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Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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Anna n’osa y déposer Stanislas et elle s’empressa de monter à l’étage, pleurant aussi fort que le bébé épuisé par le voyage. M me Jaworska enleva son manteau et s’arma de courage et d’un balai. Jerzy et Jan suivirent Anna et allèrent vite au grenier récupérer le lit de Stanislas.
    La maison sentit la moisissure pendant plusieurs jours, mais leurs narines s’habituèrent à ce désagrément. Jan et Jerzy mirent les bouchées doubles à trier les semis encore utilisables.
    – Heureusement que nous avions tout monté!
    Le 14 juin, ils partirent pour les champs, les cordes et les piquets dans les mains.
    – Penses-tu que notre récolte de cordes va être aussi bonne que celle de l’an dernier, Jan?
    Jan ricana. Son frère avait une façon de réagir qu’il se jura d’essayer d’imiter. Ils travaillèrent d’arrache-pied avec les frères d’Anna qui s’étaient empressés de venir à la rescousse, n’ayant pas, eux, été touchés par l’inondation. La maison bourdonna de l’intérieur,un des frères d’Anna ayant pensé à amener une connaissance pour refaire la peinture. Après avoir tout frotté et récuré, M me Jaworska s’attaqua au lavage de la literie et de tous les rideaux. La maison bourdonna aussi de l’extérieur, quelques abeilles vaillantes réussissant à trouver des fleurettes là où la terre avait fini de s’assécher. Presque tous les travaux de nettoyage et de réfection avaient été exécutés quand Élisabeth et Étienne arrivèrent pour les semis.
    – Nous avons vu Jan sur la route.
    – Il est allé à la poste.
    Jerzy regarda Anna, un sourire sur les lèvres.
    – Nous trouvons qu’il y va souvent.
    – Moi, je pense qu’il y a une fille quelque part. Peutêtre cachée dans une enveloppe, qui sait?
    – Une enveloppe de matelas?
    Jerzy avait éclaté de rire devant le regard scandalisé d’Anna.
    – Anna! Franchement! As-tu l’impression que Jan est toujours...?
    – Oui. S’il est un bon Polonais, oui.
    – Parce qu’être un bon Polonais, ça se mesure dans le fond de culotte?
    Étienne avait ri de sa question. Élisabeth le fusilla du regard. Jerzy ne savait plus s’il aimait la tournure de la conversation. Chaque fois qu’ils se retrouvaient aux champs, les propos prenaient toujours une drôle de direction. L’abbé Villeneuve n’était malheureusement plus là pour fixer des limites à la grivoiserie.
    Élisabeth avait un air dubitatif. Elle ne pouvait croire que Jan ait une femme dans sa vie. Il lui en aurait parlé puisqu’ils n’avaient presque jamais eu de secrets l’un pour l’autre. Lorsque Jan revint du village, il seprécipita dans la maison pour en ressortir quelques minutes plus tard, les joues roses de plaisir. Élisabeth l’observa, intriguée. Il vint se joindre à eux, tombant presque sur les genoux tant il s’était hâté de se mettre au travail.
    – Ma foi, on devrait presque avoir fini demain soir.
    – Il était temps! Trois semaines de retard, c’est assez. Jan ne parla plus, s’acharnant à semer et à planter dans les sillons humides. Les frères d’Anna partirent le samedi en fin d’après-midi, emmenant leur mère pour une visite d’une semaine. Jerzy les remercia mille fois, ne cessant de répéter combien il était chanceux d’avoir une famille aussi généreuse. Il rentra dans la maison, sourit en voyant Élisabeth bercer Stanislas sous le regard attendri d’Étienne. Quant à Jan, il était monté à sa chambre et Jerzy l’entendait déplacer des meubles. Jerzy n’osa le dire mais il se sentait le cœur gonflé de se retrouver avec sa petite famille. La vie l’avait toujours traité de la même façon, lui envoyant des bonheurs incommensurables immédiatement après lui avoir fait croire que la mort pouvait être un meilleur choix.
    Ils s’attablèrent, Élisabeth tenant toujours Stanislas du bras gauche pendant qu’elle mangeait de la main droite.
    – Étienne, peux-tu couper ma viande?
    Étienne haussa les épaules tandis qu’Anna faisait d’énormes efforts pour ne pas reprendre le bébé et l’installer dans son petit lit de cuisine. Jerzy lui tapotait la cuisse pour l’inviter à la patience. Élisabeth devenait complètement irrationnelle dès qu’elle mettait les pieds chez lui et qu’elle apercevait Stanislas.
    – C’est Adam tout craché. C’est incroyable. Tu ne trouves pas, Jan?
    Même s’il trouvait généralement que tous les bébés se ressemblaient, cette fois il voyait

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