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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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Colum admirait le bâtiment.
    — Dieu soit loué ! murmura-t-il. On ne trouverait pas pareille bâtisse dans tout Dublin. Le roi dit vrai quand il assure que ses marchands sont des princes et qu’il veut être l’un d’entre eux.
    Sur ces mots, il frappa à la petite poterne qu’un portier ouvrit presque aussitôt. L’homme les conduisit dans une cour qu’éclairaient brillamment des torches de poix fixées aux murs par de gros crochets en fer, et qui crépitaient en brûlant. Sur cette cour, vaste comme celle d’une bonne taverne, s’ouvraient des dépendances, des écuries et des réserves, ainsi qu’une grande cuisine surmontée d’un toit en forme de cône qu’une longue galerie reliait au corps de logis. Un haut mur de brique rouge s’élevait derrière, et même de là où elle se tenait, Kathryn percevait des bruits et des cris d’enfants qui jouaient.
    — C’est là que se trouve sans doute leur jardin, murmura Thomasina. Un vrai jardin, Maîtresse ! Pourquoi des gens vivant ici commettraient-ils des meurtres sanglants ?
    — Allez donc à Londres, intervint Colum d’un ton railleur. Les palais sont remplis d’assassins !
    La conversation n’alla pas plus loin, brusquement interrompue par Chaddedon et Darryl qui venaient d’apparaître. Tous deux s’étaient apprêtés avec soin et portaient des chemises blanches à haut col, nouées autour du cou par une fine chaîne d’or, et des tuniques matelassées sans manches, garnies de coûteuse laine de mouton pour protéger de l’air frais de la nuit. Darryl s’inclina cérémonieusement devant ses hôtes sans prononcer un mot. Chaddedon, en revanche, ne dissimula pas son plaisir à revoir Kathryn. Il embrassa chaleureusement Thomasina sur les deux joues, serra la main de Colum, bien que celui-ci fût sur la réserve, et baisa galamment le bout des doigts de Kathryn, qui rougit. Le regard de Chaddedon était gentiment moqueur, comme s’il se plaisait à la taquiner. Puis, reculant d’un pas, il étendit les mains et déclara :
    — Soyez les bienvenus dans notre modeste maison. Mais venez donc, les autres attendent.
    À la suite de Chaddedon, les trois invités pénétrèrent dans le bâtiment et suivirent un long couloir lambrissé, qui menait dans une salle spacieuse, percée de fenêtres garnies de losanges de verre coloré sertis de plomb. Un feu brûlait dans la grande cheminée à hotte ; des torches et des bougies donnaient vie à la pièce, leur lueur projetant des ombres mouvantes sur les tapisseries et tentures suspendues aux murs. L’opulence ici était de bon goût : tapis de laine au sol, sièges capitonnés à hauts dossiers, coffres et armoires munis de serrures, plaques héraldiques au-dessus de la cheminée. À une extrémité de la salle, on avait dressé pour le souper une grande table de chêne sous un petit dais. Des chandeliers en argent jetaient sur les gobelets de verre, les assiettes et les carafes des lueurs miroitantes. Un serviteur prit les manteaux des invités pendant que Kathryn promenait autour d’elle un regard ébloui. Ah, si son père avait vécu plus vieux, lui aussi aurait pu récoller semblables fruits de son labeur !
    — Les autres nous attendent, répéta Chaddedon, entraînant ses hôtes vers la petite assemblée assise auprès de la cheminée, et qui maintenant se levait. Straunge, tout maigre, semblait désapprobateur. Newington, vêtu avec sobriété, soigneusement peigné, affichait un mince sourire, ses yeux furtifs surveillant tout. Il salua Kathryn. Quant à Cotterell, il chancelait dangereusement sur ses jambes, avait le regard vague et ne cessait d’humecter ses lèvres épaisses ; il avait déjà beaucoup trop bu. Sa femme se tenait à côté de lui, petite et menue, son joli visage, bien qu’un peu aigu, encadré de cheveux de lin. Kathryn lui trouva une ressemblance avec une poupée qu’elle avait eue, autrefois. Entre Matthew Darryl et Newington avait pris place Marisa, la fille du magistrat. Elle ressemblait à son père avec son visage étroit, ses lèvres minces et ses yeux très mobiles.
    Les deux femmes en tout cas ne firent aucun effort pour mettre à l’aise Kathryn et ceux qui l’accompagnaient. On apporta des sièges, puis l’on servit du vin blanc, et la conversation roula à bâtons rompus sur le temps, les pèlerins et les nouvelles de la cour du roi, à Londres. On s’interrogea aussi sur Faunte et d’autres rebelles. Où étaient-ils

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