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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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ne méritait aucun autre reproche.
    Ce constat contrastait violemment avec la description d’un petit monstre animé du démon de la luxure, et disposé à utiliser le chapeau de son père comme pot de chambre pour pimenter la vie familiale.
    — Je vous remercie, mademoiselle Saint-Onge, conclut le jeune homme en se levant. Je ne vous retarderai pas plus longtemps.
    Elle se leva à son tour et, rougissante, accepta la main tendue.

    Chapitre 9

    Comme un retour d’exil, le trajet vers Québec sembla interminable au jeune homme. Les derniers événements se bousculaient dans sa tête. Même la lecture du Code civil n’arrivait pas à mobiliser tout son esprit. Un peu après cinq heures, il pénétra dans l’appartement situé au-dessus du commerce ALFRED. Il serra longuement sa mère contre lui, avec énergie.
    — Toi, susurra-t-elle, tu ne te trouves pas dans un état normal. Qu’est-ce qui se passe ?
    — Voyons, je ne peux pas embrasser ma petite maman ?
    Mathieu la dépassait de plus d’une tête, l’expression prenait tout son sens.
    — La dernière fois que tu l’as fait avec un pareil enthousiasme, tu portais encore des culottes courtes.
    — J’évalue mieux la chance que j’ai eu de naître dans cette famille bizarre.
    — ... Cette affaire est si cruelle ?
    — Plus que je ne pouvais l’imaginer à mon départ vers ce village.
    Le jeudi précédent, le stagiaire avait pris la peine d’avertir sa mère de son absence. Il avait précisé : « Une petite fille est décédée dans des circonstances étranges. »
    — Le Soleil a publié trois lignes à ce sujet, dans son édition d’hier, précisa Marie. Toutefois, des paroissiennes chuchotaient des choses épouvantables ce matin, sur le parvis de la cathédrale. Je me demande comment elles pouvaient savoir.
    — Les gens de Sainte-Philomène ont le téléphone.
    Enfin, certains d’entre eux.
    Quelques coups de fil à des parents ou à des amis, au terme de l’enquête du coroner, suffisaient pour lancer une rumeur.
    — Et chacune de ces commères doit ajouter sa propre dose d’horreur.
    — Crois-moi, dans ce cas, ce n’est pas nécessaire. Les faits se suffisent à eux-mêmes.
    La femme se troubla un moment, les yeux dans ceux de son fils.
    — Les parents ? souffla-t-elle.
    — Ils ont été arrêtés à la sortie des funérailles.
    Elle prit la main droite de Mathieu dans les siennes, exerça une légère pression.
    — Viens t’asseoir au salon avec nous. Paul a encore trouvé le moyen de se faire prescrire un cordial par un médecin complaisant. Il acceptera bien de le partager avec toi.
    A Rivière-du-Loup, la démarche aurait fait jaser. La ville de Québec fournissait un anonymat suffisant au député pour lui permettre de braver de petits tabous. En pénétrant dans la pièce, la maîtresse de la maison se dirigea directement vers un petit meuble pour en sortir une bouteille et un verre, tout en posant les yeux sur son mari.
    — Tu permets ?
    — Evidemment.
    Paul s’était levé afin de serrer la main du nouveau venu, puis il regagna son fauteuil près de la fenêtre. Sa présence en ces lieux devenait tout à fait naturelle. Gérard et Françoise firent de même. Le commis de banque revenait dans le logis de la rue de la Fabrique avec une belle constance. Au début, il s’efforçait de privilégier les samedis, ou le dimanche midi, alors que Mathieu se trouvait ailleurs. Depuis ses fiançailles, un peu comme un chien désireux de marquer son territoire, il affrontait son rival. Celui-ci affichait une indifférence polie.
    — Les choses ont été aussi dures que le prétend la rumeur ? demanda le politicien.
    — Pire.
    Le ton du jeune homme amena le politicien à ne demander aucun détail.
    — J’ai croisé Joseph-Napoléon Francœur ce matin, sur le parvis de la cathédrale.
    — Le député de Lotbinière ? Il s’inquiète sans doute des mœurs de ses électeurs ?
    — Plus simplement, le couple lui a demandé de le défendre.
    La surprise se peignit sur les traits du jeune homme. La nature des accusations lui avait fait croire que personne n’accepterait ce mandat, ou alors que ce serait un obscur tâcheron du droit, sans cesse menacé de faillite. Les plus malchanceux devaient se rabattre sur des causes désespérées.
    — Le bonhomme risque de se discréditer. Cette affaire soulèvera les passions, et pas du genre de celles éveillées par sa « motion » sur la séparation du Québec.
    Cet événement, survenu en

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