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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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ses cheveux broussailleux. Thomasina bondit comme un chat.
    — Ces Irlandais ! siffla-t-elle. On ne peut pas leur faire confiance ! Ce sont tous des misérables !
    Colum la fixa, secoua la tête et s’inclina courtoisement devant Kathryn.
    — Mes excuses, Maîtresse Swinbrooke.
    Il souleva l’une de ses bottes en cuir souple et expliqua :
    — Elles ne font pas de bruit, et, depuis tout jeune, je marche aussi doucement qu’un fantôme.
    Il s’approcha, prit la main glacée de Kathryn et l’effleura de ses lèvres.
    — Je le jure devant Dieu, Maîtresse, je n’avais pas l’intention d’écouter aux portes, mais celle-ci était mal fermée.
    Il abandonna la main de Kathryn et recula pour s’adresser aux deux femmes :
    — Toutefois, quelle importance ? J’apprends donc qu’un salaud a eu ce qu’il méritait, et que maintenant quelqu’un vous menace pour vous soutirer de l’argent. Il haussa les épaules.
    — Je m’en doutais. Nous avons tous nos secrets.
    Il fixa durement Thomasina.
    — Je vous l’ai déjà dit, désormais ce qui afflige | votre maîtresse m’afflige aussi. Elle est maintenant au service du roi, et, heureusement, je puis l’aider.
    Il eut un geste de la main, et Kathryn aperçut l’éclat scintillant d’une amulette dorée à son poignet.
    — Il n’y a rien là de très inhabituel, poursuivit-il.
    Tous les jours, des hommes disparaissent. Si toutes les femmes abandonnées se réunissaient, elles formeraient une armée. Colum baissa les yeux et déplaça quelques brins de paille du bout de sa botte.
    — Asseyez-vous, Maîtresse, et vous, Thomasina, allez nous chercher du vin fortement coupé d’eau, car nous n’avons pas encore mangé.
    Kathryn obéit, indiquant d’un signe de tête à Thomasina de s’exécuter, parce que l’Irlandais semblait bien disposé à son égard. Il s’éclaircit la gorge avant tic reprendre la parole :
    — Je ne pense pas, Maîtresse, que votre père ait commis un meurtre.
    — Que dites-vous ?
    Colum secoua obstinément la tête.
    — Votre mari a dû survivre et raconter à quelqu’un ce qui lui était arrivé. Car certainement vous n’en avez rien dit à personne, et votre père non plus, hormis à son confesseur.
    L’Irlandais ferma les yeux pour mieux se rappeler les soldats cantonnés près de la Stour, et la liste des réclamations dressée par Holbech.
    — A-t-on jamais retrouvé le corps de votre mari ? demanda-t-il au bout d’un moment.
    — Évidemment non, et mon père et moi pouvions difficilement demander que l’on effectue des recherches.
    — Néanmoins on a retrouvé son manteau, n’est-ce pas ?
    Kathryn en convint et ajouta :
    — Je me suis renseignée auprès des sergents chargés de rassembler les troupes. Je leur ai demandé si un homme du nom de
    Wyville s’était présenté à eux, mais ils m’ont répondu que non.
    Colum pianota sur le rebord de la table.
    — Si l’on suit la rivière vers le sud, que trouve-t-on, Maîtresse ?
    — Des moulins, des digues pour retenir l’eau et faire de l’élevage de carpes, des ponts. Kathryn se tut et leva les yeux, souriant.
    — Bien sûr, je comprends, dit-elle dans un souffle, et toi, Thomasina, tu saisis aussi ? Mon père était médecin de la ville. Durant les mois qui suivirent la disparition d’Alexander, il consulta avec soin les registres des gens décédés, pour voir si l’on avait repêché de la rivière le corps d’un inconnu. Il ne trouva rien, et bien que cela lui parût singulier, il n’en fit pas état parce qu’il se sentait coupable.
    Kathryn passa un doigt sur la broderie dorée au col de sa robe.
    — Vous avez raison, Irlandais, le courant de la Stour est rapide ; l’un des moulins ou des barrages auraient dû retenir le corps d’Alexander. Mais alors la valériane ? Colum haussa les épaules.
    — C’est vous, le médecin, Maîtresse. A-t-il bu tout le breuvage ou n’en a-t-il absorbé que quelques gorgées ? A-t-il gardé le liquide ou l’a-t-il vomi ? Laissez-moi en tout cas vous affirmer une chose, Maîtresse Swinbrooke : votre mari ne s’est pas noyé, et vous pourriez bien ne pas être veuve.
    Kathryn fut glacée, brusquement.
    — Alexander pourrait revenir, murmura-t-elle dans un souffle.
    Elle abaissa les yeux sur la table, honteuse des mensonges dont elle n’avait cessé de se nourrir. Avant que son père lui ait avoué avoir empoisonné son mari, elle-même s’était efforcée de

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