Marcel Tessier racontre notre histoire
par le vent au cours de sa vie, Duvernay va et vient tout au long de notre histoire. Typographe, imprimeur, journaliste, patriote, défenseur des droits de son peuple, il fonde une société qui lui survivra: la Société Saint-Jean-Baptiste, une association vouée à la défense des intérêts, de la langue et de la culture des Canadiens français.
SES PREMIERS PAS
Le petit patriote voit le jour à Verchères le 22 janvier 1799. Son père, Joseph Crevier dit Duvernay, et sa mère, Marie-Anne-Julie Rocbert de La Morandière, doivent accepter de le voir quitter la maison familiale à l’âge de 14 ans pour tenter sa chance à Montréal. Il frappe à la porte d’un journal célèbre à l’époque, Le Spectateur . L’imprimeur du journal, Charles-Bernard Pasteur, le reçoit avec chaleur et lui apprend le métier de typographe. Rapidement, Ludger devient un passionné de l’imprimerie et de la nouvelle. Quatre ans s’écoulent, puis notre Duvernay se lance lui-même dans l’aventure journalistique. Il a à peine 18 ans lorsqu’il fonde, en 1817, La Gazette de Trois-Rivières . À partir de ce moment, c’est la marche en avant. Il assure pendant quelques mois la publication d’un mensuel religieux, L’Ami de la religion et du roi, lance le journal Le Constitutionnel, puis L’Argus, dans lesquels ses propos deviennent de plus en plus violents envers l’oligarchie anglaise du Bas-Canada. Il habite toujours à Trois-Rivières où, pour joindre les deux bouts, il est inspecteur des ponts et chemins et chef des pompiers de la ville.
LE RETOUR À MONTRÉAL
C’est à Montréal que l’action se passe en 1827. Le Parti canadien de Papineau se bat sur tous les fronts. L’ennemi, en l’occurrence le Parti tory et les gouverneurs anglais successifs, attaque d’une façon haineuse le parti des Canadiens français. Ludger Duvernay décide de s’engager dans le combat. Il revient à Montréal au début de 1827 et achète le journal patriote La Minerve, fondé par Augustin-Norbert Morin quelques mois auparavant. Pour être assuré d’exercer une influence autant sur les anglophones que sur ses amis canadiens-français, il achète aussi un journal de langue anglaise, le Canadian Spectator, dont Jocelyn Waller est le rédacteur en chef. Celui-ci, soit dit en passant, partage les mêmes idées patriotiques que Duvernay.
Saviez-vous que…
Antoine Gérin-Lajoie est l’auteur de la chanson Un Canadien errant . En 1842, alors qu’il est étudiant au collège de Nicolet, il compose cette chanson à la mémoire des Patriotes déportés en Australie. Il a alors 18 ans. La chanson fut vite connue dans tout le Bas-Canada.
Malheureusement, leurs idées déplaisent à l’oligarchie. En 1828, nos deux rebelles sont arrêtés et emprisonnés. Pour Duvernay, il s’agit de la première de ses nombreuses incarcérations. En effet, il reverra la prison en 1832 et en 1836. Malgré ces avertissements et ces menaces, Duvernay persiste et continue son combat pour la démocratie et la liberté de son peuple. Il assume la responsabilité de tout ce que publient ses journaux.
LA FONDATION DE LA SOCIÉTÉ SAINT-JEAN-BAPTISTE
L’agitation politique est à son comble. Le Parti tory veut accélérer l’anglicisation du Bas-Canada par l’immigration intensive, un système d’écoles publiques anglaises et surtout par l’union des deux Canadas. Le but avoué: placer les Canadiens en minorité. Le Parti canadien s’oppose à l’immigration britannique et américaine ainsi qu’à la division des terres en lots carrés ( townships ) et refuse de voter des taxes qui ne servent pas les intérêts de la majorité. Il dénonce les tories qui occupent la majorité des postes de l’administration. De plus, il réclame le contrôle des finances, le gouvernement responsable, et surtout, il s’objecte fermement à l’union des deux Canadas. L’idée d’une organisation patriotique comme centre de ralliement des Patriotes commence à germer. Écoutons Benjamin Sulte nous expliquer le sens du mot «patriote»:
Étaient patriotes ceux qui demandaient des réformes dans le gouvernement de la province, à l’encontre du parti Tout-Puissant des bureaucrates qui ne voulaient rien céder de leurs privilèges. En d’autres termes, on réclamait des droits, tandis que ceux qui exerçaient le pouvoir par faveur spéciale se cramponnaient à leurs places et ne voulaient rien changer au mode d’administration qui s’était continué depuis la
Weitere Kostenlose Bücher