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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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haine pour le saint tombeau ?
    C’est alors qu’un coup rudement frappé à la porte tira Kathryn de ses pensées en même temps que la voix dure de Colum Murtagh retentissait, demandant qu’on ouvre.

 
    Chapitre IV
    Colum franchit le seuil de la porte et resta là, à se dandiner d’un pied sur l’autre, face à Thomasina armée d’une grosse cuiller à sauce. Quant à Agnes, tapie derrière celle-ci, elle jetait des regards effarouchés à l’Irlandais comme si elle s’attendait à le voir mettre la maison à sac, avant d’en violer toutes les femmes. Kathryn se hâta à la rencontre de son hôte.
    — Soyez le bienvenu ici, Maître Murtagh. L’Irlandais la regarda, et elle se sentit soudain mal à l’aise. Il s’était préparé avec soin pour lui rendre visite. Quelqu’un lui avait coupé les cheveux, il s’était lavé et rasé, et son visage tanné par le soleil était propre et net, sa peau parfaitement lisse. Il avait aussi changé de mise et portait un surcot de lin sous une jaquette en velours sombre aux manches ornées de boutons d’argent, ainsi qu’un haut-de-chausses de futaine brune, rentré dans ses bottes d’écuyer en cuir noir bien brillant. Il arborait toujours sa large ceinture de guerre à laquelle étaient suspendues sa dague et son épée dans leurs fourreaux, et il en effleurait sans arrêt les pommeaux comme pour se rassurer.
    Kathryn d’un signe de la main lui indiqua la cuisine et l’invita à la suivre. Puis, devant la table dressée pour le souper, elle répéta :
    —  Maître Murtagh, soyez le bienvenu. Toussotant, il avança vers son hôtesse et sortit de la poche de sa jaquette un rouleau de soie bleue, le lui mit presque de force entre les mains.
    —  C’est pour vous, Maîtresse.
    Sur quoi, il porta la main à son épée, s’attendant, semblait-il, à ce que Kathryn lui jette son présent au visage. Celle-ci au contraire le déroula, appréciant avec délice le soyeux de l’étoffe.
    —  C’est une écharpe, déclara Colum.
    Il promena son regard sur la cuisine et ajouta :
    —  C’est qu’il y a bien longtemps qu’une dame ne m’a pas invité à souper dans son logis, Maîtresse.
    —  Qui s’en étonnerait ? murmura Thomasina.
    Kathryn replia avec soin le morceau de soie sans prêter attention aux petits cris extasiés d’Agnes.
    —  Il l’aura volé, marmonna encore Thomasina.
    Kathryn fusilla sa servante du regard tout en caressant doucement l’étoffe.
    —  C’est magnifique...
    Elle n’eut pas le temps d’ajouter « Maître Murtagh », car celui-ci s’approcha et lui effleura le dos de la main.
    —  Colum, je m’appelle Colum. Thomasina intervint alors avec hargne :
    —  Elle, c’est Maîtresse Swinbrooke.
    Kathryn esquissa un sourire puis ordonna à Agnes d’aller ranger le présent dans sa chambre. Colum se détendit : le soldat sur le qui-vive avait fait place à un individu plutôt timide et un peu gauche. Il fouilla de nouveau la poche de sa jaquette et en sortit un bracelet d’argent, un joli jonc aux deux extrémités renflées. Sans laisser à Thomasina le temps de réagir, il avança vers elle et glissa le bijou à son poignet dodu.
    — Pour vous, murmura-t-il.
    Cette fois, Thomasina ne trouva rien à répondre. Elle ouvrit la bouche pour protester, mais le regard de Kathryn l’en empêcha, et elle se réfugia près du feu, marmonnant que le repas allait brûler.
    Ce fut un souper singulier. Thomasina était excellente cuisinière, cependant Kathryn n’avait reçu personne à dîner depuis bien longtemps. Évidemment, Thomasina et Agnes avaient pris place à table, déterminées à observer l’Irlandais et à trouver matière à le critiquer. On conversa d’abord à bâtons rompus : le temps, le prix du froment et autres, autant de sujets entre lesquels Colum glissait des questions sur Cantorbéry, ses bâtiments, ses habitants, leurs coutumes. Il s’adressait peu à Kathryn, plutôt à Thomasina ou Agnes. La maîtresse de maison le laissait faire, l’observant à la dérobée. Elle l’avait tout d’abord pris pour un simple soldat. Il mangeait, certes, avec bon appétit, pourtant il avait aussi des manières de courtisan : il félicitait Thomasina pour sa cuisine, coupait sa viande avant de la porter à sa bouche, et utilisait sa serviette.
    Kathryn se mordit les lèvres. Pourquoi s’autoriser des jugements aussi hâtifs ?
    L’Irlandais était maréchal du roi, qui lui avait confié des

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