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Même les oiseaux se sont tus

Titel: Même les oiseaux se sont tus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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besoin d’aide pour choisir le cadeau de Noël de Stanislas. Élisabeth souhaitait secrètement que le prétexte du cadeau ait aussi caché le désir de Jan de lui présenter Michelle.
    Depuis l’intervention chirurgicale de Jan, elle avait trouvé du travail à la salle à dîner chez
Eaton
. Elle avait postulé un emploi de vendeuse, mais on lui avait offert d’être hôtesse à la salle à manger du neuvième étage. Le travail était moins rémunéré, certes, mais aussi moins fatigant, lui laissant le temps de poursuivre ses cours avec Florence et un autre élève sans autre talent que sa bonne volonté. Élisabeth avait été enchantée d’avoir étéchoisie surtout après la grande déception qu’elle avait eue de ne pas être embauchée chez
Archambault
, mais elle avait été étonnée de voir que tout le personnel de la salle à manger était assez âgé. Soucieuse d’économiser pour se permettre des voyages au Manitoba ou à Ottawa, elle s’était pliée avec plaisir au port de l’uniforme, semblable à celui des serveuses, coiffe et tablier blancs en moins. On lui avait vendu un uniforme noir à collet blanc et on lui avait recommandé de porter une chaussure confortable, noire, à gros talon de un pouce et demi de hauteur et, de préférence, lacée. Profitant de sa remise d’employée, elle avait pu se procurer une ravissante paire de chaussures noires à courroie et à semelle compensée comme elle rêvait d’en avoir depuis la fin de la guerre.
    Elle était arrivée le premier jour les cheveux tenus par d’énormes pinces, un léger rouge sur les lèvres et un voile de poudre sur les joues. Avant même de prendre son travail, elle s’était empressée de retourner au bureau du personnel pour rappeler qu’elle était toujours disponible s’il y avait une vacance au rayon de la musique. Elle se sentait tellement bien à cet étage qu’elle y venait presque tous les jours pour vérifier l’inventaire, acheter quelques feuilles de musique et remettre ses nom et adresse à la caissière au cas où quelqu’un serait à la recherche d’un professeur de violon ou – qui sait? – d’une violoniste pour une occasion spéciale.
    Chaque fois qu’elle recevait son enveloppe de paye, elle en déposait la quasi-totalité à la banque pour le loyer – très peu élevé, faveur des Favreau – mais surtout pour aider Jan à surmonter ses difficultés financières dues à son appendicectomie. À eux deux, ilsremboursaient l’Hôtel-Dieu et payaient les honoraires du docteur Boisvert.
    Élisabeth jeta un coup d’œil à sa montre et étreignit le bras de son frère.
    – On ouvre les portes dans quinze minutes. Tu vas venir manger avec elle?
    Jan fit oui de la tête et Élisabeth eut le sentiment qu’il était trop tendu pour parler.
    – C’est bien devant l’ascenseur numéro un, au rez-de-chaussée, que vous avez pris rendez-vous?
    Encore une fois, il acquiesça sans parler. Élisabeth appuya sur le bouton pour appeler l’ascenseur et elle vit Jan se raidir et se passer rapidement une main dans les cheveux. L’ascenseur s’immobilisa et la liftière, costumée et gantée, ouvrit la porte vitrée et grillagée.
    –
Going down
. En bas.
    Jan toussota et entra. Élisabeth lui fit un petit salut de la main avant de serrer le poing pour lui souhaiter bonne chance mais il ne répondit pas et n’eut même pas le courage de sourire. Elle eut l’impression qu’il venait de poser la tête sous le couperet d’une guillotine. Il avait la main droite sur le cœur et sa sœur comprit qu’il devait serrer très fort son étui à lunettes, l’écrasant sur ce cœur qui battait certainement assez vite pour l’affoler. Elle regarda l’ascenseur descendre, passa à la salle de toilette pour rafraîchir son maquillage avant d’entrer dans la salle à manger.
    Jan aperçut Michelle avant même que les portes ne se soient refermées derrière lui. Il ressentit durant un instant une panique telle qu’il pensa remonter, sortir au premier et s’enfuir par les escalators. Mais rien ne parut quand Michelle eut un petit soubresaut de plaisiren le voyant. Il s’essuya discrètement la main sur son pantalon avant de la lui tendre en la remerciant d’avoir accepté de venir conseiller un oncle désespéré. Elle lui répondit que cela lui faisait plaisir et ils montèrent à l’étage des jouets. Ils circulèrent dans les étalages pendant dix bonnes minutes. Jan essayait désespérément de

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