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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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C’est un peu plus compliqué que cela. Vous accepteriez de louer à un jeune couple ?
    Son interlocutrice le contempla un long moment, puis elle demanda :
    — La jeune fille timide de l’autre jour ?
    Si Flavie avait convenu que la tante de son ami était une femme très agréable, elle s’était montrée gauche et empruntée en sa présence.

    — Oui, mais je ne lui en ai pas encore parlé.
    — Tu doutes de ses sentiments ? Elle est folle de toi.
    — Je doute plutôt de moi, de la profondeur de mon engagement, de la durabilité d’une relation de ce genre. Ses émotions à elle me paraissent limpides.
    — Tu crains une mésalliance ?
    Elisabeth parut déçue. Le visage d’Edouard lui vint à l’esprit. Le garçon avait préféré un mauvais mariage à l’amour de Clémentine, une petite employée.
    — Parce qu’elle est secrétaire et moi, un futur avocat?
    demanda-t-il en riant. Vous me connaissez tout de même mieux que cela.
    Après une pause, il reprit:
    — Flavie a sur moi un effet apaisant. Si un jour, je deviens moins hanté par mes mauvais souvenirs, lui trouverai-je le même charme ?
    — Je ne la connais pas, mais je crois qu’elle a mieux à offrir qu’une certaine sécurité. Avec de la chance, tu sauras le découvrir. Puis, tu as l’âge de te marier.
    Dans quelques semaines, Mathieu aurait vingt-trois ans.
    Sans l’intermède de la guerre, il serait déjà en quête d’une carrière, son diplôme en poche.
    — Alors, l’idée d’avoir un couple dans ces deux pièces vous paraît-elle acceptable ? Bien sûr, le prix serait établi en conséquence.
    — Bien sûr.
    Elisabeth demeurait narquoise, à la fois amusée et émue.
    — Tu ne crains pas d’être à l’étroit?
    — Cela ne doit pas représenter un problème. Du moins pas durant les premières années.
    De nouveau, le visage d’Edouard se forma dans l’esprit de son interlocutrice.

    — Tu sais, pour certains, c’est un problème dès le premier jour, pour moi, cela ne l’était pas après vingt ans. Je songeais à la possibilité que du... «nouveau» se pointe bien vite. Tu passes tes soirées à étudier. Avec un enfant qui pleure à côté, ce serait autre chose.
    — Je ferai mon possible pour éviter ce «nouveau», le temps de commencer une carrière.
    Evoquer aussi clairement la « limitation de la famille »
    ne se faisait pas. La femme fixa la porte du salon, afin de s’assurer de l’absence de tout témoin.
    — Je serai heureuse de vous recevoir tous les deux. Une autre présence féminine à table me soulagera un peu de l’attention de ces messieurs. Notre ami Davoine doit nous quitter à la mi-juin. Tu pourras emménager à ce moment.
    — N’oubliez pas que je n’ai pas encore dit un mot de cela à Flavie. Je ne peux supputer du cours des choses.
    — Bien sûr, il conviendrait de lui faire part de ce projet.
    Encore une fois, elle souligna la phrase d’un sourire un peu moqueur. Finalement, le théâtre de la vie de ses semblables constituait
    un
    bon
    divertissement.
    Ses
    nouvelles
    fonctions la mettaient aux premières loges.

    *****
    — Seul mon grand frère pouvait m’entraîner dans un endroit pareil à huit heures du matin.
    — Ne me rejoue pas cette scène. Tu crevais d’envie de les voir.
    Thalie se tenait près de Mathieu à la « réception » de la prison de Québec. Tous les nouveaux locataires des lieux arrivaient là, dans une espèce de sas soigneusement sécurisé.

    Après avoir passé la porte, prévenus et détenus donnaient tous leurs effets au personnel, subissaient une fouille à nu et recevaient un uniforme gris-bleu.
    Un homme élégant vint bientôt les rejoindre.
    — Monsieur Fitzpatrick, commença le stagiaire, je vous présente ma sœur cadette, Thalie.
    — Mademoiselle Picard, déclara le substitut du procureur général en lui tendant la main, je suis heureux de vous connaître. La demande de votre frère de vous réserver une place ici ce matin m’a un peu surpris. Je suppose que vous y trouvez un intérêt médical.
    — En quelque sorte, oui.
    Devant lui, elle ne nia pas sa curiosité.
    — On se demande toujours si des caractéristiques physiques permettent de reconnaître des monstres de ce genre, ajouta-t-elle.
    — J’en ai côtoyé plusieurs. Ils se distinguent surtout par leur incroyable banalité.
    La petite salle bourdonnait de conversations murmurées.
    Une dizaine de journalistes se trouvaient là pour voir le transfert de Télesphore Gagnon

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