Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
Vom Netzwerk:
folle allure chercher le médecin.
    – Téléphone au docteur Dussault, Jerzy. Je veux que lui aussi le voie.
    Jerzy klaxonna pour faire comprendre qu’il avait bien entendu. Quand Élisabeth se retourna vers Jan, elle vit Anna la tête posée sur sa poitrine.
    – Ann…
    – Chut!
    Élisabeth s’empara de la main ensanglantée de son frère et agrippa son poignet, tentant d’y sentir un pouls.
    – Anna?
    – Chut!
    Anna plaça ses doigts sur le cou de Jan. Oui, oui, elle sentait quelque chose. Un faible battement, sous l’oreille. Le médecin, ramené à toute vitesse par Jerzy, fit respirer à Jan un liquide jaunâtre après avoir examiné ses pupilles et l’avoir ausculté. Jan reprit connaissance. Élisabeth refusa de quitter son frère, le tenant par la main tout le temps de l’intervention du médecin. Jan s’éveilla si peu qu’il ne regarda personne, se contentant de gémir et de refermer les yeux.
    – Il faut le conduire à l’hôpital. Il souffre d’une violente commotion.
    Jerzy se pencha pour assister le médecin qui tentait de relever Jan. Rien n’y fit. Ils le prirent dans leurs bras.
    – Attention à sa tête.
    Ils le couchèrent sur la banquette arrière, où Anna avait étendu la couverture apportée par Élisabeth. Ils filèrent directement à l’hôpital, le médecin à l’arrière avec Jan, les trois autres en avant.
    – As-tu parlé au docteur Dussault, Jerzy?
    – Je n’ai pas réussi, la ligne était toujours occupée.
    Dès leur arrivée au Winnipeg General Hospital, Jan fut conduit au service des urgences et les trois autres furent confinés à la salle d’attente. Élisabeth, essorée de toute énergie, réussit à joindre le docteur Dussault, qui lui promit d’arriver aussitôt que possible.
    Le médecin de Saint-Norbert vint enfin les trouver, l’air rassuré.
    – Il a effectivement une commotion cérébrale, sept doigts et un poignet foulés en plus d’une côte fêlée.
    – Et vous souriez?
    Élisabeth était absolument offusquée.
    – Oui, je souris, parce que je vous avoue avoir craint la fracture du crâne.
    Jerzy et Élisabeth se regardèrent, comprenant tout à coup que leur frère l’avait échappé belle.
    – Est-ce qu’il a parlé?
    – Non, mais c’est normal quand on a eu une commotion.
    Le médecin semblait prêt à rentrer à Saint-Norbert. Jerzy, par politesse, s’empressa de le raccompagner, confiant Élisabeth à Anna. À peine étaient-ils partis que le docteur Dussault arriva. Élisabeth lui sauta au cou et sanglota comme une enfant qui vient d’obtenir la permission de flancher et d’avoir mal après être tombée sur un genou. Anna répéta tout ce qu’elles savaient de l’état de Jan, et Dussault entra dans la salle d’examen pour en ressortir quelques minutes plus tard, l’air rassuré.
    – Je pense qu’il est inutile de rester ici ce matin. Viens te reposer, Élisabeth, et nous repasserons cet après-midi.
    – Je veux le voir.
    – Tu ne peux pas.
    – Je reste ici.
    – Non, non. Viens. S’il va bien, plus tard dans la journée, je vais demander son congé et l’emmener à la maison. Comme ça, il aura son médecin personnel et les meilleurs soins qu’un blessé puisse rêver d’avoir.
    – Je pense qu’un blessé ne rêve pas de grand-chose. Dussault regarda Anna qui prit Élisabeth par l’épaule pour la diriger vers la sortie de l’hôpital.
    Le mois de juin était arrivé et Jan ne cessait de bougonner en regardant les croûtes sur ses mains. L’œdème de son poignet s’était résorbé et le docteur Dussault lui avait enfin enlevé le bandage qui lui sanglait la cage thoracique. Jan pouvait maintenant rire et tousser, sa côte fêlée semblant ressoudée. Élisabeth lui consacrait tout son temps libre. Comme elle l’avait promis, elle préparait un petit concert avec ses élèves pour la Saint-Jean. Elle se partageait donc entre son travail que M me Dussault tentait d’alléger, ses cours et les soins qu’elle lui prodiguait. Jerzy vint leur rendre visite le deuxième dimanche de juin. La vue de son frère le bouleversa. Jan le vit tiquer et retenir une grimace.
    – Me trouves-tu amoché?
    Jerzy fit non de la tête mais ne parvint pas à effacer un embryon de rictus. Il ferma les yeux quelques secondes, le temps d’effacer la vision que lui offrait Jan. Son frère ressemblait à s’y méprendre aux blessés de ses souvenirs.
    – Ça va?
    – Oui. Je me lève et je marche. C’est Élisabeth qui me

Weitere Kostenlose Bücher