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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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missions spéciales ; il était donc habitué au protocole de la cour autant qu’aux règles de la guerre.
    Le repas s’acheva enfin. Agnes, qui avait bu un peu trop, avait les paupières lourdes de sommeil. Kathryn lui ordonna de se retirer. Thomasina débarrasserait la table seule. Cette dernière entreprit donc d’enlever les assiettes, les tranchoirs, les bols et les plats pour les porter dans la souillarde. Pendant ce temps, l’Irlandais, qui avait reculé son siège, buvait lentement sa coupe de vin. Ses yeux sombres, profondément enfoncés, croisèrent le regard de Kathryn et le soutinrent.
    —  Aimez-vous la soie, Maîtresse Swinbrooke ?
    —  Je me prénomme Kathryn, et oui, je l’aime. Votre geste était très courtois. Murtagh sourit comme si la chose avait peu d’importance. Kathryn aurait aimé savoir s’il avait acheté les présents qu’il avait offerts ce soir, ou si c’était un butin volé dans une maison ou un camp ennemi.
    —  J’ai acheté l’écharpe et le bracelet à Londres, dit-il doucement comme s’il lisait les pensées de son hôtesse. Je ne suis pas un voleur, Kathryn, et, en Irlande, un présent est un gage d’amitié. Ce que j’ai, je le garde, et ce que je garde m’appartient.
    En prononçant cette dernière phrase, sa voix s’était faite dure. Kathryn détourna les yeux, espérant qu’il n’avait pas remarqué que ses joues et son cou s’étaient un peu empourprés de honte.
    —  Pourquoi ai-je été choisie ? demanda-t-elle à brûle-pourpoint.
    Colum fit la grimace.
    —  Pourquoi pas ? On m’a dit que vous étiez un bon médecin, avec un talent particulier pour les simples et les potions. Les docteurs que j’ai connus étaient généralement des voleurs et des charlatans.
    —  Il eût sans doute été plus facile de s’adresser à un homme.
    Colum posa sa coupe sur la table et se pencha en avant.
    —  Newington vous a recommandée. J’ai mené mon enquête, et bien que Luberon, ce clerc arrogant, soit un sot pontifiant, et
    Bourchier, un ecclésiastique, tous deux ont confirmé les dires du magistrat. Il est inutile que vous posiez la question, Kathryn, non, je n’ai aucune réticence à travailler avec une femme médecin. En Irlande, ce sont des femmes qui soignent les gens, et généralement elles sont sages et avisées.
    Il détourna les yeux, puis les posa de nouveau sur Kathryn en souriant et ajouta :
    —  Peu d’entre elles, cependant, sont aussi avenantes que vous.
    Kathryn lui rendit son sourire tout en demandant :
    —  Y a-t-il longtemps que vous avez quitté l’Irlande ?
    Murtagh fut aussitôt sur la défensive.
    — Quinze ans.
    —  Depuis tout ce temps, vous êtes maréchal et messager du roi ?
    Colum prit une inspiration avant d’expliquer :
    —  J’étais membre de la maison du père du roi actuel.
    Il haussa les épaules.
    —  Vous savez comment se passent les choses. Je m’y connaissais en chevaux.
    Il fit tourner sa coupe de vin sur la table. Kathryn remarqua combien ses mains tannées étaient puissantes. Les muscles de ses doigts courts se contractèrent, et elle comprit que l’Irlandais ne voulait pas révéler son passé.
    —  Voilà pourquoi on vous a nommé gardien des écuries royales de Kingsmead, j’imagine ?
    Colum eut un rire sec puis s’exclama :
    —  Écuries, dites-vous ! Le manoir est en ruine, les bâtiments réservés aux chevaux sont sales et délabrés. Dans les prés, l’herbe est trop haute, et les clôtures sont brisées. L’endroit évoque davantage une friche qu’un domaine royal.
    —  Parlons maintenant de notre chasse au meurtrier, voulez-vous ? dit alors Kathryn. Son hôte se pencha en avant.
    —  Vous en savez autant que moi. Comprenez-vous, poursuivit-il vivement, le sentiment de Sa Majesté le roi à l’égard de Cantorbéry est celui d’un père qui veut châtier un enfant qu’il aime. Cantorbéry, ou plutôt son maire, Nicholas Faunte, a soutenu les Lancastre. Faunte, que l’on pourchasse, sera pendu dès sa capture, et le Conseil de la ville sera puni. Cependant, le tombeau de Becket est l’un des joyaux de la Couronne. Le roi, l’archevêque, les moines de la cathédrale veulent que sa protection soit assurée, et l’on ne peut tolérer qu’un assassin frappe, tel l’Ange de la Mort, chaque fois qu’il lui en prend l’envie.
    —  Pour quelles raisons pensez-vous qu’il s’agisse d’un homme ? demanda Kathryn. Ce pourrait être une

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