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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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hocha la tête, s’esquiva vers le salon. Le jeune homme quitta les lieux sans plus attendre. Pour rejoindre la rue Saint-Jean, il emprunta le chemin Saint-Louis, puis l’avenue Dufferin. Le docteur Jean Dusseault y dirigeait un petit hôpital privé.
    La rumeur courait plus vite que lui : des dizaines de curieux se massaient déjà sur les trottoirs, des deux côtés de la rue. Le jeune homme fendit la foule, trouva dans l’établissement deux infirmières un peu affolées.

    — J’imagine qu’il y a une salle assez grande pour y mettre le lit de Gérard Gagnon ? demanda-t-il d’entrée de jeu à la plus âgée.
    — Dans sa chambre...
    — Impossible ! Il faut de la place pour les douze jurés, les avocats de la défense et de la Couronne, le juge, le greffier...
    — Aucun local... commença-t-elle.
    Un homme d’une quarantaine d’années, grand et efflanqué, entrait justement dans le hall. Il en avait entendu assez pour demander :
    — Que vous faut-il, exactement ?
    — Docteur Dusseault? interrogea le stagiaire.
    — C’est moi.
    — Une pièce pouvant contenir le lit du malade, un fauteuil pour le juge, une chaise et une petite table pour le greffier. Tous les autres demeureront debout.
    D’un regard, le praticien signifia aux deux femmes de trouver tout cela. Pendant qu’elles s’esquivaient, il précisa :
    — Si vous devez sortir les chaises de la salle d’attente pour faire un peu plus de place, mettez-les dans le couloir.
    L’homme porta ses yeux vers la fenêtre ornant la porte d’entrée de la grande demeure bourgeoise. La foule des curieux semblait enfler sans cesse.
    — Mais ces gens-là..
    — Excepté quelques journalistes, le juge ne laissera entrer personne.
    Cette assurance le réconforta un peu.
    — Cette femme...
    — L’accusée sera là, bien sûr. C’est son droit d’entendre les témoignages rendus contre elle.
    L’autre hocha la tête, puis tourna les talons en disant:

    — Vous souhaitez voir votre témoin, je présume ?
    — Oui. Comment se porte-t-il ?
    — Une vilaine grippe. Depuis l’an dernier, chaque manifestation de la maladie sème un peu d’inquiétude.
    Soyez rassuré, tout indique qu’il s’agit de l’influenza ordinaire.
    — Cette procédure peut-elle mettre sa santé en danger ?
    Ils arrivaient devant une pièce assez vaste, où une demi-douzaine de lits recevait autant de patients en bas âge.
    — Non, je ne crois pas. Bien sûr, il ne faudrait pas le pousser à bout. D’après les journaux, Francœur s’est comporté comme un salaud avec la petite fille.
    — Je ne crois pas que le juge lui permettra les mêmes...
    emportements avec un garçon malade.
    Tous les deux entrèrent dans la pièce. Mathieu reconnut l’enfant, pâle dans ses draps blancs, un sourire un peu contraint sur les lèvres.
    — Comment vas-tu, Gérard ? demanda-t-il en se plantant près de la couchette.
    — Je ne tousse presque plus.
    — Je suis content d’entendre cela. Hier soir, Marie-Jeanne s’inquiétait un peu de toi.
    Le docteur Dusseault actionna une manivelle à l’extrémité du lit afin de relever le haut de son corps.
    — Comme cela, tu seras plus confortable pour parler, expliqua-t-il. Je vais demander que l’on mette un verre d’eau chaude mêlée de miel près de ta main. Cela permettra de soulager ta gorge.
    L’attention parut rassurer le garçon. Le médecin tira un peu sur la couche pour la dégager du mur, puis il entreprit de la pousser vers le couloir.

    — Tu vois, c’est comme si tu étais dans une machine. Tu n’auras pas à marcher.
    L’enfant montra toutes ses dents dans un sourire béat.
    Il survivrait sans mal à l’exercice.

    *****
    Malgré la faible distance entre le palais de justice et l’hôpital du docteur Dusseault, la cour arriva tout juste avant dix heures. Le juge descendit d’un taxi, engoncé dans sa toge, suivi du greffier. Peu après, dans un long cortège, les membres du jury, les avocats des deux parties et quelques journalistes quittèrent une voiture de tramway mobilisée pour les transporter jusque-là.
    Le stagiaire agissait un peu comme le maître des lieux, s’assurant que tout le monde puisse prendre place dans la salle d’attente. A la fin, le juge se retrouva à la gauche du lit, dans un fauteuil tiré du salon privé du médecin, le greffier près de lui, ses papiers répandus sur une table à cartes. Les substituts du procureur général et les défenseurs se tinrent à droite, dans une curieuse

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