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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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favorable pour questionner sa pupille.
    — Alice, es-tu sûre de toujours désirer ce
mariage ?
    — Plus que jamais, mon oncle, pourquoi cette
question ?
    Elle l’appelait toujours ainsi.
    — L’autre jour, j’ai parlé à l’abbesse de
Saint-Sauveur. Elle regrette beaucoup que tu ne sois pas entrée dans sa maison.
    — Ce n’est pas mon tempérament, mon oncle,
répliqua-t-elle froidement. Je n’ai aucun goût pour la vie monastique.
    — Tu aurais pu devenir abbesse, administrer
la communauté la plus riche de la ville.
    — Épouse de Raymond, j’administrerai le
château et le fief de Meyrargues, peut-être un jour la ville de Marseille
entière si Raymond parvient à racheter la part de mon père.
    — Peut-être, reconnut Fer avec fatalité. Tu
sais que, quelle que soit ta décision, je ne ferai rien qui te déplaise.
    Elle fronça son petit front et le considéra avec
un mélange d’inquiétude et de mécontentement.
    — J’en suis certaine, laissa-t-elle tomber.
    Hugues la quitta à la fois rassuré et contrarié.
Le recteur du Saint-Esprit aurait du mal à arriver à ses fins avec Alice, donc
c’est sur lui, son tuteur, que l’on exercerait des pressions. Cela allait
s’ajouter à ses autres soucis.
    Il se rendit ensuite chez Guillaume Vivaud qui
l’assura de pouvoir le rembourser sous une quinzaine.
    Sa galère n’était toujours pas rentrée.
    Guilhem entra dans Marseille par la porte de
l’Annone. Par prudence, à partir de Sallone, il avait revêtu son haubert et
s’était coiffé de sa cervelière. Il n’avait pourtant fait aucune rencontre
d’hommes en armes, sinon une petite troupe qui recherchait trois hommes avec
des chevaux de bât.
    Il ressentait une troublante impression à revenir
dans la ville où il était né, se souvenant des lieux sans vraiment les
reconnaître. Il venait d’avoir treize ans quand il était parti. Ses pensées le
ramenèrent à son père, tué par les Sarrasins, et à sa mère, morte d’épuisement
dans la tannerie des Mont Laurier. Le passé lui revenait par vagues tandis
qu’il passait devant les boutiques et les édifices qu’il avait fréquentés. Sans
s’en rendre compte, il murmura une courte prière.
    C’est alors qu’il aperçut la sombre ruelle menant
à sa maison et aux tanneries. Il réprima sa curiosité et se refusa à la
prendre. Le passé était mort. Il était le troubadour Guilhem d’Ussel et
auparavant il avait été capitaine de bandouillers. Il voulait oublier le reste.
D’ailleurs, pour l’instant, il devait trouver où passer la nuit. Il se
souvenait vaguement d’une auberge dans la rue du Grand-Puits, non loin de
l’église de Saint-Martin, et il prit la rue y conduisant.
    L’hôtellerie était toujours là, avec sa grande
écurie mitoyenne. Il demanda à un gamin de s’occuper de son cheval et entra
dans la salle basse, portant seulement sa cervelière, son épée et la boîte à
vielle.
    — Je n’ai pas de place, seigneur, lui dit
l’aubergiste, mais le chevalier anglais, attablé là-bas, acceptera peut-être de
partager sa chambre avec vous. Il a une grande salle rien que pour lui et ses
valets l’ont quitté.
    Guilhem se tourna dans la direction indiquée. Un
homme imberbe, aux traits durs et aux cheveux bruns et courts, était assis dans
un coin avec un pichet de vin. Il portait une cotte ajustée vert olive. Une
épée dans un fourreau de cuivre et de cuir, avec une large garde tressée de
tissu brodé, était posée devant lui. Un chevalier, avait dit
l’aubergiste ? Peut-être pas, car il y avait un grand arc en if contre le
mur derrière lui. Un arc anglais tel que Guilhem n’en avait jamais vu, tant il
était long et épais. Celui-là devait mesurer huit pieds avec une grosseur de quatre
doigts. Cet homme était donc un archer, un homme à pied. Il n’avait guère envie
de compagnie pour ce qu’il voulait faire, et encore moins d’un de ces archers
anglais toujours ivres. Devait-il chercher ailleurs ? Il y avait d’autres
auberges… Mais il était fatigué, et les autres hostelleries seraient sans doute
moins confortables et encore moins propres.
    Il s’avança en soupirant.
    — Mon nom est Guilhem d’Ussel, noble
chevalier. Je vais par les routes… Le cabaretier m’a dit que vous aviez une
grande chambre que vous accepteriez peut-être de partager avec moi.
    Locksley, on aura deviné que c’était lui, lui jeta
un regard sombre embué par l’alcool. Il ne voulait voir

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