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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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femme.
    Elle s’accouda à la table et ajouta :
    —  Rien ne prouve que ce ne soit pas moi. D’une chiquenaude, Colum fit voler une miette de pain sur la nappe.
    —  Nous y avons pensé, mais non, Maîtresse, vous n’êtes pas la meurtrière. En outre, nos témoins ont parlé d’un homme. Mais dites-moi, convenez-vous que l’assassin est médecin ?
    Kathryn hocha la tête.
    —  Seul un docteur en médecine ou un herboriste compétent saurait utiliser de l’arsenic ou de la digitale. De plus, il s’agit de poisons coûteux, notre assassin est donc un homme aisé puisqu’il peut en avoir à sa disposition des quantités suffisantes. Il connaît également assez bien Cantorbéry pour disparaître dans ses ruelles et ses venelles quand bon lui semble. Il peut aussi changer d’apparence à sa guise, et ses vers, même mauvais, prouvent qu’il possède une certaine instruction. Aussi, oui, j’en conviens, Colum, notre assassin est probablement un médecin. Mais qui est-il, et pourquoi tue-t-il ? Cela demeure un mystère.
    Murtagh se tapota le menton.
    —  En effet.
    Il jeta un regard circulaire à la pièce et demanda :
    —  Où donc a disparu la si perspicace Thomasina ?
    —  Je suis dans l’arrière-cuisine, Irlandais ! cria la servante d’une voix forte. Et sachez-le, j’entends tout ce que vous dites !
    Kathryn se mit à rire tandis que Colum souriait en regardant la porte de l’arrière-cuisine. Puis, sans rien demander, il prit le pichet de vin et remplit jusqu’au bord la coupe de son hôtesse puis la sienne.
    — In vino veritas, murmura-t-il. La vérité est dans le vin, Maîtresse Swinbrooke. Dites-moi, à votre avis, quelle raison peut amener un homme à haïr un sanctuaire au point de s’en venger aveuglément en commettant des meurtres ?
    Il fixa intensément Kathryn, puis contempla le contenu de sa coupe de vin, et poursuivit :
    —  Les gens tuent pour deux raisons : parce qu’ils sont payés pour le faire ; c’est peut-être mon cas. Les soldats à la guerre exterminent et pillent au nom d’une cause à laquelle ils ne croient pas vraiment, mais qui, ils l’espèrent, leur profitera, remplira leur bourse, les nourrira et leur assurera un toit. À Tewkesbury, pourtant, les chefs ne se battaient pas seulement pour la puissance et la richesse : la haine aussi les rendait acharnés au combat.
    Murtagh lança un regard aigu à Kathryn.
    —  J’étais là-bas, à la fin, continua-t-il, quand les seigneurs lancastriens se sont rendus à l’abbaye. Vous a-t-on raconté ce qui s’est passé ?
    Comme Kathryn secouait la tête, il expliqua :
    —  Les soldats du roi les ont sortis de force. Oh, ils n’avaient pas l’allure de seigneurs ! Ce n’était plus que des vaincus, des hommes meurtris, blessés. Richard de Gloucester, frère du roi, installé sur un siège imposant aux portes de l’abbaye, les a jugés coupables de trahison. On les a alors fait descendre sur la place du marché, et je me suis endormi, ce soir-là, au bruit de la hache du bourreau qui les décapitait.
    Pendant qu’il parlait, Kathryn observait attentivement son invité. Le vin lui avait délié la langue, et il s’exprimait d’abondance. Quant à Thomasina, elle était étrangement calme, dans son arrière-cuisine.
    —  Les gens tuent aussi par plaisir, reprit doucement Colum. Lequel ? Celui d’assouvir leur haine. Or qu’est-ce que la haine sinon de l’amour devenu froid ?
    Il se tut pour porter brutalement sa coupe à ses lèvres, et, dans sa brusquerie, il éclaboussa de vin son haut-de-chausses qu’il essuya d’un geste irrité avant de regarder Kathryn bien en face.
    —  Notre meurtrier hait le sanctuaire parce que le saint l’a déçu. Sans doute y avait-il placé jadis toute sa confiance, et il le tient à présent responsable d’un tragique événement. En convenez-vous, Maîtresse Swinbrooke ?
    —  Pourquoi avez-vous fait la guerre ? demanda celle-ci en guise de réponse.
    Son invité sourit bien que son regard restât dur. Kathryn détourna les yeux. Elle devrait se méfier de cet homme. Et si d’aventure il se révélait semblable à Alexander ? Abritait-il, lui aussi, au fond de son âme, un démon prêt à surgir quand le vin lui montait à la tête ?
    —  J’ai fait la guerre parce que je le devais, et que j’étais payé pour la faire, répondit-il d’une voix rauque. Je préférerais vous mentir, Kathryn, vous laisser croire que j’ai

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