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Marin de Gascogne

Marin de Gascogne

Titel: Marin de Gascogne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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seul.  
    Une heure plus tard, le lougre était à un demi-mille. Deux pavillons montèrent à sa corne d’artimon. Ducasse était de service, télescope à l’œil.  
    — Un V et un W, capitaine.  
    — Ce doit être un signal de reconnaissance. Envoyez la marque des Etats-Unis.  
    Il y eut un instant de surprise, puis Ducasse se mit à fourrager dans le coffre aux pavillons. Ce fut Bernard qui lui indiqua la bannière étoilée et la fixa à la drisse. Elle se déploya au vent.  
    — Un R, dit Ducasse. Je crois que ça veut dire « Mettez en panne »…  
    — Vous croyez ? Eh bien, vous allez avoir confirmation !  
    Un geyser jaillit à une encablure devant la proue et, cinq secondes plus tard, arriva le grondement du canon.  
    — Biot, dit Lesbats, ferlez partout la voilure, mais préparez-vous à la larguer à mon commandement. Vous aurez soixante secondes pour nous remettre en route. Arrangez-vous pour que nous restions au vent de l’adversaire.  
    — Bien, capitaine.  
    L’Anglais aussi réduisait sa voile, mais plus lentement que la Belle de Lormont, si bien qu’à mesure que la distance diminuait entre les deux navires le Français se tenait par bâbord arrière de l’Anglais.  
    — Hazembat, dit Lesbats, va dire à M. O’Quin qu’il peut venir me rejoindre.  
    Le citoyen Coquin portait un tricorne de coupe américaine.  
    — A vous de jouer, monsieur O’Quin, dit Lesbats. Quand l’écart fut d’une encablure, un officier se pencha à la rambarde du lougre, un porte-voix à la bouche.  
    —  Who are you ?  
    — United States merchantman Belle, captain O’Quin, forty-one days out of Bordeaux, bound for Martinique, répondit O’Quin.  
    —  Stand by to be inspected !  
    —  Ils vont nous envoyer un canot pour nous inspecter, dit O’Quin à Lesbats.  
    La Belle de Lormont était presque immobile maintenant.  
    —  Make more sail and corne abreast ! cria l’officier.  
    — Ils veulent que nous venions à leur hauteur.  
    — Répondez « Compris ».  
    —  Acknowledged !  
    Le canot anglais était à la mer et un officier y descendait, accompagné d’une demi-douzaine de marines reconnaissables à leurs uniformes rouges.  
    — C’est le moment, dit Lesbats. Biot ! toute la voile ! Le Coadic ! la barre à tribord toute ! Roumégous ! feu à volonté dès que tu porteras ! Hazembat ! descends dire au lieutenant Barre qu’il fasse feu aussitôt après Roumégous !  
    En moins d’une minute, la voilure de la Belle de Lormont s’épanouit comme une immense fleur blanche et son beaupré pointa brusquement vers l’arrière du navire anglais. Hazembat eut à peine le temps de se rendre compte que les hommes de Roumégous avaient arraché le prélart pour révéler une énorme caronade. Il vit passer la galerie de poupe de l’Anglais si près qu’il put lire le nom peint en lettres d’or : Indefatigable. La caronade rugit, ébranlant tout le navire, et le gaillard d’arrière du lougre parut se désintégrer, les hommes fauchés comme blés en moisson.  
    — Des boulets enchaînés, commenta Lacaste en rencontrant la barre, à courte distance, ça ne pardonne pas.  
    Presque aussitôt, Barre lâcha sa bordée qui ouvrit une large brèche dans la coque de l’Anglais à hauteur de la ligne de flottaison. La Belle de Lormont longeait maintenant l’ Indefatigable par tribord à moins de cinquante pieds. Le pont était cou vert de morts et de blessés. Seuls quelques hommes tentaient encore de manœuvrer. Un groupe de marines embusqués derrière un rouf entretenaient un feu sporadique de mousqueterie. C’est à peine si l’on entendait les coups de feu, mais un gabier de grande hune poussa un cri et tomba à la mer. Fasciné, Bernard vit un officier anglais blessé qui pointait un pierrier vers la timonerie de la Belle de Lormont. La deuxième décharge de la caronade le réduisit en bouillie au moment où il venait de bouter le feu. Un gémissement strident déchira les oreilles de Bernard et un trou apparut dans la brigantine à moins de quinze pieds de sa tête. Les canons de Barre tiraient sans relâche. Des ébranlements sourds dans la coque indiquaient que d’autres canonniers anglais avaient réussi à faire feu, mais l’ Indefatigable était blessé à mort. Un à un, ses mâts s’abattirent et il commença à couler par l ’arrière.  
    Le canot chargé de marines qui, jusque-là, était resté caché par

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