Marcel Tessier racontre notre histoire
l’activité politique et économique de la province de Québec durant toute cette période. Une rue et un réservoir municipal portant son nom nous rappellent sa mémoire.
39 LA GUERRE DE 1812
I l nous est difficile aujourd’hui d’imaginer que le Canada puisse être en guerre contre les États-Unis. Cependant, dans notre histoire, les Américains ont envahi le pays deux fois, espérant rallier les Canadiens à leur cause; en 1775, au moment de leur révolution, comme nous l’avons vu; et plus tard, en 1812, alors que Madison, président des États-Unis, déclare la guerre à l’Angleterre, et donc, au Canada.
UN BLOCUS CONTINENTAL
En 1803, l’Angleterre et la France sont de nouveau en guerre. Napoléon est au sommet de sa gloire. Les vieilles chicanes se réveillent et les Américains rêvent à nouveau de s’emparer du Canada. Napoléon décrète un blocus continental en réponse au blocus maritime de l’Angleterre. Par ces blocus, les deux ennemis se donnent la permission de visiter tous les bateaux. Dans le but de garder de bonnes relations avec les Américains, l’empereur des Français ménage les vaisseaux américains, contrairement aux Anglais qui mettent un surcroît de zèle à fouiller les navires de l’oncle Sam.
En 1807, le Léopard , un navire appartenant à l’Angleterre, arraisonne un bateau américain, le Chesapeake . Les Anglais prétextent devoir s’emparer de quatre déserteurs qui se cacheraient dans la frégate. Cette intrusion cause cependant la mort de trois matelots américains. L’incident échauffe l’opinion publique. Le président Jefferson fait voter un embargo sur le commerce venant de l’extérieur.
ÉLECTIONS AMÉRICAINES
Lors des élections de 1808, les Américains remplacent leurs dirigeants. Une équipe très nationaliste, dirigée par Madison, prend le pouvoir. Elle cherche à agrandir le territoire. Au sud, on pourrait annexer la Floride, qui appartient aux Espagnols, alliés de l’Angleterre; et au nord, bien sûr, le Saint-Laurent, voie d’eau très importante pour le commerce, est bien tentant. Déjà en 1803, on a acheté la Louisiane; on contrôle donc le Mississippi. Alors pourquoi ne pas foncer vers le Canada et punir ainsi l’Angleterre, cette ancienne mère patrie qui se permet, par toutes sortes de moyens, de violer la neutralité américaine?
C’EST LA GUERRE
Le 1 er juin 1812, le président Madison déclare la guerre à l’Angleterre. À cette époque, la population du Canada est de 500 000 habitants; celle des États-Unis est de 7 millions… Toutes proportions gardées, le Canada ne peut donc opposer qu’environ 12 000 hommes à 150 000 Américains. La victoire des États-Unis semble certaine, même si leurs soldats sont mal entraînés, faibles et indisciplinés.
Trois armées attaquent en 1812. Une à Detroit, une autre dans la région de Niagara. La troisième vise Montréal, via le lac Champlain. Comme en 1775, les Américains invitent les Canadiens à joindre leurs rangs, leur promettant «les avantages inestimables de la liberté». Peine perdue. À Detroit, le général Hull se rend au lieutenant-gouverneur Isaac Brock et le Michigan devient possession britannique. Au centre, les Américains s’emparent de Queenston mais, mollement dirigés par le général Alexander Smith, chef incapable et sans talent, ils rebroussent chemin. En apprenant la nouvelle, le général Dearborn, qui doit marcher vers Montréal, retourne aussi chez lui. Les Américains penauds n’ont rien gagné.
DEUXIÈME ATTAQUE
En 1813, ils récidivent. L’armée de l’Ouest reprend le territoire du Michigan, au centre, et remporte la victoire. En effet, York (Toronto), la capitale du Haut-Canada, est brûlée. Le Haut-Canada est perdu. Ils sont 20 000 Américains qui foncent vers Montréal. Mais, surprise! l’armée venant du lac Ontario est mise en pièces par les troupes de Harrisson. Une autre armée de 7000 hommes venant du lac Champlain et commandée par Hampton rencontre, à Châteauguay, Charles-Michel de Salaberry et ses 300 voltigeurs, aidés de 600 miliciens. Les tactiques du «Léonidas canadien» vont faire battre en retraite l’armée de Hampton après quatre heures de combat.
En 1814, une troisième attaque s’organise. Sans succès. Sur le Vieux continent, la défaite de Napoléon permet à l’Angleterre d’envoyer des troupes en Amérique. Elles marchent sur Washington et incendient le Capitole, mais sont repoussées à Baltimore. Le
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