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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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nouvelle
fois :
    — Ne
t’abandonne pas à la colère. Elle ne nous conduit pas au but.
    — Ce
n’est pas la colère qui m’habite, répliqua Miryem avec fermeté. Simplement, la
patience n’est plus sœur de la sagesse.
    — La
guerre ne nous aidera pas non plus, insista Joseph. Tu le sais.
    — Mais
qui parle de guerre ?
    Joseph la
considéra sans un mot, attendant qu’elle en dise davantage. Elle se contenta de
sourire. Elle voyait toute la fatigue qui l’accablait. Prise de remords, elle
s’inclina vers lui, lui baisa la joue avec une tendresse inaccoutumée qui le
fit frémir.
    — Je
te dois plus que je ne pourrai jamais te rendre, murmura-t-elle. Et je
t’abandonne alors que tu aurais besoin de moi pour affronter tous ceux qui vont
venir à toi dans les prochains jours.
    — Non,
ne te crois pas en dette envers moi, objecta Joseph avec chaleur. Ce que j’ai
pu te donner, tu me l’as déjà rendu sans même t’en rendre compte. Et il vaut
mieux que tu t’éloignes d’ici. Nous savons tous les deux que cette maison n’est
pas pour toi. Nous nous retrouverons avant peu, je n’en doute pas.
    *
    * *
    Le soir,
alors que les lampes étaient déjà allumées, Ruth vint près de Miryem et déclara
d’une voix ferme :
    — J’y
ai réfléchi. Si tu l’acceptes, je pars avec toi. Il est temps que je quitte
cette maison, moi aussi. Qui sait, je pourrais me rendre utile dans ta Galilée.
    — Tu
seras la bienvenue à Nazareth. J’ai une amie qui aura besoin de toi. Elle se
nomme Halva et c’est la meilleure des femmes. Elle n’est pas d’une santé bien
solide et déjà cinq enfants sont accrochés à sa tunique. Peut-être en a-t-elle
même un de plus aujourd’hui ? Ton aide la soulagera si je dois accompagner
mon père, qui est seul désormais.
    Le
lendemain, dans l’aube grise et toujours pluvieuse, Rekab fit sortir le char de
la maison de Beth Zabdaï. La foule, calmée, se tenait à l’écart. Pour la
première fois depuis des semaines elle se montrait patiente et ne prêtait
qu’une attention distraite aux fureurs d’un nouveau prophète annonçant que,
bientôt, les champs se mueraient en glace, puis en feu ruisselant de langues
empoisonnées.
    Joseph
accompagna Miryem jusqu’à la tombe d’Abdias. Elle tenait à lui dire adieu avant
de rejoindre Ruth et Mariamne. Elle s’agenouilla dans la boue. Joseph, qui
s’attendait à l’entendre prier, fut surpris de voir bouger ses lèvres sans
qu’aucun son n’en sorte. Quand elle se redressa, s’aidant de la main qu’il lui
tendait, elle murmura avec un contentement qu’elle ne pouvait pas
masquer :
    — Abdias
me parle toujours. Il vient vers moi et je le vois. Toujours comme dans un
rêve, alors que je ne dors pas et que mes yeux sont bien ouverts.
    — Et
que te dit-il ? demanda Joseph sans cacher son trouble.
    Miryem
rougit.
    — Qu’il
ne m’abandonne pas. Qu’il m’accompagne où je vais, et qu’il est toujours mon
petit époux.
     

16.
    Ils
arrivèrent en vue des toits de Nazareth. C’était deux jours avant le mois de
nisan. Le ciel possédait cette belle lumière annonciatrice du printemps qui
permettait d’oublier les aigreurs de l’hiver. Tout au long de la route depuis
Sepphoris, le soleil joua entre les futaies de cèdres et de mélèzes et, à
l’approche de Nazareth, il creusait des ombres pures sous les haies qui
bordaient le chemin. A Ruth et à Mariamne, qui ne connaissaient encore rien de
ces collines, Miryem montrait les chemins et les champs qui avaient connu ses
joies d’enfant. Elle était si impatiente de revoir son père, Halva et Yossef,
que la pensée de sa mère s’estompait dans ce bonheur.
    Quand ils
furent en vue de la maison de Yossef, elle n’y tint plus. Les mules fatiguées
tiraient le char trop lentement. Elle sauta sur le chemin et s’élança vers la
grande cour ombrée.
    Joachim
guettait sans doute son arrivée. Il fut le premier à apparaître et lui ouvrit
les bras. Ils s’enlacèrent, les larmes aux yeux, les lèvres tremblantes, joie
et tristesse se mêlant.
    Joachim
répétait sans fin :
    — Ah,
tu es là ! tu es là…
    Miryem lui
caressa la joue et la nuque. Elle remarqua ses rides plus creusées et le blanc
qui avait envahi sa chevelure.
    — Dès
que j’ai reçu ta lettre, je suis venue !
    — Mais
tes cheveux ? Qu’as-tu fait de tes beaux cheveux ? Que s’est-il passé
en chemin ? C’est si loin, pour une fille…
    Elle
désigna le char qui

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