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Meurtres dans le sanctuaire

Meurtres dans le sanctuaire

Titel: Meurtres dans le sanctuaire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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ajouta Kathryn avec un pas de côté pour l’éviter.
    Il n’était pas si aisé de se débarrasser du clerc, qui se collait à vous comme une ombre. Il sentait l’aigre, et Kathryn s’efforça de ne pas froncer le nez.
    — Je voulais passer vous voir, Maîtresse, reprenait l’homme, à cause de certains dérangements dont je souffre.
    — Il y a d’autres thérapeutes, Maître Goldere, répliqua Kathryn. Je suis médecin et apothicaire, mais pas à votre service exclusif.
    — Peut-être alors accepteriez-vous de vous joindre à moi pour boire un bouillon ou partager un repas ?
    — Je suis une femme mariée, Maître Goldere !
    — C’est vrai ! Et comment se porte votre mari ? Avez-vous de ses nouvelles ?
    Kathryn détourna les yeux. Goldere était-il l’auteur des messages anonymes ? Il reprit avec malveillance :
    — C’est qu’on dit beaucoup de choses, savez-vous ? Pourquoi ne portez-vous pas le nom de votre époux ?
    Kathryn s’immobilisa, ses yeux lançant des éclairs. Nerveux, Goldere recula.
    — Vous connaissez la loi, Maître Goldere, murmura-t-elle, contenant sa colère. Mon mari, que Dieu l’absolve, est mort, c’est probable. Je suis sa veuve et puis donc, en mon nom propre, hériter de son bien. Maintenant, monsieur, je vous dis adieu.
    Elle se remit en marche tandis que Thomasina se glissait auprès de l’homme.
    — Maître Goldere, chuchota-t-elle.
    — Oui ?
    Il avait peur de cette femme pas bien grande, mais qui en imposait avec son visage pâle et résolu, dont les yeux bruns le regardaient d’un air peu avenant.
    — Maître Goldere, reprit la servante, vos tripes remplissent-elles leurs bons offices ?
    Le clerc pivota, portant les mains à son haut-de-chausses tendu en travers de son derrière.
    — Je m’interrogeais simplement, ajouta Thomasina qui fit un sourire angélique avant d’emboîter le pas à sa maîtresse.
    Les deux femmes remontèrent Crimelende Street pour pénétrer dans l’hospice des Prêtres Indigents, une grande bâtisse en pierre de deux étages. Le prieur, le père Cuthbert, les attendait dans sa petite cellule aux murs lambrissés de chêne. Il se leva et serra chaleureusement la main de Kathryn.
    — Nous pensions que vous viendriez plus tard, Maîtresse Swinbrooke.
    — D’autres affaires m’appellent, mon père.
    — Entrez, entrez.
    Le père Cuthbert les conduisit à l’étage, dans une longue salle au plancher ciré. Sous les grandes fenêtres garnies de verre coloré, des lits sculptés étaient disposés à angle droit contre les murs. Sous la haute charpente de bois, les murs étaient blanchis à la chaux, ce qui accroissait encore l’impression d’espace et de fraîcheur. La propreté du lieu étonnait toujours Kathryn. Les matelas garnis de paille étaient suspendus par des cordes aux quatre montants des lits, afin que l’air circule par-dessous, et qu’il n’y ait pas de mauvaises odeurs dans la salle. Les vieux religieux malades reposaient sur les oreillers de plume, entre des draps propres recouverts de lourdes courtepointes grises.
    Kathryn ouvrit le panier que portait Thomasina et tendit un petit pot au père Cuthbert.
    — C’est une décoction de saxifrage et de persil dans de la bière, expliqua-t-elle. Voilà qui devrait aider la vessie du père Dunstan à expulser son caillou. Et dites-moi, le père Benedict souffre-t-il toujours de dysenterie ? Le prieur hocha la tête, souriant du ton très sérieux de Kathryn.
    — Qu’il ne mange que du bon gruau, et qu’il absorbe ceci, poursuivit-elle, en remettant au prêtre un autre pot.
    — Qu’est-ce ?
    — Du miel et de la farine de froment bouillis avec du lard salé et un peu de cire.
    Cela devrait colmater ses boyaux.
    — Et pour le paiement ? murmura le père Cuthbert.
    — Nous ferons comme d’habitude. À la fin de chaque mois, Thomasina vous apportera une facture.
    Kathryn sourit.
    — Je vous promets que cela ne vous coûtera pas très cher. Tout va bien ici, mon père ?
    Le prêtre haussa les épaules, tandis que son regard effleurait rapidement Thomasina, très réservée.
    — La mort est inévitable, Maîtresse Kathryn, soupira-t-il. Nous ne pouvons que faciliter l’ultime rencontre.
    Ses yeux graves considéraient Kathryn attentivement.
    — Maîtresse Swinbrooke, tout va bien pour vous ?
    Kathryn soutint le regard de Cuthbert. Dans son ample robe grise, avec son visage toujours prêt à rire malgré ses yeux inquiets,

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