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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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quelle période Aurore a couché par terre ?
    — Après son retour de l’hôpital.
    — Elle n’avait pas de paillasse ?
    — Non, seulement un drap.
    — Juste au-dessus de la cuisine d’été, avec le tuyau du poêle traversant la pièce, il ne faisait pas très froid.
    Devant cette prétention, Gérard apporta une précision susceptible d’inquiéter à la fois la défense et la poursuite.
    — Oh ! Oui, c’était froid. Tellement qu’Aurore essayait de grimper dans le lit de Marie-Jeanne.
    — Que faisait Marie-Jeanne, alors?
    — Elle prenait des éclats de bois, ou des harts, pour la faire descendre. Une fois, elle a pris un gros bâton.
    L’avocat affecta la surprise. Le juge se pencha un peu vers le lit du malade pour demander :
    — Vous nous dites que Marie-Jeanne battait aussi Aurore ?
    Un nouveau hochement de la tête devint un « Oui » dans les notes du greffier.
    — Que faisait ta petite sœur, alors ?
    — Elle retournait dans son coin, par terre.
    D’un côté, l’adolescent absolvait sa demi-sœur du péché d’impureté, de l’autre, il en faisait une complice de la marâtre.
    — Tout à l’heure, tu disais avoir vu Marie-Jeanne brûler Aurore avec le tisonnier.
    — Oui, mais seulement quand maman disait être trop fatiguée pour continuer.
    Maintenant, Francœur noircissait l’accusée. Pour jouer de prudence, un seul autre sujet lui parut mériter d’être clarifié.
    — Le matin de la mort d’Aurore, ta maman l’a-t elle battue avec un manche de fourche ?
    — Je n’ai pas vu cela.
    Malgré la nuance, l’homme choisit de considérer la réponse comme une victoire.
    — Je n’ai plus de question, monsieur le juge.
    Le magistrat interrogea le représentant de la Couronne du regard, puis il conclut :
    — Tu as été bien courageux, mon garçon. Tu peux maintenant continuer de te reposer.
    Le juge marqua une pause, puis il ordonna aux agents de la paix :
    — Conduisez l’accusée au palais de justice pour la poursuite des procédures.
    — Monsieur Carbonneau, pleurnicha Marie-Anne Houde, je ne peux pas dire un mot à mon petit?
    Elle s’adressait ainsi au gouverneur de la prison, debout à ses côtés. Celui-ci contempla le juge.
    — L’accusée ne peut pas être en contact avec un témoin.
    Ramenez-la au tribunal.

    Le fonctionnaire la saisit au coude pour l’entrainer, toujours braillant, vers le fourgon cellulaire. Les jurés sortirent ensuite afin de
    regagner
    le
    tramway
    mis
    à
    leur disposition, le juge et le greffier leur emboîtèrent le pas.
    — Picard, montez-vous avec nous dans notre taxi ?
    demanda Fitzpatrick.
    Cela éviterait au substitut du procureur d’offrir les autre s places dans la voiture à l’équipe de la défense.
    — Oui, je vous rejoins dans un instant.
    Le jeune homme tira sur le pied du lit afin de le conduire dans le couloir, puis il le poussa ensuite jusque dans la chambre. Très vite, le docteur Dusseault vint l’aider.
    — Ai-je bien répondu ? interrogea le garçon.
    — Oui, très bien.
    — Les questions n’étaient pas très difficiles.
    — Oui, tu as raison.
    Ils échangèrent encore quelques mots, puis le jeune homme retrouva son patron sur le trottoir, debout à côté d’une Chevrolet. En montant, il remarqua:
    — Vous avez ménagé l’accusée. Je pensais que le sujet des excréments dans les vêtements du père permettait de dresser un portrait plus sombre encore de cette femme. Ce garçon pouvait nous donner un second récit de première main.
    — Mais aujourd’hui, j’aurais eu l’impression de travailler à la défense du père.
    Devant les yeux intrigués de son interlocuteur, Fitzpatrick éclata de rire.
    — Mon adversaire a ajouté le nom de Télesphore Gagnon à la liste de ses témoins, de même que ceux de trois médecins aliénistes. Comprenez-vous ce que cela signifie ?
    — ... Il va plaider la folie ?
    — Sans doute. Il ne peut plus obtenir l’acquittement de sa cliente. Les jurés partagent l’avis des badauds massés sur le trottoir, tout à l’heure : ils sont prêts à l’accrocher par le cou au premier lampadaire à leur portée. Il tentera de la faire passer pour folle.
    Avec un verdict d’innocence pour cause de folie, Marie-Anne Gagnon se verrait confinée à l’hôpital jusqu’à sa
    «guérison».
    — Vous évoquiez la défense du père...
    — Comme les mauvais traitements infligés par le mari paraissent avoir été la conséquence des manigances de sa femme, au sujet des

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