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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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de pas m’en faire, qu’on n’allait pas
m’accrocher tout de suite. Après, il m’a demandé depuis quand mon
« frère » était dans la forteresse, parce qu’on n’avait pas attaché
un homme sur les croix depuis quatre jours.
    Abdias
leva la main, les doigts écartés.
    — Fais
le compte : ton père est arrivé dans la forteresse avant-hier…
    Miryem
opina, prenant, sous les regards de tous, la main du garçon dans la sienne.
Elle sentit les doigts d’Abdias trembler entre les siens et ne les garda pas
longtemps.
    Barabbas,
d’une voix rogue, ajouta à l’attention de tous qu’il ne fallait pas compter
entrer dans le champ des supplices par la porte principale.
    — Elle
est tout juste assez large pour une mule. Une dizaine de mercenaires la gardent
en permanence, prêts à donner l’alarme et à la refermer avec un vantail bardé
de fer.
    — Qui
est fermé toute la nuit, pour ce que j’ai appris, ajouta un de ses compagnons.
    Par
ailleurs, la ville grouillait de légionnaires et sans doute d’espions. Il était
hors de question d’y trouver refuge. La traverser en groupe attirerait bien
trop l’attention, même sous leur apparence de pauvres marchands. Les gardes
étaient vigilants, et ce n’était pas un risque à prendre.
    Les mines
étaient préoccupées. Barabbas se moqua :
    — Faites
pas ces têtes, ça va être plus facile qu’on le pensait. Leur palissade s’arrête
au lac. Sur la berge, il n’y a rien, pas même des gardes.
    Des
protestations retentirent. Qui savait nager dans la bande ? Pas plus de
trois ou quatre. Et même, nager avec des pauvres gens qu’on venait de descendre
de la croix, sous le tir des archers romains, c’était du suicide… Il fallait
des bateaux. Et des bateaux, ils n’en avaient pas.
    — On
en aurait qu’on ne saurait même pas s’en servir ! Barabbas railla leur
pessimisme.
    — Vous
ne pensez pas plus loin que votre nez crasseux. Nous n’avons pas de bateaux.
Mais sur les rives du lac on croise tout ce qu’il faut de pêcheurs et de
barques. Nous, nous avons du grain, de la laine, des peaux. Et même quelques
beaux objets d’argent. De quoi les convaincre de nous aider.
    Avant la
nuit, l’affaire était conclue. Les pêcheurs des villages voisins de Tarichée
détestaient vivre si près de la forteresse et de son champ de douleur. La
réputation de la bande de Barabbas et le chargement des charrettes avaient fait
le reste.
    Discrètement,
la nuit suivante, les maisons sur les rives du lac étaient restées ouvertes. Le
lendemain, pendant qu’Abdias et ses camarades rôdaient encore près de la
forteresse, Barabbas avait mis au point sa stratégie, avec l’accord des
pêcheurs.
    Miryem,
elle, avait enduré des heures de cauchemar avant qu’Abdias ne la tire d’un
mauvais sommeil, deux heures après le lever du jour.
    — J’ai
vu ton père. Tu peux te rassurer : il marchait. C’était pas le cas de tous
les autres. Quinze d’un coup, ils ont mis en croix. Il en était.
    Un peu
plus tard, à l’attention de Barabbas, il avait ajouté :
    — Le
vieux mercenaire est mon copain. Il m’a laissé regarder autant que je voulais.
J’ai repéré tout de suite Joachim à cause de son crâne chauve et de sa tunique
de charpentier. Je l’ai pas quitté des yeux. Je sais exactement où il est. Même
dans la nuit noire je le retrouverai.
    Maintenant,
ils attendaient l’obscurité. La tension effaçait leur épuisement. Avant de
quitter la rive, Barabbas avait répété minutieusement son plan et s’était
assuré que chacun savait ce qu’il avait à faire. Miryem, malgré son angoisse,
ne doutait pas de leur détermination.
    Le soleil
ne paraissait plus qu’à quelques mains des collines surplombant Tarichée. Dans
le contre-jour, la forteresse dessinait une masse noire aux contours
tourmentés. Le crépuscule avalait un à un les verts des prés et des vergers.
Dans l’air immobile se diffusait une étrange lumière, sourde et bleutée,
pareille à une nuée. Bientôt, le champ des supplices lui-même allait
disparaître. Des bruits résonnaient à la surface du lac, venus de Tarichée et
comme projetés par les milliers d’étincelles où se dispersaient les reflets du
soleil.
    Miryem
enfonçait ses ongles dans ses paumes, songeant si fort au désespoir que devait
ressentir son père qu’elle crut le voir, priant Yhwh avec sa douceur
habituelle, alors qu’après la brûlure du jour fondait sur lui l’onde froide

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