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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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d’Arimathie et ses disciples de Beth Zabdaï. Ils vont sous la croix et
chassent ceux qui crient. Arrive Nicodème sur la chaise que portent ses
serviteurs. Le corps suspendu aux liens, Yechoua parle. Les paroles qu’il
prononce, nous, les femmes, nous ne pouvons les entendre. Je dis à
Mariamne : Regarde, il est vivant. Tant que ses lèvres bougent, je sais
qu’il est vivant. Et moi, de le voir ainsi, je suis comme morte.
    « Le
soleil est de plus en plus haut. La chaleur grandit, l’ombre n’est plus qu’un
fil. Arrive le centurion Longinius, celui dont Yechoua a sorti la fille de la
maladie, à Capharnaüm. Longinius fait un signe à Claudia. Il ignore Joseph
d’Arimathie et Nicodème. Il nous ignore, nous qui sommes tenus à l’écart. Il discute
avec les soldats au pied de la croix. Ils rient. Ce rire me transperce.
Longinius joue le rôle que lui a assigné Joseph d’Arimathie, mais ce rire, on
ne le supporte pas.
    « Mariamne
ma sœur de cœur s’écrie : Quelle honte ! Ce Romain dont la fille a été
sauvée par Yechoua, voilà qu’il se moque. Infamie sur lui ! Les
mercenaires la font taire. Qu’elle se souvienne et me pardonne. Moi qui sais,
je n’apaise pas sa douleur. Je me tais. C’est le prix à payer pour la vie de
mon fils.
    « Joseph
d’Arimathie montre Yechoua : La soif lui craquelle les lèvres. Nicodème
demande : Qu’on le fasse boire. Les disciples de Beth Zabdaï crient :
Il faut le désaltérer. Le centurion Longinius dit : C’est bon. Il donne
l’ordre aux mercenaires.
    « Un
soldat va pour tremper un linge dans une jarre. Longinius a prévenu :
elles sont remplies de vinaigre. Ainsi, Rome désaltère les condamnés en
ajoutant de la souffrance à la souffrance. Longinius arrête la main du
mercenaire. Il lui tend une autre jarre, que Nicodème a apportée dans son char
sans que quiconque s’en aperçoive. Longinius dit au soldat : Utilise
plutôt ce vinaigre-là. Il est plus fort. Il conviendra au roi de Juifs. Il rit
quand le soldat trempe le linge.
    « Mariamne
crie à mon côté. Les mercenaires nous repoussent durement. Je n’ai plus de
souffle. Je crains tout. De la pointe de sa lance, le mercenaire fourre le
linge dans la bouche de Yechoua. Je sais ce qui doit arriver, pourtant mon cœur
cesse de battre.
    « La
tête de Yechoua bascule sur sa poitrine. Ses yeux sont clos. On peut le croire
mort.
    « Mariamne
tombe sur le sol. Qu’elle me pardonne mon silence. Moi aussi, j’ignore si mon
fils est vivant ou mort. J’ignore la volonté du Tout-Puissant.
    « Le
grand nombre est attiré par nos cris et nos larmes. La foule se presse sous la
croix de Yechoua. On entend : Voilà le Nazaréen. Il est mort comme un
homme sans forces, celui qui devait être notre Messie. Même les larrons qui
l’entourent sont encore en vie.
    « La
fin du jour approche. Le lendemain est shabbat. Le grand nombre rentre en
ville. Le centurion Longinius annonce : Celui-ci est mort, inutile de
rester ici. Il s’éloigne sans se retourner. Les mercenaires le suivent.
    « Les
disciples de Beth Zabdaï font le cercle sous la croix et défendent qu’on
l’approche. Les autres se tiennent à distance.
    Ils prient
en pleurant. Et nous aussi, les femmes, on nous laisse. Je cours pour voir le
visage de mon fils. C’est un visage sans vie, brûlé par le soleil.
    « Joseph
dit à Nicodème : Il est temps. Allons chez Pilatus, vite. Claudia la Romaine
dit : Je vous conduis. Mariamne s’étonne à travers ses larmes :
Pourquoi aller chez le Romain ? Je réponds : Pour demander le corps
de mon fils afin qu’on lui fasse une sépulture digne. À mon visage, Mariamne
devine que je suis entre la terreur et la joie. Elle demande : Qu’y a-t-il
que l’on me cache ?
    « Alors
que les murs de Jérusalem sont rouges du crépuscule, Joseph et Nicodème ne sont
pas de retour. Arrive une cohorte de mercenaires. L’officier ordonne aux
soldats : Achevez les condamnés ! Avec une masse sur un long manche,
ils brisent les jambes, les côtes des larrons. Les disciples de Beth Zabdaï se
tiennent au pied de la croix de Yechoua, prêts à se battre. Nous sommes glacés
de peur.
    « L’officier
nous regarde. Il regarde mon fils. Il se moque : Celui-là est déjà mort.
Inutile de se fatiguer avec les masses. Quand même, par vice et par haine, un
soldat pointe sa lance. Le fer entre dans le corps de mon fils. Du sang coule.
De l’eau aussi. C’est un bon signe. Je le sais.

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