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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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symptômes sont ceux d’un empoisonnement, a-t-il confirmé.
    — Je n’en crois rien ! dit Hugues.
Personne n’oserait, ici, et depuis que je bois du lait, rien n’a changé.
N’est-ce pas, père Basile ?
    — Les symptômes sont en effet toujours les
mêmes, fit gravement le prêtre. Une pesanteur autour de l’estomac, un
déchirement dans les entrailles, des démangeaisons dans le corps et du sang
dans les selles. Mais les maladies disparaissent souvent aussi rapidement
qu’elles sont venues. Il suffit de repos et de temps pour les vaincre.
    — Pourquoi continuer ce régime de
petit-lait ? s’insurgea Castillon. Il ne fait que t’affaiblir.
    — Le médecin le recommande, répliqua
froidement Baralle. Seul le lait ne peut être empoisonné quand il sort du pis
de la chèvre.
    Castillon la considéra en réprimant le frisson qui
le parcourait. Qu’elle était belle ! Ses rondeurs généreuses paraissaient
déborder de sa cotte. Sa taille souple invitait à toutes les passions. Son
visage sombre, ses yeux profonds, ses lèvres lourdes et ses cheveux bruns, à
peine dissimulés sous sa coiffe, la rendaient si désirable. Il eut un bref
souvenir de la violente étreinte qu’il avait eue avec la femme dans la tour de
Roncelin. Baralle lui ressemblait. Elle se défendrait sûrement de la même
façon, se dit-il en s’efforçant de cacher son désir. Son regard croisa le sien.
Il y devina le mépris mais aussi la peur et en ressentit un profond plaisir.
    — Nous avons fait un prisonnier, Hugues,
dit-il d’une voix égale.
    — Qui donc ?
    — Il vaut mieux que tu l’interroges. Il s’est
défendu et on a tué ses compagnons. Je t’apporte un joli butin.
    — Fais-le venir.
    Le repas eut lieu dans la pièce au-dessous et
réunit tous les chevaliers, leurs dames, les écuyers et les plus importants
serviteurs du châtelain, tandis que les gens d’armes et les domestiques
soupaient dans la grande salle à manger, à côté de la maison du four, au pied
du rempart oriental.
    Avant le souper, Castillon avait rencontré le père
Basile dans la minuscule chapelle érigée près des arcades de la cour. Basile
était le chapelain du château. C’est lui qui l’avait élevé.
    Le souper fut morose, sans jongleur ou troubadour
pour égayer les convives. Hugues des Baux était présent, mais son visage
amaigri et livide inquiétait tout le monde. Baralle resta silencieuse. Seul
Castillon parut de bonne humeur, racontant à ses voisins de tablée, les
chevaliers Martial d’Arsac, Foulque Chabrand, Raimbaud de Cavaillon et Arnaud
de Coutignac, son expédition, ses faits d’armes et la bataille avec le
prisonnier qu’il avait ramené. À la fin du repas, déjà ivre, il donna même
force détails truculents sur la femme qu’ils avaient violée, contraignant Sibille
de Coutignac et Dulceline de Cavaillon à se retirer. Puis ce fut le tour de
Basile et de Hugues, escorté par le géant Monteil.
    Baralle était partie depuis un moment, prétextant
une brusque fatigue. Une fois dans sa chambre, elle avait dit à sa servante de
l’attendre avant de retourner dans la chambre de son mari. Dans un coffret,
elle avait pris une clef et était allée ouvrir la pièce où se trouvait le
prisonnier au manteau pastel.
    Elle le trouva assis sur son lit de bois. Sur une
table se trouvaient les reliefs du repas qu’on lui avait porté. Du bouillon et
du pain de seigle.
    Il resta stupéfait en la voyant entrer.
    — Hugues va revenir, dit-elle, je n’ai que
peu de temps. Comment es-tu arrivé là ?
    Il le lui dit.
    — Es-tu marié ?
    — Je dois épouser la fille du roi d’Aragon.
(Il parut embarrassé.) Enfin… peut-être. Si un jour je reviens… Je ne crois pas
que ton mari me laissera en vie. (Il sourit tristement.) Et toi ? Es-tu
heureuse ?
    — Non, répondit Baralle d’une voix lasse.
    — Je n’ai pas peur de la mort, poursuivit-il,
songeur. Je suis las de cette vie où je ne suis qu’un instrument pour les uns
et les autres. Mais je m’inquiète pour toi… J’ai remarqué les regards que te
lançait Castillon.
    — Le porc ! cracha-t-elle. J’ai tout
fait pour que Hugues le chasse, mais il n’en a plus la force.
    — Qu’a ton mari ?
    — Il se meurt, et à sa mort son frère me
prendra comme épouse, ou comme esclave.
    On entendit des bruits et elle sortit, refermant
la porte à clef.
     

Chapitre 14
    D eux
jours plus tard, à son auberge, le Saxon Robert de Locksley reçut la

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