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Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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présence d’un dragueur de mines, mais omit de mentionner la terreur d’Élisabeth. Il revit son arrivée à Halifax et lui décrivit tout ce qu’il avait vu ensuite de la fenêtre du train. Michelle l’écoutait avec attention et émotion, ce qui l’étonna, parce qu’il n’avait rien dit de triste. Élisabeth s’approcha d’eux, s’assit sur une fesse à la table à côté et demanda à voir le cadeau, que Michelle s’empressa de sortir du sac.
    – Oh! Que c’est mignon! Je suis certaine que Stanislas va adorer ça.
    – Jan m’a dit qu’il devrait marcher d’ici un an. On voit qu’il ne connaît pas trop les bébés...
    Jan rougit et Élisabeth pâlit, se leva et les quitta sèchement. Michelle la regarda avant de se retourner vers Jan.
    – Qu’est-ce que j’ai dit?
    Jan jeta un coup d’œil vers Élisabeth, dévisagea Michelle et comprit que le brusque départ d’Élisabeth l’avait complètement fracassée.
    – Nous avons eu un petit frère qui s’appelait Adam et que les Allemands ont assassiné.
    Michelle déposa sa cuiller. Jan vit des larmes lui baigner les yeux. Il se demanda comment un jeune Polonais de bonne famille pouvait consoler une fille en public.
    Ils sortirent et Élisabeth vint vers eux, suppliant Michelle du regard de lui pardonner son manque de savoir-vivre. Michelle l’attendit, la prit par les épaules, l’embrassa et lui demanda de l’excuser.
    – Je ne savais pas. Jan ne m’avait pas parlé de...
    – Jan parle rarement de quoi que ce soit.
    Jan approuva intérieurement, parce que, s’il avait parlé, il aurait demandé à Michelle de l’épouser.

57
    – Anna!
    Jerzy avait poussé un cri si strident qu’Anna en eut les jambes coupées et c’est en frissonnant qu’elle entra dans le salon. Jerzy était assis sur le fauteuil, les fesses sur le bout du coussin, bras tendus vers Stanislas qui s’avançait en riant, tirant sa petite abeille. Anna s’agenouilla, émue de voir marcher son fils.
    – Mon Dieu! Jerzy, c’est triste de penser à tout ce que manquent les gens qui n’ont pas d’enfants. Et maman qui rate ça...
    Jerzy se tourna vers Anna et il allait lui dire qu’il se faisait la même réflexion en ce qui concernait ses parents quand Stanislas vacilla et tomba sur les fesses.
    – Oups! Debout, Stanislas!
    Ni Jerzy ni Anna ne s’étaient précipités et Stanislas se releva sans geindre. Ses parents applaudirent, ce qui le fit sourire de nouveau. Anna alla chercher l’appareil photo, pensant qu’Élisabeth et Jan devaient, eux aussi, voir cet important moment. Elle fit trois tentatives pendant lesquelles Stanislas pleura, l’éclair du flash lui faisant peur. Elle haussa les épaules en se disant qu’elle expliquerait qu’il avait souri et que ce sourire était malheureusement perdu pour la postérité. Jerzy regardait la petite abeille avec amusement. Élisabethleur avait écrit que Jan s’était servi de ce prétexte pour commencer à fréquenter une jeune fille. Jerzy n’avait pas voulu entendre le reste de la lettre mais Anna avait fait plusieurs tentatives pour lui en parler.
    – Combien penses-tu que pourrait coûter un voyage
    à Montréal pour trois personnes?
    – Je n’en sais rien, Anna, et je ne veux pas le savoir. Anna entretenait une correspondance régulière avec Élisabeth et, plus les mois passaient, plus elle sentait la solitude les envahir comme du lierre. Sa mère les avait quittés pour aller vivre chez son fils à East Selkirk, sa belle-fille ne s’étant jamais remise de son accouchement. Anna avait énormément pleuré ce départ, se sentant vraiment devenue orpheline. Ce sentiment l’avait par contre rapprochée de Jerzy qui, à son avis, faisait cavalier seul avec humour et courage. Elle lui en voulait de s’être brouillé avec Jan, mais elle avait acquis la conviction que cette brouille s’évaporerait dès qu’ils se reverraient.
    – As-tu envie de faire quelque chose de particulier pour Pâques?
    – J’ai pensé que nous pourrions peut-être aller chez mon frère à East Selkirk, ou chez le tien à Montréal.
    Elle le regarda d’un air taquin, certaine qu’il sourirait de sa deuxième tentative de la journée. Jerzy n’en fit rien et Anna eut soudainement peur d’avoir mal mesuré la profondeur de sa rancune.
    Comme tous les matins, Jerzy alla voir la rivière, la suppliant de rester tranquillement dans son lit et de continuer à hiberner jusqu’à l’été. Ils devaient être nombreux à

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