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Marie Leszczynska

Marie Leszczynska

Titel: Marie Leszczynska Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Muratori-Philip
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l’engageant secrètement à lui confier sa fille afin de lui éviter les pièges de Versailles.
    L’étau se resserre déjà autour de la reine, à l’insu de son père qui se félicite de la bienveillance de ses protecteurs. En effet, Monsieur le Duc n’a pas lésiné puisque, dans les jours qui suivent, arrivent dix carrosses du roi attelés de huit chevaux, une douzaine de carrosses privés à six chevaux transportant les dames du palais ; et autant de fourgons pour les bagages. Quant aux équipages du Grand Commun, ils se composent d’une cinquantaine de carrosses, berlines, fourgons et chariots dévolus au service de bouche et à celui de la reine. Cet immense convoi aux couleurs chatoyantes, car tous les uniformes sont neufs, traverse les villes de l’Est sous les acclamations d’une foule joyeuse.
    Entre-temps, Marie, sa famille et sa petite cour ont quitté l’hôtel d’Andlau pour s’installer au palais du gouverneur. Le 5 août, le duc d’Antin [12] , accompagné du marquis de Beauvau, présente la demande officielle au roi et à la reine de Pologne. Stanislas répond avec emphase : « Monsieur, je suis très obligé au roi de France qui, non content de m’avoir donné un asile dans son royaume, me donna encore une place dans son coeur, dont je fais plus grand cas que la couronne brillante qu’il met sur la tête de ma fille. » Invitée à dire quelques mots à la suite de ses parents, Marie s’adresse simplement au représentant du Roi Très Chrétien : « Je prie le Seigneur que je fasse le bonheur du roi comme il fait le mien et que son choix produise la prospérité du royaume et réponde aux voeux de ses fidèles sujets. »
    Quatre jours plus tard, le Mercure de France annonce que « les princes et les princesses de la Maison royale se rendirent dans le cabinet du roi à Versailles pour la signature du contrat de mariage de S.M. avec la princesse Marie, fille du roi Stanislas ». Un contrat facile à établir puisque le malheureux roi Stanislas n’a pas les moyens de constituer une dot à sa fille, dont la seule richesse sera de porter l’avenir de la dynastie. En reconnaissance, elle recevra cinquante mille écus pour ses « bagues et joyaux », deux cent cinquante mille livres à son arrivée près du roi, un douaire annuel de vingt mille écus d’or en cas de veuvage, avec cent mille écus de pierreries ; quant aux dépenses de fonctionnement de sa maison, le contrat demeure muet sur le chiffre mais précise qu’il s’agit d’une « somme convenable ». Michel Tarlo,
qui signe le document au nom des Leszczyński, se gardera bien d’en discuter les termes fixés par les ministres de Louis XV.
    Reste à désigner le prince qui épousera Marie Leszczyńska au nom du roi. Louis XV souhaite donner tout son éclat aux cérémonies de Strasbourg en traitant le roi Stanislas en souverain. Pour respecter l’étiquette, il faut donc désigner un prince du sang. C’est le premier d’entre eux, le duc d’Orléans
, qui réclame cet honneur.
    15 août 1725 : reine de France
    Le soir du 14 août, au palais du Gouvernement, le cardinal-évêque de Rohan célèbre les fiançailles de Marie pendant que les illuminations embrasent Strasbourg. La ville est en liesse, livrée aux bals et festins. Le lendemain matin, toutes les églises sonnent à grandes volées et les canons de la place tonnent. Dans les rues tendues de guirlandes et d’oriflammes, les carrosses peinent à se frayer un passage au milieu de la foule. Les princes allemands et leur suite sont venus nombreux, « attirés par la curiosité », note Sainte-Palaye qui observe l’arrivée des invités dans la cathédrale. Tout ce monde a pris place dans les tribunes avant onze heures, selon un protocole réglé par le marquis de Dreux, grand maître des cérémonies du roi.
    Les Cent-Suisses et les gardes du corps forment la haie. À midi, le cardinal de Rohan et les chanoines-comtes de Strasbourg, entourés de tout le clergé de la ville, prennent place sous le porche de la cathédrale pour accueillir la reine. Marie s’avance, vêtue d’une robe de brocart d’argent, ornée de pierreries, de dentelles d’argent et semée de roses de soie. Elle pénètre dans la nef au son des tambours, des timbales et des trompettes des gardes du corps, pour une cérémonie qui s’annonce longue et grandiose. Précédée du marquis de Dreux, des ambassadeurs extraordinaires et de monseigneur le duc d’Orléans
vêtu

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