Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
personne et faillit
répondre : « Va au diable ! » puis il se souvint qu’il
n’avait plus beaucoup d’argent. Partager sa chambre permettait de réduire ses
dépenses, sinon, dans peu de temps, il devrait quitter cette auberge pour un
bouge à marins.
    — Vous allez prendre la croix ?
s’enquit-il en regardant l’épée que tenait son interlocuteur.
    — Peut-être, je ne sais pas encore.
    — Asseyez-vous. Malgré mes malheurs, il me
reste du vin à boire. Mon nom est Locksley et je rentre de Palestine. Je
pourrais vous en parler.
    — Anglais ?
    — Saxon.
    Guilhem s’assit, posa son épée et sa boîte.
    — Chevalier ? demanda Locksley en
examinant les fines mailles du haubert de son interlocuteur.
    — Chevalier et troubadour. Ma vielle est dans
cette boîte. Et vous, archer ?
    — Non, comte de Huntington, répliqua Locksley
examinant les mains, puis le visage de celui qui l’avait abordé.
    Avec un imperceptible froncement de sourcils, il
observa le regard de ce troubadour à l’allure faussement nonchalante qui
balayait rapidement la salle du regard, comme s’il craignait d’être surpris.
    — Je ne crois pas que vous soyez
troubadour ! laissa-t-il tomber.
    — C’est votre arc ? demanda Guilhem en
ignorant la remarque.
    — C’est mon arc.
    — Je n’en ai jamais vu de cette taille.
    — C’est le seul.
    — Mais une arbalète est plus puissante… que
fait un chevalier avec un arc ? Un comte anglais, qui plus est…
    Volontairement, il ne termina pas sa phrase,
laissant percer une certaine incrédulité, tandis que l’aubergiste arrivait avec
un pot de vin qu’il déposa sur la table. Locksley servit son interlocuteur sans
mot dire.
    — Vous voulez le savoir ? demanda-t-il
enfin avec un sourire sans chaleur.
    — Pourquoi pas ?
    — Avez-vous déjà tiré à l’arc, l’ami ?
    — Non, mais j’ai connu des archers.
    — Des archers saxons ?
    — Anglais, gallois, normands…
    — Ah… Savez-vous quelle est la portée de cet
arc ?
    — Je dirais deux cents pieds… Si on arrive à
le bander !
    — Six cents.
    — Ça me paraît beaucoup, fit Guilhem avec une
moue dubitative.
    — Ça l’est. Vous voulez vérifier ?
    — Ma foi… Je ne suis pas sûr d’y parvenir,
dit Guilhem en riant. Vous ne m’avez pas répondu pour la chambre…
    — D’où venez-vous ?
    — Limousin… Auvergne, Toulouse… Où on
accueille un chevalier errant et un troubadour.
    — Savez-vous où est Richard Cœur de
Lion ?
    — Votre roi ? Il y a quelques mois,
j’étais à Toulouse et on m’a rapporté qu’il était en Aquitaine, il devait se
rendre dans le Limousin.
    — Je dois le rejoindre.
    — Vous n’allez pas rester ici, alors ?
    — Pour l’instant, si. Mon écuyer s’est enfui
avec mes bagages. J’attends un prêt pour m’équiper et rejoindre mon roi.
Aimez-vous parier ?
    — Pourquoi pas, si je peux gagner ? sourit
Guilhem.
    — Si j’envoie une flèche à six cents pieds,
c’est vous qui payez la chambre durant tout le temps où vous restez avec moi.
Sinon, je vous offre de la partager sans que cela vous coûte un denier.
    Guilhem haussa les sourcils. Personne ne pouvait
envoyer une flèche si loin.
    — Vous allez perdre, c’est stupide de votre
part.
    — Vous ne prenez donc aucun risque.
    — D’accord !
    Le Saxon se leva, prit le fourreau de son épée
qu’il glissa dans le large baudrier serré à sa taille, puis son arc et un carquois
posés sur un banc.
    — Où allons-nous ? demanda Guilhem.
    — Sur la rive du port. Laissez votre vielle
et votre bassinet à l’aubergiste. Il les gardera.
    Guilhem s’exécuta et ils sortirent. Ils gagnèrent
rapidement le port.
    — Êtes-vous déjà venu ici ? demanda
Locksley en voyant que son compagnon regardait attentivement autour de lui.
    Guilhem hésita à mentir. Mais ce Saxon lui
plaisait, et il n’avait pas besoin de le tromper.
    — Oui, je voyage beaucoup.
    — Connaissez-vous la tour au bout du
port ?
    — La tour de Malbert d’où part la
chaîne ?
    — C’est cela. Je tirerai du rempart sur
l’autre rive.
    Ils se frayèrent un chemin sur le quai de bois,
passant entre les marchandises, les charrettes, les marins et les animaux. À la
tour de Malbert, ils grimpèrent l’escalier menant au chemin de ronde.
    Une poignée d’arbalétriers génois se morfondaient
à monter la garde.
    Un sergent, en surcot de cuir avec une trousse de
carreaux à la

Weitere Kostenlose Bücher