis retourne à la maison aider son père durant deux ans. On raconte qu’un jour, trop pauvre pour s’acheter un livre qu’il convoite, il le copie entièrement à la main. Attiré par le journalisme, il entre au service du journal Le Canadien dont il devient rédacteur en chef en 1822. Le journal disparaît en 1825. Parent entre en droit, puis est admis au Barreau. En 1832, il ressuscitera Le Canadien . Sa devise: «Nos institutions, notre langue, nos droits.»
À cette époque, les francophones du Bas-Canada sont sérieusement menacés dans leurs droits. En effet, on concocte en haut lieu un projet d’union des deux Canadas. Si cette décision était entérinée par Londres, les acquis de l’Acte constitutionnel seraient en danger. Parent s’élève contre ce qu’il appelle «un système parlementaire truqué». Effectivement, même si les Canadiens majoritaires votent des lois à l’Assemblée, le gouverneur, par son droit de veto, peut en tout temps empêcher une loi d’être adoptée, même si elle est jugée importante par les députés, pour le bien des Canadiens français. On doit s’accommoder d’un gouvernement non responsable. Les élus ne détiennent pas un vrai pouvoir. Ils n’ont de plus rien à dire concernant l’économie et les finances de la colonie.
AVEC, PUIS SANS PAPINEAU
En 1830, le Parti canadien a à sa tête Louis-Joseph Papineau. Étienne Parent monte dans le bateau. «C’est le sort du peuple canadien d’avoir non seulement à conserver la liberté civile, mais aussi à lutter pour son existence comme peuple.» Avec acharnement, il transmet l’actualité, il travaille à faire prendre conscience aux Canadiens français qu’ils forment un peuple et il demande justice pour ce peuple. Il devient le conseiller de Papineau et c’est à sa suggestion que Ludger Duvernay fondera la Société Saint-Jean-Baptiste.
Mais vers 1835, Étienne Parent prend une décision qui le marquera. Trouvant le Parti «patriote» et son chef, Papineau, trop révolutionnaires, il les abandonne et se range du côté des modérés. À Montréal, Duvernay, qui publie le journal La Minerve, renie Parent et son journal. Il devient son ennemi acharné.
On connaît la suite politique: les 92 Résolutions, la réponse de Russell et de l’Angleterre, la révolte des Patriotes, les soulèvements de 1837-1838. Au cours de ces années, Parent souffre. Il espère que son peuple va résister, mais refuse la violence: «Nous ne sommes pas prêts pour l’indépendance: prenons patience, faisons nos preuves, la législation reprendra son cours…» Déchiré, il est honni, et par les Patriotes, et par les amis du pouvoir qu’il ne cesse d’invectiver par ses écrits virulents contre le despote Colborne. On l’emprisonne. Dans son cachot, il continue son travail de journaliste, grâce à la complicité d’un gardien.
L’HOMME POLITIQUE
Une fois le cynique rapport Durham adopté et l’Acte d’Union des Canadas accepté, le rêve d’autonomie politique du peuple canadien-français se dissipe. Parent devient fataliste. Mais il s’acharne toujours à mettre le peuple en garde contre l’assimilation: «Nous demandons que la majorité qui va se trouver dans la législature unie traite la langue française comme la majorité française qui se trouvait dans la Chambre d’Assemblée du Bas-Canada sous l’ancienne constitution traitait la langue anglaise.»
L’Union instaurée, Papineau est remplacé par Louis-Hippolyte La Fontaine, qui invite Parent à se présenter comme député. Ce qu’il fait. Élu député de Saguenay le 6 avril 1841, il démissionne l’année suivante, atteint de surdité. Il continue de servir le gouvernement à différents postes importants tout en se consacrant à des travaux sur l’histoire, la sociologie et l’économie politique. Nommé sous-secrétaire d’État à Ottawa, il se retire en 1872 et meurt dans la capitale canadienne en 1874.
42 JACQUES VIGER
J ’ai commencé ma carrière de prof à la fin des années 1950, dans le quartier Saint-Henri, à Montréal. J’enseignais à l’école primaire
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