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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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approchait de la cour.
    — Non,
n’aie crainte. Je n’ai pas fait cette route sans compagnie.
    Il y eut
un moment de confusion car, à l’instant où elle lui présentait Rekab, Mariamne
et Ruth, sortant de la maison de Yossef apparut un couple d’âge mûr.
    Lui avait
la longue barbe des prêtres, les yeux intenses et un peu fixes, tandis qu’elle
était une petite femme ronde, gracieuse, d’environ quarante ans. Elle serrait
un nouveau-né contre sa poitrine, un bébé de quelques jours, tandis que,
derrière elle, dans son ombre, venait une marmaille pareille à une grappe de
petits visages. Miryem reconnut les enfants d’Halva : Yakov, Yossef,
Shimon, Libna et sa petite sœur.
    Elle les
appela, tendit les bras. Mais seule Libna s’approcha avec un sourire timide.
Miryem l’attrapa, la hissant dans ses bras en demandant aux autres :
    — Eh
quoi ? Vous ne me reconnaissez plus ? C’est moi, Miryem…
    Avant que
les enfants ne répondent, un peu brusquement, encore submergé par l’émotion de
ces retrouvailles, Joachim dit en désignant la femme ronde et le prêtre :
    — Voici
Zacharias, mon cousin chez qui nous étions avec ta pauvre mère, bénie soit sa
mémoire ! Et voici la douce Elichéba, son épouse. Elle tient dans les bras
Yehuda, le dernier-né de Yossef ! Que le Tout-Puissant le garde en Sa
sauvegarde…
    — Ah !
C’est ainsi ! s’exclama Miryem, rieuse. Toute malingre qu’elle soit, Halva
n’a pas pu s’empêcher de faire un autre enfant. Mais où est-elle ? Encore
couchée ? Et Yossef ?
    Il y eut
un bref silence. Joachim ouvrit la bouche sans prononcer un mot. Zacharias, le
prêtre, chercha le regard de son épouse, qui baisait avec ferveur le front du
bébé endormi.
    — Eh
bien, que se passe-t-il ? insista Miryem d’une voix moins assurée. Où
sont-ils ?
    — Je
suis ici.
    La voix de
Yossef la surprit, provenant de l’atelier derrière elle. Elle se retourna
vivement. Avec une exclamation de joie, elle déposa Libna au sol pour
l’accueillir entre ses bras. Puis elle remarqua ses yeux rouges alors qu’il
passait entre Ruth et Mariamne sans leur accorder d’attention.
    — Yossef !
balbutia-t-elle, la poitrine serrée, devinant déjà. Où est Halva ?
    Les
derniers pas, Yossef les fit en chancelant. Il agrippa Miryem par les épaules,
la serra contre lui pour étouffer les sanglots qui cognaient dans sa poitrine.
    — Yossef !
répéta Miryem.
    — Morte
en donnant naissance à l’enfant.
    — Oh
non !
    — Il
y a sept jours aujourd’hui.
    — Non !
Non ! Non !
    Les cris
de Miryem furent si violents que tous baissèrent la tête, comme s’ils
recevaient des coups.
    — Elle
était si heureuse à la pensée que tu allais arriver, murmura Yossef en hochant
la tête. Seigneur Tout-Puissant, comme elle s’en faisait une joie ! Elle
prononçait ton nom à tout bout de champ. « Miryem est comme ma sœur…
Miryem me manque… Miryem enfin de retour. » Et puis…
    — Non !
gronda Miryem en reculant, le visage levé vers le ciel. Oh, Dieu, non !
Pourquoi Halva ? Pourquoi ma mère ? Tu ne peux pas faire ça.
    Elle agita
les poings, se frappa le ventre comme pour arracher la douleur qui l’empoignait.
Puis, soudainement, elle cogna Yossef à la poitrine.
    — Et
toi ? Pourquoi lui as-tu fait cet enfant ? cria-t-elle. Tu savais
qu’elle n’était pas assez forte ! Tu le savais !
    Yossef ne
tenta même pas d’esquiver les coups. Il opina de la tête, les larmes roulant
jusqu’à ses lèvres. Mariamne et Ruth se précipitèrent d’un même mouvement pour
écarter Miryem, tandis que Zacharias et Joachim tiraient Yossef par les bras.
    — Allons !
Allons, fille, fit Zacharias, choqué.
    — Elle
a raison, marmonna Yossef. Ce qu’elle dit, je me le répète à chaque instant.
    Elichéba
avait reculé, protégeant les enfants de la colère de Miryem. Entre ses bras le
bébé s’était réveillé. Elle dit avec reproche :
    — Nul
n’est à blâmer. Tu sais qu’il en va ainsi pour les femmes plus souvent qu’à
leur tour. Telle est la décision de Dieu.
    — Non !
gronda encore Miryem en se dégageant des mains de Ruth. Ça n’a pas à être
ainsi ! Il n’est pas une mort à laquelle on doit s’accoutumer, surtout pas
celle d’une femme qui donne la vie !
    Cette fois,
le nourrisson se mit à pleurer. Elichéba, le berçant contre sa poitrine, alla
se réfugier sur le perron de la maison. Libna et Shimon pleuraient

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