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Marie Leszczynska

Marie Leszczynska

Titel: Marie Leszczynska Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Muratori-Philip
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roi désigne Madame de Boufflers comme future dame d’honneur de la reine et Mademoiselle de Clermont, soeur aînée de Monsieur le Duc, comme future surintendante. Afin de faciliter les ultimes négociations avec Stanislas, le duc de Bourbon décide de placer un homme de confiance auprès de lui. Ce conseiller extraordinaire lui communiquera toutes les directives de Versailles ; en retour, il fournira toutes les informations utiles sur le roi de Pologne et sa famille. Le choix du chevalier de Vauchoux n’étonne pas : il a la confiance de Stanislas et celle de l’entourage de Monsieur le Duc, à commencer par Madame de Prie ! Lorsqu’il arrive à Wissembourg, le 24 avril, l’émissaire sait qu’il doit dissuader le roi déchu de toute ambition politique envers la Pologne. Mais on ne s’improvise pas diplomate et le malheureux Vauchoux avoue au secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Fleuriau de Morville, que « trente-cinq années dans les troupes n’avaient pu me donner l’usage des négociations [4]  ». Le ministre lui adjoint aussitôt un jeune érudit de vingt-sept ans. Pas plus diplomate que Vauchoux, Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye vient d’être reçu membre associé de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Si son oeuvre reste encore à écrire, ce spécialiste de l’Antiquité se double d’un mondain fort apprécié dans les salons. Proche de Pâris-Duverney
, le jeune homme a été choisi sur les recommandations du financier pour occuper la double fonction de plume « occulte » du chevalier de Vauchoux et de secrétaire de Stanislas. Sous couvert de faciliter l’écriture de la langue française au roi de Pologne, il constitue surtout le pion discret qui permet à Monsieur le Duc et à Madame de Prie de surveiller de près la famille Leszczyński
.
    Consternation à Versailles comme à Paris
    Le dimanche 27 mai 1725, Louis XV choisit l’heure de son petit lever pour annoncer publiquement son prochain mariage : « Messieurs, j’épouse la princesse de Pologne [...] » Le duc de Gesvres, premier gentilhomme de la chambre, passe alors dans l’OEil-de-Boeuf pour répéter la nouvelle, la livrant en pâture aux commérages de la cour.
    De Versailles à Paris, l’annonce de ce mariage franco-polonais sème la consternation. Selon le gazetier Mathieu Marais, « la cour a été triste comme si on était venu dire que le roi était tombé en apoplexie. [...] Nous verrons les suites de ce mariage avec un roi qui n’est plus un roi, qui l’a été par une élection faite en conquête, qui cesse de l’être par la même conquête et qui est d’une nation tout à fait étrangère à la nôtre. Les coeurs des Français ne sont pas faits pour aimer des Polonais, qui sont les Gascons du Nord et qui sont des républicains. Quel intérêt pouvons-nous avoir avec de tels peuples » ?
    Pour l’avocat Barbier, ce mariage « ne convient, en effet, en aucune façon au roi de France, d’autant que la maison Leczynski (sic) n’est pas une des quatre grandes noblesses de Pologne. Cela fait de simples gentilshommes, et c’est une fortune étonnante pour cette princesse ».
    Le peuple, lui, glose sur son âge : vingt-deux ans, soit sept de plus que le roi. Et la rumeur en fait une sotte, laide, épileptique et scrofuleuse, tandis que l’on chantonne dans la capitale :
    « Par l’avis de Son Altesse
    Louis fait un beau lien ;
    Il épouse une princesse
    Qui ne lui apporte rien
    Que son mirliton. »
    Grinçant, Voltaire écrit à son amie, la marquise de Bernières : « Les noces de Louis XV font tort au pauvre Voltaire, on ne parle de payer aucune pension, ni même de les conserver. Mais en récompense on va créer un nouvel impôt pour avoir de quoi acheter des dentelles et des étoffes pour la demoiselle Lesinzka [5] . Ceci ressemble au mariage du soleil qui faisait murmurer les grenouilles. Il n’y a que trois jours que je suis à Versailles et je voudrais déjà en être dehors. »
    Peu importent les mécontents ; le duc de Bourbon vient de remporter une belle victoire sur les Orléans et active les préparatifs du mariage. Il écrit à Marie Leszczyńska : « Votre mariage avec le roi n’étant pas déclaré, je n’ai pas osé jusqu’à présent vous écrire et je me suis contenté de supplier le roi votre père de vous assurer du désir que j’avais de voir sur le trône de France une princesse dont les vertus retentissantes dans

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