Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
dites philosophiques qui ne faisaient guère mystère de leur croyance
en la « race pure », bien entendu la race « aryenne », et
qui affirmaient bien haut la prédominance de la tradition « nordique »
en face du cosmopolitisme représenté par la Méditerranée. C’est dans ce
fourmillement de sectes que prit naissance le fameux groupe Thulé, qui eut une
influence incontestable sur la constitution de l’idéologie nazie.
    Le groupe Thulé est issu de l’ Ordre
des Germains , fondé en 1912. L’un des animateurs de l’Ordre, Rudolf von
Sebottendorf, était chargé de la « province » bavaroise, et c’est lui
qui entraîna la « province » dans une scission qui conduisit à la
constitution du groupe Thulé. Le nom choisi pour cette société est révélateur :
il s’agit d’une référence précise à l’ Ultima Thulé ,
cette île mythique et pourtant bien réelle des Hyperboréens, là où se déroule
le combat éternel entre le Feu et la Glace (les volcans et la banquise). Il est
possible que le nom de Thulé provienne d’une racine indo-européenne signifiant « balance »
(en sanscrit Tûla ) et qu’il ait désigné
autrefois la position de l’Étoile Polaire dans le signe de la Balance. Il est
possible également d’y voir le mot grec tholos qui signifie « brouillard », ce qui caractériserait assez bien cette
île lointaine. Quoi qu’il en soit, le groupe Thulé a exercé une influence
profonde sur des hommes qui allaient fonder le parti national-socialiste en
Bavière. Sans insister sur ce point, rappelons pourtant ce que Alfred Rosenberg,
l’un des théoriciens les plus virulents du nazisme, a écrit à ce sujet :
« La société Thulé ? Mais tout est parti de là ! L’enseignement
secret que nous avons pu y puiser nous a davantage servi à gagner le pouvoir
que les divisions de S. A. et de S. S. Les hommes qui avaient fondé
cette association étaient de véritables magiciens. »
    Cet aspect magique du groupe Thulé a été largement étudié, comme
l’origine initiatique du mouvement nazi. Il est inutile d’y revenir, mais il
importe de considérer l’intérêt manifesté pour les Cathares par toutes les
sociétés plus ou moins secrètes et apparemment philosophiques en fonction du
retour au symbolisme nordique. Les Cathares se sont peut-être manifestés dans
des pays du sud, mais les composantes nordiques de leur doctrine ne font aucun doute et expliquent suffisamment que les « nordiques »
contemporains se soient longuement penchés sur eux, cherchant à déterminer quel
était le sens exact de leur démarche et, s’ils avaient eu des « secrets »,
quels pouvaient être ces secrets. L’invasion des « Polaires », dénoncée
le 6 mars 1932 dans l’édition ariégeoise de La
Dépêche , n’est pas une légende : en l’occurrence, cette année-là, Otto
Rahn débarquait dans la région d’Ussat et d’Ornolac. Et le quotidien de
Toulouse de poser ces questions : « Que donneront ces recherches et
qui découvrira le premier les trésors et manuscrits cathares, de M. Arnaud,
l’ingénieur français, à Montségur, ou de M. Rams ( sic , il s’agit de Rahn), le « Polaire »
allemand, à Ornolac ? » Comme quoi le but réel ou imaginaire, fantasmatique
ou symbolique, de toute recherche en pays cathare est toujours celle d’un « trésor ».
    Les « Polaires » dont il était question en 1932, sont,
toujours d’après La Dépêche , « une bande
de visiteurs étrangers appartenant à une société théosophique dont le siège est
à Paris ». Mais la référence « polaire » n’est pas gratuite. La
mythologie germano-scandinave fait décidément bon ménage avec le catharisme.
    Le problème n’est pas de savoir ce que cherchaient ces « Polaires »
ni si Otto Rahn a découvert ce qu’il cherchait, c’est-à-dire la confirmation de
ce que prétendaient les sociétés philosophiques ou initiatiques du début de ce
siècle. On trouve toujours ce qu’on a décidé de trouver. Le problème est de
savoir pourquoi Montségur et les sites cathares ont tant motivé les chercheurs « nordiques ».
    Dans l’image mythologique germano-scandinave, le Nord n’est
plus un point de repère géographique, mais un lieu symbolique, le lieu où
convergent les grandes forces qui animent le monde. L’idée de pôle , et surtout le pôle nord, qui est liée au fait
scientifique de l’existence d’une masse de fer aimanté quelque

Weitere Kostenlose Bücher