Montségur et l'enigme cathare
une ascendance germanique (Clodion) et une ascendance étrangère (le
monstre aquatique), peut-être venue d’au-delà des mers. Comme les documents
historiques concernant les premiers Mérovingiens manquent totalement, on ne
peut rien ajouter. Mais il faut cependant insister sur certaines
caractéristiques de leur dynastie : ils n’étaient jamais sacrés (Clovis a
été baptisé à Reims, et non pas sacré) mais considérés rois dès l’âge de douze
ans ; ils refusaient obstinément de se couper les cheveux ; ils
passaient pour pratiquer la magie et posséder des pouvoirs surnaturels. Bref, bien
que les Mérovingiens aient été, pour la plupart, des tyrans sanguinaires et des
assassins sans scrupules, leur famille a bénéficié d’une réputation tout à fait
singulière, d’une véritable aura , ne disons
pas mystique, mais tout au moins « sacrée », dans un sens d’ailleurs
beaucoup plus païen que chrétien, la conversion de Clovis n’ayant constitué qu’un
acte politique habile, sans grande répercussion sur sa vie personnelle, ni d’ailleurs
sur celle de ses descendants.
Or, dans l’histoire embrouillée des descendants de Clovis, où
les différents rois s’entre-déchirèrent, apparaît la figure de Dagobert II,
lequel, après un exil en Grande-Bretagne, fut assassiné en décembre 679, sans
aucun doute sur l’ordre du maire du palais – un Carolingien celui-là – Pépin de
Heristal. Ce Dagobert II fut inhumé dans la chapelle royale de Saint-Rémy
à Stenay, dans les Ardennes, et, en 872, il fut canonisé par le pape, fait
exceptionnel en ce temps-là. Et le pouvoir passa aux mains d’une autre branche
mérovingienne, ceux que la postérité qualifie de « rois fainéants », qui
furent eux-mêmes les jouets des maires du palais carolingiens avant d’être
éliminés définitivement, en la personne de Childéric III, déposé par Pépin
le Bref en 751.
Dagobert II est donc, officiellement, le dernier
Mérovingien de la branche aînée. Il avait épousé en secondes noces Gisèle, la
fille du comte de Razès, Béra II. Mais c’est là que l’histoire rejoint la
légende : Dagobert II aurait eu un fils de ce mariage, lequel se
serait réfugié chez son grand-père et aurait fait souche, assurant ainsi la
permanence de la dynastie légitime mérovingienne. Le personnage de ce Sigebert IV
ne manque pas d’intriguer. Sa réalité historique est certaine, mais les preuves
formelles demeurent inexistantes, si l’on excepte les soi-disant parchemins
trouvés par l’abbé Saunière dans son église, et dont personne n’a vu les
originaux. Cela dit, il est plus que vraisemblable que cette tradition soit
authentique et que Sigebert IV devint comte de Razès lui-même. Parmi ses
lointains descendants, au XIII e siècle, on
peut alors citer les noms du comte de la Marche Hugues de Lusignan et de la
duchesse de Bretagne Alix, qui ont, à des titres divers, pris part aux luttes
féodales contre Blanche de Castille et Louis IX, en tant qu’alliés de Raymond VII
de Toulouse. Quoi qu’il en soit de cette histoire confuse, on ne peut que se
demander s’il n’existe pas, autour du « trésor » des Cathares, une
tentative de chantage concernant la légitimité de la dynastie régnante. Il convient,
pour compléter ce dossier délicat, de ne pas oublier l’étrange « affaire »
Nicolas Poussin, le tableau des Bergers d’Arcadie ,
les prétendus secrets détenus par le peintre et proposés par lui à Nicolas
Fouquet et la disgrâce de celui-ci. Tout cela irrite : on y sent la
présence d’un mystère, celui-ci provoquant d’ailleurs des suppositions qu’on
serait bien en peine de réfuter, un mystère qui ne peut guère être écarté d’emblée.
C’est d’autant plus étrange que la légende du saint Graal
elle-même comporte sa propre part de mystère, tant par la nature exacte de l’objet
sacré que l’on appelle Graal que par le contexte dans lequel se trouve présenté,
en particulier, tout ce qui concerne la lignée des gardiens du Graal. Si
Wolfram en fait des « Templiers », il ne faut pas prendre ce terme à
la lettre, même si les Templiers, répétons-le, ont conclu une alliance avec les
Cathares dont ils ont été très souvent les protecteurs, contrevenant ainsi aux
règles les plus élémentaires de la discipline à l’intérieur de l’Église romaine.
Tout se joue sur deux plans : le premier concerne la
réalité du saint Graal et les
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