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Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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sa famille.
    – Nous nous sommes crus morts pendant des années, et lui il fait toujours le mort. Il aurait eu besoin de nous et il ne demande jamais rien. Il n’en a que pour son nombril…
    – Tu ne le connais pas, Jerzy. Jan a pris soin de moi pendant des mois et des mois, je t’ai tout raconté.
    – Il est temps qu’il prenne soin de lui et de sa famille entière. Pas une seule fois il ne m’a demandé de jouer du violon avec lui. Pas une seule fois il n’a pris le temps de me raconter ce qu’il faisait à Saint-Adolphe…
    – Il ne veut pas parler de Saint-Adolphe…
    – Justement, il est temps qu’il en parle. Moi, je veux savoir qui est mon frère. Je veux connaître l’homme qui habite sous mon toit. Je veux pouvoir dire…
    Jerzy s’interrompit, fixant les yeux derrière sa sœur. Jan s’approchait d’eux, d’un air que personnene parvenait à lire mais qui ressemblait à s’y méprendre à de la rage.
    – Si j’ai eu la côte fêlée, c’est parce qu’ils étaient trois à me donner des coups de pied. Si j’ai eu le poignet foulé et les doigts écrasés, c’est parce que je devais frapper trois fois plus souvent qu’eux.
    Jan était blême de colère et avait la voix presque éteinte. Il termina sa tirade en regardant son frère droit dans les yeux.
    – Si je n’ai pas eu de fracture du crâne, c’est que je sais me défendre. Pas me battre, Jerzy, me défendre. Es-tu content, maintenant, de savoir ce que j’ai fait à Saint-Adolphe?
    Jan tourna les talons, immédiatement suivi d’Élisabeth qui tenta de le consoler. Il secoua le bras pour se libérer de sa poigne. Jerzy partit à la course derrière eux et réussit à retenir son frère par l’épaule. Jan fit volte-face si rapidement que Jerzy en fut déséquilibré.
    – As-tu encore quelque chose à ajouter, grand frère?
    Jerzy fut torturé par la haine qui déformait le visage de son puîné. Il n’avait connu de tels yeux que chez les soldats qui attendaient l’ordre de tirer.
    – Oui, Jan. Je voulais finir ma dernière phrase. Avant que tu ne m’interrompes, Jan, je disais que je voulais pouvoir dire à mon enfant pourquoi je t’avais choisi comme parrain.
    Anna, qui les avait rejoints, regarda par terre pour cacher sa colère. Jan était bouche bée et Élisabeth mit quelques secondes à comprendre l’annonce que venait de leur faire Jerzy. Ce fut Anna qui rompit le silence.
    – Quelle terrible façon de leur apprendre une si grande nouvelle, Jerzy!
    Les yeux de Jan papillotèrent mais demeurèrent secs. Il s’approcha de sa belle-sœur et lui embrassa les mains à plusieurs reprises avant de l’étreindre.
    – Quelle chance il a, ce petit Pawulski, de t’avoir pour mère!
    Anna le remercia en l’embrassant tendrement. Jan se planta ensuite devant son frère et lui tendit sa main toujours blessée.
    – Félicitations, Jerzy. Je suis très honoré. Merci.
    Jerzy ne répondit rien, mais parut soulagé.
    – Viens, Anna. Tu as eu assez d’émotions aujourd’hui.
    Anna le suivit et elle allait entrer dans l’automobile lorsque Jan se dirigea vers eux.
    – Vous pouvez m’attendre? Il est temps que je cesse de me faire dorloter et que je reprenne le travail. La mauvaise herbe doit avoir poussé.
    – Ah! pour ça, oui. Presque autant que les semences.
    Élisabeth fit le bagage de son frère pendant qu’il remerciait le docteur et M me Dussault. Ils sortirent enfin et rejoignirent Jerzy qui s’empara de la valise et la plaça doucement dans le coffre.
    – Je suis heureux que tu rentres, Jan. Jan le crut et lui sourit de reconnaissance.

46
    Jerzy et Jan avaient fait le plein d’essence et se dirigeaient vers Saint-Boniface. Anna ne les avait pas accompagnés, fatiguée par des nausées décuplées par le travail sous le soleil de la journée.
    – Je suis vraiment désolée, mais dites à Élisabeth que ça ne se reproduira plus. De toute façon, vous la ramenez avec vous?
    Jan et Jerzy avaient tous les deux emporté leurs violons, Élisabeth ayant insisté pour qu’ils jouent ensemble.
    – Mais j’ai la main encore raide, Élisabeth, je ne pourrai pas jouer comme il faut.
    – Je veux jouer avec vous deux. Ils ont eu un duo à Noël, je leur dois un trio.
    Ils avaient revêtu leurs plus beaux habits pour ne pas lui faire honte. Après la radiance du soleil, le temps s’était chagriné, rappelant à Jan l’orage qui avait tué un de ses compagnons de travail.
    – On t’a parlé de l’orage,

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