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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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croire qu’Alexander avait peut-être eu un accident, qu’il s’était noyé ou tout simplement avait fui pour ne plus revenir. Quoi qu’il fût arrivé, elle s’était persuadée, pour se rassurer, que son mari ne reparaîtrait pas et elle n’avait jamais voulu affronter la possibilité qu’il le fît. Saisissant la main de Thomasina, elle éclata d’un rire bref, plein d’amertume.
    — Alexander est peut-être toujours à Cantorbéry. lit s’il était le meurtrier des pèlerins ?
    Elle était tellement bouleversée, à présent, que Thomasina dut dégager sa main en même temps qu’une idée commençait à germer dans son esprit. La servante regarda Colum avec un sourire rayonnant et déclara :
    — Écoutez, Maîtresse, sans doute pour la première fois de sa vie, l’Irlandais a parlé juste. Votre père n’était pas un assassin.
    Wyville est probablement parti faire fortune, et s’il revient, vous pourrez demander que votre mariage soit annulé par le tribunal ecclésiastique. Mais je doute qu’il reparaisse. Elle chercha le regard de Kathryn.
    — Ne voyez-vous pas, Maîtresse ? Celui qui vous fait chanter sait qu’Alexander ne reviendra pas, sinon il ne vous adresserait pas ces ignobles missives.
    Colum en convint, et, en dépit de l’état de choc où elle se trouvait, Kathryn se prit à sourire en voyant sa servante s’allier avec lui dans une entente plus singulière que celle que nouèrent jadis Hérode et Ponce Pilate. L’arrivée d’Agnes dans la cuisine mit fin à la conversation. Colum sortit dans le jardin tandis que Thomasina énumérait ses instructions à la fille de cuisine. Assise à la table, Kathryn réfléchissait à ce qu’elle avait appris. Affronter la vérité sur la disparition d’Alexander et la colère meurtrière que son père avait nourrie contre lui apportait une forme de paix. Et le maître chanteur ? Kathryn le chassa de ses pensées ; il se lasserait ou se démasquerait en se montrant tel qu’il était : un criminel que l’on n’avait pas à redouter.
    Enfin, Thomasina, qui bavardait comme une pie, convainquit sa maîtresse de regagner sa chambre. Là, Kathryn acheva de se préparer, enfila ses bas et ses bottes en souple cuir brun, puis colora légèrement son visage. Ensuite, on ferma bien les portes, une Agnes déjà tout ensommeillée s’entendit répéter les consignes habituelles, et Kathryn, Colum et Thomasina sortirent dans Ottemelle Lane. Ils remontèrent St Margaret’s Street, traversèrent Mercery pour gagner Burgate noyé dans l’ombre des hautes tourelles, tours et pignons de la cathédrale. Cantorbéry était presque désert. Hormis les vigiles nocturnes, seuls rôdaient dans les rues quelques chasseurs de rats à demi soûls et autres rustres.
    Colum, un bras passé sous celui de
    Thomasina, taquinait gentiment la servante.
    — C’est une heure bien tardive pour souper, dit-il. Il est vrai que les médecins ne sont pas comme nous, ajouta-t-il avec un regard malicieux à Kathryn qui marchait paisiblement à côté de lui, ils ont le temps et peuvent attendre pour se nourrir des fruits de leur prospérité.
    Thomasina continua sur le même ton en indiquant l’amulette en or au poignet de l’Irlandais :
    — Notre prospérité au moins est honnêtement gagnée, Maître Murtagh, et pas en pillant les autres.
    L’Irlandais se mit à rire, de fort bonne humeur, maintenant, tandis que Thomasina donnait libre cours à sa langue acérée.
    Ils trouvèrent le collège sans difficulté : la grande bâtisse en bois s’élevait sur quatre étages dans Queningate Lane, où elle jouissait d’une belle vue sur les jardins de la cathédrale et ceux de l’abbaye de Saint-Augustin. Il s’agissait en fait de trois corps de bâtiment réunis en un, où l’on pénétrait par un haut portique que fermaient des battants de bois. Kathryn avait entendu dire que des collèges semblables existaient à Londres et à Paris. Les médecins y mettaient en commun leurs ressources et leur expérience afin d’obtenir davantage de profit et de mieux contrôler leur métier. Cantorbéry heureusement comptait suffisamment de monde avec ses habitants et les milliers de pèlerins pour que Kathryn et son père n’aient jamais eu à s’élever contre ce genre de pratique.
    Thomasina leva des yeux pleins d’envie sur les fenêtres à meneaux et les colombages fraîchement repeints de noir, entre les pans de plâtre d’un blanc éblouissant. Comme elle,

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