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Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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éclaterait.
    – Jerzy Pawulski.
    – Monsieur Pawulski, vous avez toute notre sympathie. C’est bien vous qui avez demandé un logement pour cinq personnes?
    Jerzy acquiesça, espérant qu’on pourrait répondre favorablement à sa requête.
    – Hé! Fred! Est-ce que ta maison est assez grande pour accueillir cinq personnes?
    Jan crut défaillir quand un des deux hommes, celui qui devait s’appeler Fred, s’approcha de la table.
    – Pas de problème. Je peux presque accueillir une division.
    Jerzy tiqua. Ce Fred avait certainement fait l’armée pour user ce langage.
    – Et un bébé, ça ne dérangera pas trop ta femme?
    – Un, deux ou trois, ça ne fait pas de différence.
    Fred s’approcha de Jerzy et lui demanda de le suivre avec sa famille. Jerzy ne sut que faire. Devait-il refuser d’aller avec lui et risquer de déclencher une rixe ou le suivre et faire le guet tout le temps de son séjour? Il interrogea Jan du regard. Jan prit une de leurs deux valises et commença à marcher lentement derrière Fred. Le second homme les regarda partir, médusé.
    La ferme de Fred était propre et accueillante, et sa femme, Lynn, avait l’âge d’Anna, et des jumeaux de deux ans.
    – Si j’avais su que vous aviez des bébés, j’aurais demandé d’être logé ailleurs.
    – Non, non. Ça va être amusant. Quel âge avez-vous dit qu’il a?
    – Stanislas va avoir quatre mois la semaine prochaine.
    L’installation fut rapide et Anna, dès que Stanislas eut pris du lait et un peu de blanc-manger, s’empressa de le coucher dans un landau que Fred était allé chercher au grenier. M me Jaworska eut une chambre pour elle seule et elle s’y étendit, le temps d’une sieste. Lynn et Anna s’empressèrent de cuisiner le repas. Jan et Jerzy inspectèrent les lieux avec des yeux d’aigle, Jan cherchant tout ce qui pourrait leur être utile en cas d’agression, Jerzy vérifiant les issues au cas où ils seraient obligés de fuir. Fred les dévisagea sans dire un mot. Il sortit du papier et du tabac et se roula une cigarette. Jerzy le laissa terminer avant de lui offrir une Export. Fred refusa d’un geste de la tête et craqua une allumette de bois avec l’ongle de son pouce. Les trois hommes restèrent dans le salon, sans parler, pendant que les femmes papotaient sans rien voir. Elles dressèrent la table. Anna monta réveiller sa mère pendant que Lynn jetait un coup d’œil sur les enfants.
    – Une vraie nursery. Les trois dorment à poings fermés.
    Ils s’attablèrent et mangèrent avec appétit. Anna ne cessa de gesticuler pour que Jerzy et Jan parlent un peu. Ils étaient muets comme des carpes et Anna s’interrogeait sur leur manque de courtoisie.
    Jerzy ne dormait pas, même s’il savait que Jan faisait le guet. Il entendait le souffle régulier d’Anna qui avait une cuisse chevauchant la sienne et un bras autour de sa poitrine. Jerzy avait les oreilles aux abois, certain qu’il entendrait Fred sortir de sa chambre pour venir lui chuchoter un défi. Il avait beau se raisonner et se dire qu’aucun homme ne pouvait être assez idiot pour terroriser deux familles sous son toit, il ne réussissait pas à s’en convaincre. Sa seule consolation était de se souvenir que Fred avait été le moins violent des quatre.
    Jerzy voulait changer de position lorsqu’il entendit des pas s’approcher de la porte. Le silence se fit aussitôt. Jerzy se libéra de l’étreinte d’Anna qui se retourna en grognant doucement. S’aidant de ses bras, il réussit à s’asseoir sans trop faire grincer le sommier. Les pas s’étaient encore fait entendre avant de s’arrêter de nouveau. Jerzy eut la certitude qu’on soulevait le loquet de la porte. Il retint sa respiration, prêt à bondir, priant le ciel de n’avoir pas à effrayer Anna qui s’était endormie en pardonnant à la vie les misères qu’elle leur faisait depuis bientôt deux mois. Les charnières commencèrent à gémir et Jerzy sentit une colère noire s’emparer de lui. Une colère qui ressemblait à celle qui avait accompagné la perte de mobilité de sa jambe. Une colère sourde, profonde et sans pardon. Il repoussa les couvertures, posa le pied de sa jambe réfractaire sur le plancher. Il entendit battre son cœur et reconnut le rythme qui avait toujours précédé les attaques. Il déglutit péniblement, surpris de se sentir une gorge d’émeri.
    – Jerzy?
    Il retomba sur l’oreiller, soupirant si fort qu’Anna s’éveilla une

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