Montségur, 1201
sèche.
Guilhem opina avant de jeter un regard circulaire
autour d’eux, pour découvrir d’autres indices.
Il remarqua alors un grand pentacle sculpté dans
la paroi rocheuse.
— Allons voir à l’intérieur, proposa-t-il.
Il arracha quelques touffes de ciste et de romarin
bien sec, les tordit pour en faire une torche. Puis, s’étant accroupi et ayant
retiré de la petite corne de vache, attachée à son baudrier, la rondelle de
bois qui faisait bouchon, il en sortit un morceau de pyrite, un silex, de
l’amadou bien sec et une brindille soufrée. Il frappa la pyrite contre le
silex, provoquant une flamme dans l’amadou avec laquelle il alluma d’abord la
brindille, puis la torche. Ayant soigneusement remis l’amadou dans la corne, il
se redressa et entra dans la caverne qui n’était pas totalement obscure.
Après quelques pas, il franchit une seconde
ouverture qui conduisait à une autre salle avec un trou béant, comme une
immense fenêtre sur l’extérieur, dominant les montagnes.
Très propre, la grotte avait une table de pierre
pour seul mobilier, une sorte d’autel. Dans un renfoncement étaient rangés une
paillasse, un bol et une jarre.
Guilhem examina partout, cherchant vainement
quelque signe, puis il revint sur ses pas et découvrit un escalier dans la
roche. Il l’emprunta. Par un couloir bas et étroit, il pénétra dans une
nouvelle excavation. Un bassin recueillait l’eau de la voûte. Dans une niche,
une lampe à huile était éteinte. Une pierre plate servait de table, mais il n’y
avait rien dessus.
Guilhem devina qu’il était dans un lieu de culte [55] , mais si l’endroit
avait contenu quelques objets précieux, on les avait volés. C’est en examinant
les parois qu’il découvrit qu’on y avait tracé une sorte de mamelon. Il avait
déjà vu Montségur et il reconnut la forme caractéristique de la montagne.
Passant la torche devant le dessin, il remarqua une inscription : ORBE MCC D O . Devant D était dessinée une sorte
de soleil.
Cela avait-il un sens ?
N’en trouvant aucun, il poursuivit son
exploration. Une autre galerie partait de la grotte, mais elle conduisait à des
ramifications et sa torche était presque entièrement consumée. Il revint donc
sur ses pas. Si l’ermite cathare gardait un secret, il l’avait emporté dans la
mort. Sauf s’il l’avait révélé à ceux qui l’avaient torturé.
Il ressortit. Wolfram avait tiré le corps à
l’intérieur, à l’abri des bêtes féroces. Ni Sanceline ni l’enfant
n’apparaissaient. Étaient-ils descendus ?
Inquiet, il retourna au sentier en éboulis et
entendit des éclats de voix. Il se pencha et découvrit quatre cavaliers armés
venant d’arriver.
Chapitre 24
— G uilhem ! cria Sanceline, il n’y a rien à craindre, ce
sont des gens du château !
Rassurés, ils descendirent rapidement. La nuit
tombait.
En bas, Sanceline parlait avec un jeune chevalier
casqué revêtu d’une vieille broigne maclée en buffle éraillé et aux anneaux
rouillés. Éperons de fer à ses soliers, il portait une large épée à la garde en
croix, sans fourreau. Près de lui se tenait un second chevalier au visage
masqué par le large nasal de son casque en pointe. Deux porteurs d’épieux les
accompagnaient.
— Le seigneur Bayard m’a envoyé vous porter
assistance, dit le jeune homme. Cette dame, et Ramon, viennent de me dire que
notre saint ermite est mort…
Ému, il ne le cachait pas, mais ses yeux brûlaient
de haine.
— Oui, ignoblement assassiné. Sans doute par
ceux qui sont passés dans les pâturages cet après-midi et que vos gardes nous
ont signalés. Le comte de Foix a mis leur tête à prix. Je les rattraperai.
— Combien sont-ils ? demanda le
chevalier.
— Une dizaine, sans doute, et surtout
mortellement dangereux. Ne vous frottez pas à eux.
— On verra, répliqua farouchement le jeune
homme. Pourquoi ont-ils tué notre saint homme ?
— Cet ermite connaissait un secret qu’ils
voulaient lui voler. Ils l’ont torturé pour l’obtenir. J’ai mis son corps à
l’abri dans la grotte. Venez demain pour l’ensevelir.
Le jeune chevalier se nommait Guiraud Agulher. Le
jeune Ramon était son frère. Tous deux suivaient la religion des bons hommes ,
des Albigeois, comme la plupart des habitants du château et du village. En
chemin, Guilhem lui dit quelques mots de l’attaque contre le convoi
d’Esclarmonde, mais sans entrer dans les détails.
— Ceux qui
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