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Marie

Marie

Titel: Marie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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baissèrent la tête en entendant ses paroles. Cette fois, ce n’était pas la
colère de Miryem qui les impressionnait, mais son assurance. Même Zacharias
inclina le front sans protester. Mais d’où tenait-elle cette force qu’ils lui
découvraient, ils auraient été bien en peine de l’expliquer.
    Ce
soir-là, aussitôt après avoir embrassé son père, Miryem alla rejoindre Yossef
dans l’atelier. Quand elle en franchit le seuil, il la regarda approcher avec
crainte.
    Elle vint
assez près de lui pour lui prendre les mains. Elle s’inclina.
    — Je
te demande de me pardonner. Je regrette mes paroles de tout à l’heure. Elles
étaient injustes. Je sais combien Halva aimait être ton épouse et combien elle
aimait enfanter.
    Yossef
secoua la tête, incapable de sortir un son. Miryem lui sourit avec douceur.
    — Mon
maître, Joseph d’Arimathie, m’a souvent reproché mes mouvements de colère. Il
avait raison.
    La
légèreté de son ton apaisa Yossef. Il reprit son souffle, s’essuya les yeux
avec un chiffon qui traînait sur l’établi.
    — Rien
de ce que tu as dit n’est faux. Nous savions, elle et moi, qu’une nouvelle
naissance pouvait la tuer. Pourquoi n’avons-nous pas su nous abstenir ?
    Le sourire
de Miryem s’accentua :
    — Pour
la meilleure des raisons, Yossef. Parce que vous vous aimiez. Et qu’il fallait
que cet amour engendre une vie aussi belle et aussi bonne que lui.
    Yossef
l’observa avec autant de stupeur que de reconnaissance, comme si cette idée ne
l’avait jamais effleuré.
    — Là-bas,
sur sa tombe, reprit Miryem, j’ai promis à Halva que je n’abandonnerai pas ses
enfants. A partir d’aujourd’hui, si tu le veux bien, je m’occuperai d’eux comme
s’ils étaient les miens.
    — Non !
Ce n’est pas une bonne décision. Tu es jeune, tu vas bientôt fonder ta propre
famille.
    — Ne
parle pas pour moi. Je sais ce que je dis et à quoi je m’engage.
    — Non,
répéta Yossef. Tu ne te rends pas compte. Quatre fils et deux filles !
Quel labeur ! Tu n’as pas l’habitude. Halva y a laissé sa santé. Je ne
veux pas que tu y ruines la tienne.
    — Que
de bêtises ! Compterais-tu te débrouiller seul ?
    — Elichéba
m’aide.
    — Elle
n’est plus en âge de le faire encore longtemps. Et elle n’a jamais été l’amie
d’Halva.
    — Plus
tard, quand il sera temps, je trouverai une veuve à Nazareth.
    — Si
c’est une épouse que tu veux, c’est autre chose, admit Miryem un peu sèchement.
Mais d’ici là, laisse-moi t’aider. Je ne suis pas seule : j’ai Ruth avec
moi. Elle abat la tâche de deux personnes et, avant de venir, je l’avais
prévenue que nous aiderions Halva.
    Cette
fois, Yossef s’inclina.
    — Oui,
admit-il en fermant les yeux sous l’effet de la timidité, elle aurait aimé que
tu prennes soin des enfants.
    Quand elle
l’apprit, Ruth approuva sans réserve la proposition de Miryem.
    — Aussi
longtemps que Yossef et toi le voudrez, je vous aiderai.
    Joachim
parut heureux, l’esprit allégé pour la première fois depuis des jours. Il
travaillait avec Yossef à l’atelier. A eux deux, ils engrangeraient assez de
travaux pour nourrir cette grande famille.
    — Ainsi
va la vie selon la volonté de Yhwh, marmonna sentencieusement Zacharias. Il
nous escorte entre la mort et la naissance pour nous rendre plus humbles et
plus justes.
    Cependant,
Joachim ne le laissa pas poursuivre sur ce ton. Mis en joie par la décision de
Miryem, il annonça :
    — Le
fait est que Zacharias a une bonne nouvelle à vous annoncer. Sa pudeur
l’empêchait de le faire en ces jours de deuil. Alors, c’est moi qui vous
l’apprend : en route pour Nazareth, Elichéba s’est découverte enceinte.
Qui l’eût cru ?
    — Ni
toi ni moi, répliqua plaisamment Elichéba. Oui, grosse d’un enfant, je le suis
par la volonté de Yhwh. Béni mille fois le Tout-Puissant qui S’est penché sur
moi ! À mon âge !
    Elichéba,
qui devait avoir le double de l’âge de Mariamne et Miryem, se montrait radieuse
et ne dissimulait pas sa fierté. Les jeunes filles la contemplèrent, ébahies.
    — Ça,
vous avez bien raison d’être étonnées. Qui l’aurait cru possible ?
    — Tout
est possible si Dieu étend la main sur nous. Loué, mille fois loué soit
l’Éternel !
    — Il
faut le croire : moi qu’on disait plus stérile qu’un champ de cailloux
pendant toutes ces années où une femme doit enfanter… Et voilà que cela

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