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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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la communication avec
    la
    maison
    de
    chambres
    de
    la
    rue
    Saint-
    François. Une locataire prit l’appel, elle voulut bien appeler la jeune femme.
    — Allô ? fit une voix un peu préoccupée.
    — Flavie, je suis de retour.
    — Mathieu, tu as fait bon voyage ?
    — Oui... Enfin, non, pas du tout.
    La réponse la laissa perplexe à l’autre bout du fil.
    — Tu accepterais de me recevoir tout de suite ? Enfin, le temps de me rendre chez toi. Te voir me fera du bien.
    Cette perspective la troubla un peu plus. Réservée à une clientèle entièrement féminine, sa pension ressemblait à un véritable couvent, à force de règles strictes. Les visites masculines créaient toujours une petite commotion. D’un autre côté, le timbre de voix de son ami l’incitait à ne pas se dérober.
    — Tu ne pourras pas aller plus loin que le salon.
    — S’il y a des témoins, je resterai silencieux. Rien que ta présence me fera du bien.

    «Voilà qui augure bien pour l’avenir», se dit-elle. A haute voix, elle répondit :
    — Je t’attends. D’ici à ton arrivée, je préparerai un peu de thé.

    *****
    Peu après, Mathieu retrouvait le trottoir de la rue de la Fabrique. Le froid paraissait vouloir relâcher un peu son emprise. En conséquence, un voile de nuages masquait la lune et les étoiles. En marchant d’un pas cadencé, la Basse-Ville se trouvait à quelques minutes, tout au plus.
    En approchant de la maison de chambres, il reconnut la mince silhouette à une fenêtre. Elle ouvrit la porte devant lui.
    — Bonsoir...
    Dans la petite entrée, le jeune homme la prit dans ses bras, la serra contre lui un peu brutalement. Son attitude surprit Flavie. Elle voulut d’abord le repousser prestement, arrêta son geste en lisant le désarroi sur son visage.
    Après un instant toutefois, elle posa ses mains contre la poitrine masculine, l’obligea à reculer un peu.
    — Mathieu, on peut nous surprendre.
    — ... Excuse-moi. Il y a si longtemps.
    Trois jours à peine. La durée semblait un concept bien élastique. Mathieu retrouva sa contenance, se pencha pour poser le bout de ses lèvres sur sa joue.
    — Suis-moi.
    Flavie le conduisit dans un petit salon modestement meublé. Tout de même, les nappes en dentelle sur les guéridons et les gravures encadrées accrochées aux murs rendaient la pièce agréable. Une petite théière et deux tasses se trouvaient déjà sur une table basse.

    — La propriétaire est gentille de te préparer cela, commenta-t-il.
    — Sa contribution ne va pas plus loin que de nous fournir de l’eau et la chaleur de son poêle. De toute façon, en cette saison elle doit l’alimenter en charbon toute la journée. L’été, elle plaide la nécessité de garder la température à un niveau raisonnable pour nous refuser ce genre de largesses.
    — Le thé ?
    — Sauf aux repas, nous devons puiser dans nos propres réserves.
    Une douzaine de femmes et de jeunes filles logeaient en ces lieux: des vendeuses, des secrétaires ou des commis. Le coût de la pension demeurait modeste, en proportion des salaires reçus par ces besogneuses. Ainsi, les services s’adaptaient à la somme demandée.
    — Toutes tes voisines sont sorties ?
    La pièce devait servir à l’ensemble des locataires, mais ils s’y trouvaient seuls.
    — Certaines d’entre elles. Les cinémas de la Basse-Ville débordent, le dimanche soir. Les autres ont accepté de nous céder la place. Pour les remercier, je devrai leur faire un petit compte rendu de notre conversation, tout à l’heure.
    — J’aimerais que tu limites les confidences à ceci : je me suis beaucoup ennuyé de toi. Ce ne sera pas un mensonge, ta présence m’a manqué. Mais les détails de notre conversation devront rester secrets.
    — Tu veux me parler de cette affaire ?
    L’homme acquiesça d’un signe de la tête comme elle versait le thé dans les tasses. Le jeudi précédent, il avait parlé d’une enquête troublante.
    — La petite fille a été tuée par ses parents, dit-il, d’une voix à peine audible. Elle avait dix ans.
    — Doux Jésus ! J’ai entendu des conversations à la sortie de la messe, sans en croire un mot.
    Mathieu lui donna les grandes lignes des événements sur le même ton de confidence.
    — Ils ont dit qu’elle était dure à élever. Des châtiments si cruels me paraissent tellement démesurés, conclut-il, quelles que soient les fautes commises. Rien ne peut justifier une brutalité pareille.
    A mots

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