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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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d’un ton accusateur. Newington recula d’un pas.
    — Quel quartier ?
    — Westgate. La putain qui a été assassinée en venait.
    Renversant la tête en arrière, Newington éclata d’un rire franc.
    — Dieu nous protège, Irlandais, je ne mettrais jamais les pieds dans un quartier pareil. Le mien est celui où habite mon gendre. J’y suis né. Non, non, dit le magistrat après avoir pris une profonde inspiration, s’il ne tenait qu’à moi, je ferais brûler Westgate. Kathryn regarda Colum.
    — Je ne vois guère ce que nous pouvons faire de plus, dit-elle, et Maître Darryl a raison : faute de preuve, nos questions ne riment pas à grand-chose. Messieurs, je vous dis adieu.
    Puis, avant que Colum ne l’arrête, elle traversa le cimetière en direction de la porte principale de l’église.
    — Vous vous êtes montrée trop complaisante avec eux.
    La voix l’immobilisa net et Kathryn se retourna. Colum, qui l’avait rattrapée, la fusillait du regard. Elle s’adossa au mur de l’église. Deux jeunes garçons passèrent chargés de costumes, robes, châles, d’ailes pour un ange ainsi que d’une lune argentée et d’un soleil doré.
    — Que faire ? soupira Kathryn. Ce meurtrier a trop d’avantages sur nous.
    — Nous pourrions aller à Westgate.
    C’était Luberon qui avait parlé de sa voix aiguë. Il soufflait et haletait pour avoir couru.
    — Nous mènerions l’enquête là-bas.
    — Certes, murmura Kathryn comme si elle se parlait à elle-même. Et nous pourrions aussi le faire à l’église Saint-Pierre. Pourtant quelque chose me gêne et...
    Elle n’acheva pas sa phrase. En vérité, elle irait à Westgate, mais ne voulait éveiller la méfiance de personne.
    Colum resserra sa ceinture.
    — A chaque jour suffit sa peine, récita-t-il.
    Il fît un clin d’oeil à Luberon.
    — Eh oui, Maître clerc, je connais les Saintes Écritures. Maîtresse Kathryn, d’autres devoirs m’attendent.
    — Comme nous tous, rétorqua-t-elle.
    Colum fit la grimace et sortit de l’église pour se fondre dans la foule qui se bousculait dehors. Kathryn le regarda disparaître, puis reporta son attention sur Luberon.
    — Eh bien, Maître clerc, si nous tentions notre chance du côté de Westgate ?
    Luberon leva les yeux vers le soleil maintenant haut dans le ciel.
    — Vous n’irez pas là-bas toute seule, Maîtresse, je vous accompagne, mais je veux d’abord voir John.
    — Qui ça ?
    — Newington, John Newington. Il faut que je parle de cette affaire avec lui. Pouvez-vous m’attendre ?
    Kathryn acquiesça et sortit sans hâte. Dehors, avec le beau temps, les gens se pressaient nombreux dans Horsemill Lane. Ils se bousculaient autour des étals dressés sous les avancées des toits des maisons. Ces éventaires proposaient surtout des articles en étoffe : coussins en tartan vert bordés de soie, robes rouges aux manches damassées, tentures colorées, soyeux ciels de lit, courtepointes, draps et napperons. Kathryn regardait ce déballage de marchandise en gardant une main sur son sac, car elle avait aperçu Tête de Rat, un petit garnement aux cheveux sales qui vivait avec sa mère dans une impasse, non loin d’Ottemelle Lane. Doté de doigts plus agiles que ceux de la meilleure des couturières, Tête de Rat avait une réputation de voleur à la tire qui se confirmait davantage tous les jours.
    Luberon resterait un moment à discuter avec Newington, aussi Kathryn avança-t-elle dans la rue, s’arrêtant devant d’autres étals qui offraient des bols, des assiettes, des chapelets, des perles d’ambre, des godets en étain. Du bruit dans son dos attira son attention : elle se retourna pour voir un petit attroupement devant la vieille croix du marché, où un vendeur de reliques avait dressé son éventaire. L’homme avait une tête d’oiseau avec un grand nez recourbé en forme de bec, et de gros yeux protubérants. Son maigre cou rappela à Kathryn celui d’un méchant poulet dans une cour de ferme.
    — Braves bourgeois, criait l’homme, je puis vous montrer la crête du coq qui chantait dans la basse-cour de Pilate, un éclat de bois de l’arche de Noé, et regardez, une plume d’un ange de Dieu !
    — Dis plutôt qu’elle vient de l’oie que tu as mangée hier pour ton dîner ! hurla quelqu’un. Le marchand de reliques, faisant contre mauvaise fortune bon coeur, se mit à rire. Kathryn sourit, se rappelant Les Contes de Cantorbéry de Chaucer, et ce

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