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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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honnête, comme s’il s’était purifié des démons de la nuit.
    Kathryn détourna les yeux pour se ressaisir. Ah, elle aurait aimé crier à Colum de partir, de la laisser en paix. Mais la missive anonyme avec ses menaces et sa potence dessinée lui revinrent à l’esprit : oui, elle aurait peut-être besoin de l’appui de cet homme, sinon de son amitié. Pourtant elle ne s’ouvrirait pas à lui tout de suite, certes pas ! Elle n’était pas une enfant, elle n’allait pas se livrer à un étranger !
    —  Vous avez très peur, Maîtresse, répéta Murtagh.
    Kathryn soupira.
    —  C’est vrai, oui, Colum. Dites-moi, connaissez-vous seulement le sens du mot « peur » ?
    L’Irlandais étouffa un soupir.
    —  Oui, dit-il doucement, j’ai eu peur quand j’étais un tout jeune garçon. J’avais peut-être dix ou onze ans, et j’étais page ou plutôt valet au manoir de Gowran, un très vaste domaine près de Dublin. Connaissez-vous l’Irlande, Kathryn ?
    Comme celle-ci secouait la tête, il poursuivit :
    —  C’est un pays sauvage et vert, un pays rude, avec des marais, des marécages et des forêts. Mais il s’y trouve les plus beaux herbages, riches, gras, abondants, et des prairies pleines de fleurs. Le domaine du Maître de Gowran qui m’avait pris à son service en comptait d’immenses. Or il y avait dans sa maison un prêtre qui aimait les plaisirs de ce monde. Il vivait pour la chasse, et chérissait davantage ses chiens et ses chevaux que ses paroissiens. Il disait la messe la plus rapide à laquelle ait jamais assisté un chrétien et semblait peu préoccupé des affaires de son âme. Il buvait, courait les filles et se moquait de Dieu et des hommes comme d’une guigne. C’était un individu de petite taille et bedonnant, avec un visage rubicond et les yeux les plus froids qu’il m’ait été donné de voir. On l’appelait le Prêtre aux Chiens à cause de sa meute. Colum se tut, resserra sur lui les pans de son manteau et continua :
    —  Moi, je le haïssais. Quand il m’effleurait de sa main, j’en avais la chair de poule. Un jour qu’il était parti chasser, il eut une attaque d’apoplexie et tomba raide mort. Dieu sait pourquoi, le Seigneur de Gowran refusa qu’on l’ensevelisse dans le cimetière près de l’église. Il fut mis en terre sur la croupe d’une colline, sous un modeste tas de pierres.
    À ce point de son récit, l’Irlandais se tut, prêtant l’oreille aux bruits nocturnes de la rue, dehors.
    —  Continuez, Colum, le pressa son hôtesse.
    —  Nous enterrâmes le prêtre de nuit. Je me rappelle son cercueil monté sur une charrette à hautes roues, et les gens du manoir portant des torches qui suivaient en procession. Comme nous grimpions le flanc de la colline, un vent violent se leva qui nous fouettait le visage, et nous avions bien du mal à conserver nos torches allumées. Nous voulions chanter le De Profundis, mais les mots mouraient sur nos lèvres. Puis le ciel se couvrit, et bientôt retentirent les aboiements horribles d’un chien qui hurlait à la nuit. Murtagh s’interrompit comme s’il cherchait à maîtriser cette terreur d’enfant qu’il n’avait jamais oubliée.
    —  Arrivés au sommet de la colline, reprit-il, nous avons creusé un trou pour y déposer le cercueil, que nous avons recouvert de terre.
    Après, les hommes firent rouler de gros rochers sur cette tombe de fortune. En l’absence d’autre prêtre, le seigneur de Gowran voulut prononcer une courte oraison, mais des nuages malmenés par le vent commença à tomber la pluie, tandis que quelque part, dans la nuit, le chien hurlait toujours à la mort. Nous fîmes donc un signe de croix avant d’éperonner les chevaux pour redescendre de cette sinistre colline.
    À ce point, Colum saisit le poignet de Kathryn.
    —  En chemin, la pluie cessa et la tempête s’éloigna de sorte que le seigneur de Gowran demanda que l’on rallume les torches et les flambeaux. Moi, j’avais pris place sur une charrette, à côté du cocher, et soudain, sur le sentier qu’éclairait maintenant la lune, nous vîmes une silhouette qui marchait devant nous sans s’arrêter ni se retourner. Je pensais qu’il s’agissait d’un homme qui avait quitté les funérailles plus tôt. Puis, comme le charretier l’avait rattrapé ,je lui criai :« Voulez-vous monter avec nous, étranger ? » Colum serra alors très fort le fin poignet de Kathryn avant de s’exclamer d’une voix

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