Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
barrière de brume ou de glace,
qui osent s’attaquer au silence, peuvent regarder ce qu’il y a de l’autre côté . C’est toujours la même quête
perpétuellement recommencée, perpétuellement remise en cause : là-bas, au
loin, il y a la certitude, mais peu nombreux sont ceux qui l’atteignent.
    Voilà pourquoi tant de gens s’élancent à l’assaut du pog de Montségur. C’est un pôle symbolique, une
Olympe mythologique, un nombril du monde. La présence des Cathares et la
recherche du secret qu’ils y auraient caché ne constitue qu’un prétexte : l’essentiel
est de gravir les flancs de la montagne pour déboucher en pleine lumière. Chez
la plupart des peuples de l’Antiquité, on s’orientait face au soleil levant, et
à gauche, c’était le côté sinistre , le côté
inquiétant, celui du mystère. Parce que là, vers le nord, il n’y a jamais de
soleil : par conséquent, c’est dans cette direction qu’il doit se
manifester de la façon la plus secrète qui soit, et seulement à ceux qui
peuvent le discerner dans l’obscurité.
    Tel semble être le sens du pôle, et particulièrement du pôle
Nord, qui draine et entraîne autour de lui toutes les images de la Pureté
retrouvée. Montségur, « phare » du catharisme, ne pouvait pas être
autre chose.

V

MONTSÉGUR ET LE GRAAL
    En 1933, c’est-à-dire peu après qu’Otto Rahn se fut
manifesté dans la haute vallée de l’Ariège et à Montségur, on fit une curieuse
découverte dans une petite grotte située sous les ruines du château de
Montréal-de-Sos. Il s’agit d’une représentation symbolique peinte sur une des
parois lisses de la grotte, qui a été signalée par Alex Coutet dans un article
de La Dépêche , et examinée plus tard par un
préhistorien, l’abbé Glory.
    En voici la description par Alex Coutet : « C’est
un carré au trait rouge de quarante centimètres de côté environ. Deux autres
carrés plus petits sont inscrits à l’intérieur, l’un dans l’autre. Des croix au
double tracé, alternativement croix grecques et croix de Saint-André, forment
comme un encadrement au plus petit carré inscrit, dans lequel sont figurées d’autres
croix alternant avec des flammes rouges. En dehors du carré et au-dessus, s’échappe
une lance ; à côté de la lance est tracé un cercle au pourtour rouge, à l’intérieur
gris-blanc. Six croix au simple trait sont dispersées en dehors du carré. »
    C’est tout. Mais sous la plume d’Antonin Gadal, cela devient
tout autre chose : « C’est dans cette grotte à double et même triple
issue… que se trouve un tableau en trois couleurs, blanc, noir et rouge : dessin
se rapportant directement au Perceval le Gallois , de Chrétien de Troyes. On y voit sur la
paroi rocheuse, de belle taille, mais légèrement détériorés par les intempéries :
des croix rouges, une épée brisée, une lance, un taillover ( sic ) décoré portant cinq gouttes de sang et, au
centre, le Graal en forme de soleil resplendissant. Dessin unique au monde :
un coup d’œil, et tout le livre de Perceval défile instantanément devant vous [40]  ». Suivent
différents commentaires soi-disant puisés dans Chrétien de Troyes, mais en fait
empruntés à n’importe quoi, aussi bien au texte de Wolfram von Eschenbach qu’à
celui de l’ Estoire du saint Graal ou à celui
de la Quête du saint Graal . Il est évident qu’Antonin
Gadal n’a jamais lu le texte de Chrétien de Troyes en entier – ni même les
autres textes. Il se serait aperçu que les trois couleurs
dont il parle (blanc, noir et rouge) ne se trouvent pas dans le texte de
Chrétien de Troyes (il n’y en a que deux : blanc et rouge) , mais
dans un texte gallois qui est le récit de Peredur. Cela constitue d’ailleurs un
véritable cliché dans la littérature celtique [41] .
    Mais voilà donc le Graal à Montréal-de-Sos, après avoir été
dans le château de Montségur, localisé là par le même Antonin Gadal ! Le
malheur, c’est que cette peinture n’est absolument pas cathare, ni templière, ni
même contemporaine de Chrétien de Troyes. Elle date sans doute du XVIII e  ou à la rigueur du XVII e  siècle. « Elle a très bien pu être
exécutée, à une époque relativement récente, par un sorcier de village ou par un berger méditatif, qui se serait inspiré tout simplement de
ce qu’il voyait à l’église : le drap mortuaire ,
par exemple, avec ses larmes d’argent ; ou de quelque

Weitere Kostenlose Bücher