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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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chose : qu’il parte. Et voilà qu’un après-midi Père vint me voir. Il était pâle, et ses yeux, au regard curieusement dur, brillaient de larmes contenues.
    Kathryn se mordit les lèvres.
    — Il me dit qu’il voulait la mort d’Alexander. Quand je lui demandai pourquoi, il marmonna que mon mari n’était qu’un vaurien sans foi ni loi, doublé d’une brute. Kathryn haussa les épaules.
    — Moi, j’étais trop fatiguée, et trop surprise, pour mesurer la portée de ce qu’il me disait. C’est alors qu’il a insisté pour que tu me conduises pour la nuit chez son parent Joscelyn. Tu t’en souviens, n’est-ce pas ?
    Elle se tourna pour lancer un regard vif à Thomasina qui hocha la tête.
    — À notre retour, j’ai trouvé mon père très silencieux. Il affichait un visage livide, il semblait préoccupé et m’a annoncé qu’Alexander était parti la veille au soir. Kathryn libéra la main de la servante.
    — Cela n’avait pas vraiment d’importance pour moi. Puis Père est tombé malade, et le matin de sa mort il a demandé à me voir seule.
    Thomasina ne disait mot ; elle se rappelait avoir abandonné le docteur Swinbrooke pour aller en courant prévenir Kathryn dans sa chambre que le râle de la mort s’entendait dans la gorge de son père et qu’il voulait la voir en tête-à-tête.
    Kathryn se leva et, soulevant le bas de sa robe, avança jusqu’à la porte ouvrant sur le jardin.
    — C’est alors que mon père m’a avoué comment il avait tué Alexander, souffla-t-elle.
    — Votre père l’a tué ?
    Kathryn pivota, les traits tirés, ses yeux, deux puits sombres de souffrance.
    — Oui, il l’a assassiné. Il a juré devant Dieu qu’Alexander avait mérité son sort, et que lui-même avait confessé son crime au père Cuthbert.
    Thomasina s’assit. La frayeur qui l’envahissait faisait battre son coeur si fort qu’elle dut porter les mains à son ventre.
    — Pour l’amour du Ciel, Maîtresse, dites-moi où est le corps ? Et ces missives ? Disent-elles vrai ?
    — Oui, au dire de mon père. Vois-tu, ce fameux soir où nous étions absentes, Alexander s’était installé sous la tonnelle, près du portillon à claire-voie. Père lui apporta dans un grand hanap du vin auquel il avait mélangé une forte infusion de valériane. Le breuvage empoisonné aurait dû plonger Alexander dans un sommeil dont il ne se serait jamais éveillé. Père l’abandonna à son ivresse et sortit pour arpenter les rues jusqu’à ce que le poison ait accompli son oeuvre.
    Kathryn frotta ses paumes moites l’une contre l’autre.
    — Cependant, à son retour, Père trouva la coupe dans l’herbe, et Alexander avait disparu. Or Père savait que mon mari affectionnait un coin, derrière l’église Sainte-Mildred, en surplomb de la Stour, où poussent de grands saules. Il s’y rendait toujours pour se désenivrer quand il avait bu plus que de raison.
    De nouveau Thomasina hocha la tête.
    — Aussi ce soir-là, mon père se rendit au bord de la rivière juste avant le coucher du soleil. Trop tard. Alexander avait glissé ou était tombé dans la rivière, ne laissant que son manteau sur la berge.
    Kathryn avait les larmes aux yeux.
    — Voilà toute l’histoire.
    Thomasina respira à pleins poumons, puis expira à fond en regardant une tache qui maculait le devant de sa robe. L’histoire que venait de lui raconter sa maîtresse se tenait. Son père avait passionnément aimé Kathryn, et s’il ne s’en était pas beaucoup ouvert à Thomasina, celle-ci savait qu’il en était venu à haïr son gendre pour sa cruauté et ses habitudes d’ivrogne. Ce jeune propre-à-rien se rendait sans cesse dans son coin favori, au bord de la rivière. En vérité, en ces temps-là, Thomasina l’avait même soupçonné d’y rencontrer quelqu’un, et le docteur Swinbrooke avait peut-être conçu les mêmes doutes.
    — Ainsi donc Alexander a disparu, mais quelqu’un doit avoir connaissance du secret. Mais qui, pourquoi et comment ?
    Les deux femmes sursautèrent en même temps que la porte de la cuisine s’ouvrait. Arborant un justaucorps de couleur brune, une chemise ouverte d’un blanc immaculé et un haut-de-chausses en velours vert, Colum s’avança dans la pièce et referma doucement la porte. Il jeta sa cape brun-roux sur un tabouret, et Kathryn, malgré sa surprise, remarqua combien il avait soigné son apparence : il s’était rasé et avait même mis un peu d’ordre dans

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