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Mon Enfant De Berlin

Mon Enfant De Berlin

Titel: Mon Enfant De Berlin
Autoren: Anne Wiazemsky
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Ambiance sympathique, rien que des amis à Berlin, qui tous seraient incapables de venir à Paris et très déçus (nombreux alliés). 2) Simplification à l’extrême de tous les préparatifs, etc. Toute la division y participera. 3) Économie considérable. 4) Propagande française vis-à-vis des Alliés. Venue de Monsieur François Mauriac à Berlin. Possibilité qu’il y fasse une conférence. Paris, avantages positifs : Possibilité de rassembler l’arrière-ban des familles. Avantage discutable du point de vue de Claire et Wia, mais probablement réel du point de vue des parents. Paris, avantages « passifs » : 1) Déception réelle de Claire et Wia. 2) Absence de presque tous les amis, français ou alliés. 3) Nécessité plus ou moins primordiale de faire un « grand mariage », ce qui est : rasant, coûteux, compliqué, source de vexations (gens qu’on oublie), « publicité » fatale, que Monsieur François Mauriac semble craindre à la suite de « l’histoire ». 4) Absence de voitures. 5) Préparatifs nombreux et compliqués. 6) Complication du point de vue du choix de l’église. L’idéal serait soit mariage dans les deux églises, soit mariage catholique, rite oriental. Les deux semblent plus difficiles à réaliser à Paris. 7) Complications vestimentaires (surtout pour Wia). Ceci dit, il n’est naturellement pas question de passer outre un veto des parents pour Berlin, mais simplement de leur exposer combien Claire et Wia préféreraient un mariage à Berlin. » Alors, les filles, vous pensez quoi ?
    Rolanne hoche la tête, ébauche un sourire rêveur. Comme toujours, elle prend la question au sérieux, se réserve un temps de réflexion. Mistou, plus rapide, se compose un air grave et d’une étrange voix masculine qui se voudrait cassée :
    — Votre plaidoirie, monsieur de Rosen, nous a convaincus, ma femme et moi. Notre fille épousera Yvan comme elle le souhaite, à Berlin. Je suis par ailleurs très curieux de rencontrer l’escadron de charme de la Croix-Rouge française, si sexy...
    Elle ne peut aller plus loin dans son imitation de François Mauriac et éclate de rire suivie de Claire et de Rolanne.
    — Je vous dérange ?
    Les trois amies n’ont pas vu apparaître Olga qui se tient discrètement dans l’embrasure de la porte. Elle est rentrée la veille d’un séjour à Paris où elle était allée fêter Pâques dans sa famille. Elle tend en direction de Claire un minuscule paquet rose ficelé d’un ruban violet.
    — Pour vous, dit-elle. De la part de la princesse Wiazemsky.
    Comme mues par une soudaine nécessité qui les appellerait ailleurs, Rolanne et Mistou se lèvent et quittent la cuisine. Olga tire une chaise, s’assoit près de Claire, les yeux brillants d’impatience. Claire a ouvert le paquet et fait maintenant rouler dans sa main un petit œuf en or.
    — Chez nous, on a coutume d’offrir un bijou en forme d’œuf pour célébrer les fêtes de Pâques. Le vôtre est modeste puisqu’il n’a pas de pierres précieuses incrustées mais simplement une croix cyrillique peinte à la main, mais c’est tout de même un Fabergé. Les femmes les rajoutent chaque année à la même chaîne. J’ignore combien en possède votre future belle-mère, mais je parie qu’elle a retiré celui-là de sa collection pour vous en faire cadeau. Une manière délicate de vous introduire dans nos coutumes. Je sais que vous portez une médaille de la Vierge autour du cou. Voulez-vous y rajouter ce petit œuf ? Je vais vous aider... Wia sera si content.
    Olga retire la chaîne, ajoute le petit œuf doré, rattache le tout au cou de Claire. Celle-ci la laisse faire, sans un mot, sans un geste, sans manifester la moindre émotion. Cette absence de réaction surprend, puis inquiète Olga.
    — Quelque chose ne va pas ?
    — Je crois que c’est vous qui devriez épouser Wia, pas moi.
    — Oh, Claire ! Comment pouvez-vous dire de pareilles sottises ?
    — C’est la vérité. Vous partagez la même langue, la même culture, la même histoire. Wia et moi sommes sur deux planètes différentes...
    Claire fixe Olga d’un air provocant. Elle voit la rougeur envahir son visage, la détresse de son regard. Elle pense sincèrement ce qu’elle vient de dire même si elle sait qu’elle n’exprime, peut-être, qu’une pensée passagère et sans importance. Elle sait aussi qu’elle est injuste car elle croit avoir deviné un secret : Olga est en train de tomber
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