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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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l’autre côté du mur.
    — Il
faut vite le faire entrer.
    — Et
comment ? Les frères ne vont certainement pas lui ouvrir la porte !
Si seulement on pouvait sortir de la maison…
    Mais
Miryem se précipitait déjà dans la cour principale. Elle tempêta si bien devant
les portiers que Gueouél apparut. Il refusa tout net l’ouverture des huis.
    — Tu
ne sais pas ce que tu dis, fille ! Entrouvre cette porte et le flot de la
folie nous submergera !
    La dispute
devint si véhémente qu’un frère courut chercher Joseph.
    — Rekab
est de l’autre côté ! s’écria Miryem pour seule explication.
    Joseph
comprit sur-le-champ.
    — Il
n’est sûrement pas venu pour rien. On ne peut le laisser dans ce froid et cette
pluie.
    — Ils
sont des centaines là, derrière, dans le froid et la pluie, et ça ne les
décourage pas pour autant, protesta aigrement Gueouél. Les malades s’en
trouvent même mieux, à ce qu’il paraît. Voilà peut-être le vrai miracle !
    — Cela
suffit, Gueouél ! gronda Joseph avec une autorité inhabituelle.
    L’effet en
fut d’autant plus saisissant. Chacun, transi, le visage ruisselant, se figea en
les observant, pareils à deux fauves prêts à s’écharper.
    — Nous
nous terrons ici comme des rats, reprit Joseph d’une voix coupante. Telle n’est
pas la vocation de cette maison. Cette clôture n’a pas de sens. Ou, si elle en
possède un, il est mauvais. Ne nous sommes-nous pas réunis en communauté pour
trouver la voie du Bien et apaiser la souffrance de ce monde ? Ne
sommes-nous pas des thérapeutes ?
    Ses joues
vibraient sous la colère. Son visage rougissait jusqu’au sommet de son crâne
chauve. Avant que Gueouél ou un autre frère ne riposte, il pointa l’index vers
les portiers. L’ordre claqua, sans réplique :
    — Ouvrez
cette porte. Ouvrez-la en grand.
    Dès que
les gonds grincèrent, le brouhaha qui régnait de l’autre côté cessa. Il y eut
un instant de stupeur. Les pieds dans la boue, le visage creusé par la fatigue,
ceux qui attendaient depuis des jours se figèrent, semblables à un
rassemblement de statues de glaise, ruisselantes et aux expressions ahuries.
    Puis un
cri jaillit, premier de dizaines d’autres. En un instant la confusion fut à son
comble. Hommes, femmes, enfants, vieux et jeunes, malades et valides, se
ruèrent dans la cour pour s’agenouiller aux pieds de Joseph d’Arimathie.
    Miryem vit
alors Rekab, debout dans le char, tenant fermement les rênes des mules
effrayées. Elle reconnut aussitôt la silhouette près de lui.
    — Mariamne !
    *
    * *
    — Tes
cheveux ! s’exclama Mariamne. Pourquoi les avoir coupés…
    Rekab, les
yeux brillants, contemplait Miryem, à la fois ému et ébahi, tandis que,
derrière eux, Joseph et les frères tentaient d’apaiser la foule, assurant sans
relâche qu’ils reprenaient les soins.
    — Comme
tu as maigri ! s’étonna Mariamne en serrant Miryem contre elle. Je sens
tes os à travers la tunique… Que se passe-t-il ici ? Ne te donnent-ils pas
à manger ?
    Miryem
rit. Elle les entraîna rapidement dans la cour des femmes, où Ruth les
attendait sous le préau, les sourcils froncés et les poings sur les hanches.
Elle fit un signe à Rekab, l’invitant à venir se restaurer dans la cuisine des
servantes.
    — Profites-en
avant que ces fous ne pillent nos réserves, bougonna-t-elle.
    Dans la
cour principale, la foule se calmait avec peine. La voix de Gueouél, relayée
par d’autres, réclamait sans douceur de l’ordre et de la patience.
    — Le
vrai miracle serait que Dieu mette un peu de bon sens dans la cervelle de tous
ces bonshommes, grogna Ruth. Mais la tâche doit être bien grande, car, depuis
Adam, l’Éternel hésite à s’y atteler !
    Elle
tourna brutalement les talons et pénétra dans la maison. Rekab, embarrassé, se
retourna vers Miryem. Elle lui fit signe de suivre la vieille servante sans se
soucier de ses humeurs.
    — Toi
aussi, tu veux sans doute te restaurer ? demanda-t-elle à Mariamne. Et
changer de tunique, après cette nuit sous la pluie. Viens donc te réchauffer…
    Mariamne
la suivit, mais n’accepta qu’un bol de bouillon chaud.
    — Le
char de voyage est assez confortable, on y oublie le froid et la pluie. En outre,
ma tunique est de laine. Raconte moi plutôt pourquoi tu t’es coupé les cheveux
de façon si vilaine et ce qu’il se passe dans cette maison. D’où viennent ces
gens qui s’agglutinent autour de Joseph ?

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