Marie
mots, chacun soupire. Les disciples protestent et gémissent. Claudia la
Romaine dit encore : La vérité, c’est que Pilatus mon époux a peur de
César. S’il se montre magnanime, à Rome on dira qu’il est un gouverneur à la
main faible et malhabile.
« Après
ces paroles, nous savons qu’il n’y aura pas de grâce. Chacun va dans ses larmes
et sa tristesse. Mariamne ma sœur de cœur me demande : Pourquoi tes yeux
demeurent-ils secs ? Tout le monde pleure, sauf toi.
« Qu’elle
se souvienne de ma réponse. Je lui dis : Les larmes, on les verse lorsque
tout est achevé. Pour ce qui est de Yechoua mon fils, rien n’est achevé. Et
moi, je suis peut-être bien la raison de ses tourments d’aujourd’hui. Mon cœur
me dit : Lacère ton visage et demande pardon au Seigneur. Ton fils va
mourir à cause de toi. Yechoua t’a dit : Mon temps n’est pas encore venu.
Toi, tu es passée outre. À Cana, je l’ai contraint à nous faire signe. Je l’ai
contraint à montrer la face du Tout-Puissant en lui. L’eau de Cana devenue vin
de Yhwh. J’ai eu l’orgueil de l’impatience. Voilà l’épée qui transperce
maintenant mon âme et me fait voir ma faute.
« À
Mariamne, je dis : Il n’est pas de nuit et d’heure du jour sans que je
prie le Seigneur Dieu de me châtier pour avoir voulu accélérer le temps. J’ai
voulu la délivrance ici et maintenant. Je suis comme le peuple, je veux la
lumière, l’amour des hommes, et je n’en peux plus du ciel fermé. Mais
qu’apportera la mort de Yechoua ? Sa parole n’a pas encore changé la face
du monde. Rome est toujours dans Jérusalem. Le vice est dans le Temple, il
règne sur le trône d’Israël. Rien n’est encore accompli. Pourtant, ce Yechoua,
ne l’ai-je pas enfanté pour qu’adviennent la lumière des jours à venir et la
libération du peuple d’Israël ?
« Que
Mariamne s’en souvienne, ce sont mes paroles : Je ferai ce que doit faire
une mère pour empêcher son fils de mourir dans le supplice de la croix. N’ai-je
pas empêché Hérode d’y faire périr mon père Joachim ? Je le ferai encore.
Dieu peut me punir. Pilatus peut me punir. J’ai commis une faute, je suis prête
pour le châtiment. Que l’on me crucifie à la place de mon fils. Que l’on cloue
mes mains et mes pieds.
« Mariamne
répond : Cela ne sera jamais. Tu ne pourras pas remplacer Yechoua dans le
supplice. Ici, les femmes n’ont aucun droit, pas même celui de mourir sur la
croix.
« Je
sais qu’elle a raison. Je vais vers Joseph d’Arimathie : Qui peut me venir
en aide ? Cette fois, je ne veux rien demander à Barrabas. Les disciples
de Yechoua le montrent du doigt. Il cache sa honte d’avoir été libéré à la
place de mon fils. Il souffre tant qu’il n’a plus assez de raison pour que je
m’appuie sur lui. Joseph me répond : L’aide, c’est moi qui vais te
l’apporter. Celui qui saura sauver ton fils, c’est moi. Dieu fera le jugement.
Si la volonté de tuer ton fils sur la croix appartient au Tout-Puissant,
Yechoua mourra. Si elle n’appartient qu’à Pilatus, alors Yechoua vivra.
« On
se réunit en tout petit nombre. Joseph d’Arimathie désigne ceux qui peuvent
être utiles sans trahir : Nicodème, le pharisien du sanhédrin, Claudia la
Romaine, les disciples esséniens accourus de Beth Zabdaï à sa demande […] [4]
« […]
dressée, ainsi que Claudia la Romaine l’a annoncé. A la gauche de sa croix,
l’homme au supplice est Gestas de Jéricho. Une pancarte dit qu’il a tué. A la
droite, l’homme est plus vieux de beaucoup. Son nom est Demas. Il est de
Galilée. Dessous, sa famille le pleure en criant qu’il n’est pas un larron mais
un aubergiste qui répand le bien autour de lui.
« Sur
la croix de Yechoua, il est écrit sur une planche : Yechoua, roi des
Juifs. En hébreu, en araméen, en grec et en langue de Rome : toutes les
langues d’Israël. Les Romains savent que le peuple de Jérusalem a nommé ainsi
Yechoua devant le Temple. Ils désirent humilier tous ceux qui ont cru en lui.
« Que
Mariamne se souvienne, nous, les femmes, les mercenaires nous maintiennent au
loin, la lance basse. Mariamne supplie et se met en colère. En vain. Même
Claudia, la femme de Pilatus, ils ne l’écoutent pas.
« Quand
le soleil est haut, les curieux viennent en nombre. Certains crient :
Est-ce là, sur ta croix, que tu vas remonter le Temple ? D’autres ont
pitié et se taisent.
« Arrivent
Joseph
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