Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
laisser vos
chevaux plus loin et prendre un sentier.
    — L’ermite est loin ? demanda Guilhem en
levant les yeux vers le ciel qui s’assombrissait.
    — Il vit dans les grottes, mais il y en a
plusieurs. Il peut être dans n’importe laquelle. Je vais vous montrer celle où
on vient prier le dimanche. C’est lui qui prêche et c’est là qu’il est le plus
souvent. C’est son église.
    Ils laissèrent les montures où le gamin le leur
conseilla. Alaric resta à les surveiller. Guilhem aurait voulu que Sanceline
attende aussi, mais elle insista pour les accompagner. Elle l’aida à ôter son
haubert et Alaric fit de même avec Wolfram, car le talus à gravir était escarpé
avec, par endroits, des éboulements de roches.
    C’est alors que Guilhem remarqua le crottin. Il
n’en avait pas vu en chemin, mais il n’y avait aucun doute : d’autres
chevaux s’étaient arrêtés là peu de temps auparavant. Le sol était trop
rocailleux pour laisser des traces de sabots ; aussi on ne pouvait pas
savoir combien ils étaient.
    — Tiens-toi sur tes gardes, fit Guilhem à
Alaric en lui montrant les crottes. Garde ton arbalète prête et appelle à la
moindre alerte.
    L’ascension fut plus facile qu’il ne le craignait.
Le gamin devait en avoir l’habitude car il grimpait à toute allure. Il disparut
rapidement à leurs yeux, ayant atteint un replat. Seulement, au bout d’un
instant, il se mit à crier :
    — Seigneur ! Seigneur !
    Sa voix avait changé de ton. Elle exprimait toute
la terreur du monde. Guilhem s’agrippa à des touffes de cistes pour aller plus
vite et, en quelques enjambées, il arriva sur une sorte d’esplanade au bout de
laquelle on apercevait l’entrée d’une cavité.
    Le gamin était devant, à genoux, terrorisé.
    — Qu’y a-t-il ?
    — Seigneur… Seigneur ! répétait-il.
    Guilhem tira son épée et se précipita vers la
grotte, Wolfram derrière lui avec Sanceline.
    Juste devant l’entrée de la caverne se trouvait un
pauvre corps nu et brisé, à moitié dissimulé sous un fourré d’épineux.
    C’était un vieillard à la longue chevelure couleur
de neige. Il avait été battu, flagellé, puis on lui avait coupé la gorge.
    Sanceline, horrifiée, avait pris l’enfant pour
s’éloigner de quelques pas.
    Guilhem et Wolfram, eux, restaient immobiles,
indécis et pleins de rage.
    — Combien de morts verra-t-on encore ?
sanglota doucement Sanceline.
    — On va les retrouver, lui promit Guilhem. Je
leur ferai payer ce nouveau crime. Je te le jure.
    — Je ne reverrai jamais mon père,
balbutia-t-elle. Cet ermite était notre seul espoir.
    Wolfram, penché sur le corps, l’examinait.
    — Je ne crois pas que ce soit Dracul et ses
valaques, fit-il enfin. Ce pauvre homme a juste reçu des coups. Des soufflets,
des coups de poings. Ils lui ont brisé le nez, la mâchoire. Puis ils l’ont
fouetté avec une bride de cheval. Le comte Dracul aurait utilisé un couteau, ou
pire. Ce sont juste des brutes qui ont fait ça.
    — Dracul peut avoir d’autres talents que nous
ne connaissons pas, observa sombrement Guilhem.
    Il lui revint alors à l’esprit ce qu’Amicie lui
avait confié sur Brasselas : qu’il aimait fouetter lui-même les serviteurs
de son maître avec une bride. Gilabert l’avait même menacée de ce châtiment.
    — Brasselas ! gronda-t-il. C’est
Brasselas !
    En quelques mots, il raconta ce qu’Amicie de
Villemur savait sur le chevalier de Gilabert.
    — Cela confirmerait qu’il soit au service des
Valaques, remarqua Wolfram, songeur.
    — Ce pourrait tout de même être les moines,
remarqua Sanceline. Ils aiment aussi la flagellation.
    — Des religieux ? Torturer ainsi un
saint homme ? Impossible ! protesta Wolfram.
    — Sanceline n’a pas tort. Après tout, cet
ermite n’était pas un saint homme pour eux, c’était un hérétique.
    — Quel qu’il soit, il est mort il y a
seulement quelques heures, observa Wolfram en tâtant les plaies.
    — Ce sont certainement les cavaliers qu’on
nous a signalés, ceux dont un cheval a laissé son crottin en bas. Mais comment
peux-tu être sûr du moment de sa mort ?
    — Vois-tu, Kyot, après la mort, les chairs
durcissent pendant quelques heures. On ignore pourquoi, mais c’est toujours
comme ça. Ensuite le corps se putréfie et les chairs s’amollissent. Chez cet
homme, cela commence à peine. De plus, regarde ici, le fouet l’a fait saigner
et la plaie est à peine

Weitere Kostenlose Bücher