Montségur et l'enigme cathare
a
toujours posé un problème. Il n’est pas le Fils de Dieu, ou s’il l’est, au
regard de certaines écoles cathares, Satan est un autre Fils de Dieu : tous
deux se partagent en quelque sorte le monde et sont les symboles de cette
bataille impitoyable qui se livre entre le Bien et le Mal.
La majorité des Cathares pensaient que Jésus était un Ange
venu « réveiller » les âmes endormies dans la Matière. Mais c’est là
qu’apparaissent des nuances d’appréciations : on en arrive à supposer l’existence
d’un second Christ. En effet, le Christ terrestre qui mourut en croix à
Jérusalem ne pouvait être que mauvais, et cette Marie-Madeleine qui apparaît
comme un personnage privilégié à ses côtés, était certainement sa concubine, ou
même sa femme. Le vrai Christ, lui, était né et avait été crucifié dans un
monde invisible, dans ce « monde supérieur » qui n’est pas encore le
Ciel pour les Cathares, mais le vrai champ de bataille où s’affrontent les deux
principes du Bien et du Mal [54] . Ainsi, le Christ
terrestre a mené une vie d’homme dans sa totalité, et il a pu avoir des
descendants. Que sont devenus ces descendants de Jésus et de Marie-Madeleine ?
Or, on sait que la vie réelle – et non édulcorée par les Évangiles – de Jésus-Christ pose certains problèmes.
D’abord, il n’est pas pensable qu’il ait été charpentier à Nazareth, cette
ville n’existant pas à son époque. C’est une légende venue du fait que Jésus
appartenait à la secte des Nazaréens. De plus, il n’est certainement pas né
dans une étable, ou dans une grotte : ce n’est qu’un lieu symbolique. Il n’était
pas pauvre, et appartenait, aux dires mêmes des Évangélistes officiels, à la
famille royale de David. Entre sa puberté et l’âge de trente ans, Jésus
disparaît : qu’a-t-il fait ? La façon dont il prêche montre
assurément qu’il a accompli des études. Auprès de qui ? Cela, c’est un
mystère. On l’appelle également rabbi , c’est-à-dire
« maître » au sens du latin « magister »
et non pas au sens de « dominus ». Or
ce titre était réservé à des « docteurs » en théologie qui devaient
être obligatoirement mariés. Du reste, le célibat était réprouvé pour tout
homme normal au temps même de Jésus dans la société juive. Cela sous-entend qu’il
devait être marié. Les Évangiles ont complètement gommé la sexualité de Jésus, après
avoir gommé celle de Marie. Mais qu’y avait-il donc de répréhensible dans un
mariage de Jésus ? On se le demande, d’autant plus que Jésus, toujours d’après
les Évangiles, n’a jamais condamné le mariage, à la différence de saint Paul, bien
au contraire.
Alors, quand on analyse certains épisodes de la vie de Jésus,
notamment les fameuses « Noces de Cana », on se pose des questions. Pourquoi
Jésus, lors de ces noces, se conduit-il en véritable maître de maison ? Est-ce
que par hasard ce ne serait pas lui le marié ? Et qui peut être bien sa
femme, sinon cette énigmatique Marie de Magdala à laquelle il apparaît en
premier, après sa résurrection ? Il y aurait beaucoup à dire sur le problème
de la Magdaléenne qui est visiblement amoureuse de lui, qui est une femme d’un
riche milieu social, probablement l’une de ses premières disciples, et non pas
la prostituée repentie dont on nous rebat les oreilles alors qu’il n’en est
même pas question dans les Évangiles [55] .
C’est sur ces observations et sur ces questions que se
greffe la tradition de la venue de Marie-Madeleine dans le Razès. Après la mort
de Jésus et les persécutions contre les Juifs (les chrétiens n’étant considérés
que comme une secte juive), elle aurait quitté la Palestine et abordé sur les
côtes occitanes, peut-être à Marseille, peut-être aux Saintes-Maries-de-la-Mer.
Elle se serait établie ensuite, avec ses enfants ,
soit sur la Sainte-Baume, où son culte est manifeste, soit dans le Razès, où
son culte est non moins important. Et ses enfants auraient fait souche, l’une
de ses descendantes épousant même un roi nordique, peut-être
Clodion le Chevelu , père de Mérovée. Ainsi, Mérovée, issu de deux pères,
c’est-à-dire ayant une double origine (le monstre marin symbolisant l’apport d’outre-mer,
l’ascendance juive), serait à la fois l’héritier des rois francs, magiciens et
thaumaturges, personnages sacrés païens , et de
la lignée de
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